« The agent provocateur » est le terme utilisé par le FBI pour désigner les personnes qui infiltrent des organisations dans le viseur de la justice dans le but de recueillir des informations, et parfois d’inciter leurs membres à commettre des actes qui justifieraient leur arrestation. Si le vocable tire son origine du français et des techniques d’infiltration utilisées par la monarchie, l’agent provocateur s’est adapté à plusieurs révolutions technologiques. Dernière en date, la blockchain.
Le FBI a révélé ce mercredi 9 octobre avoir en effet créé sa propre cryptomonnaie pour piéger des teneurs de marché suspectés de fraude, et démantelé une filière de « wash trading ». Le jeton NextFundAI (NEXF) a été lancé sur la blockchain Ethereum par les agents fédéraux américains, avant d’être présenté à des teneurs de marché suspectés de manipuler le cours des cryptos pour en gonfler artificiellement la valeur.
L’opération d’infiltration a conduit à la saisie de plus de 25 millions de dollars en cryptomonnaies, et plusieurs robots de trading responsables de transactions correspondant à du blanchiment d’argent pour environ 60 cryptomonnaies différentes ont été désactivés, ont déclaré les procureurs.
Robot de trading
L’enquête a débuté par une demande d’information de la SEC concernant une société de cryptomonnaies appelée Saitama, suspectée d’avoir fait appel à des teneurs de marché afin de manipuler le prix de son jeton pour faire grimper sa valeur jusqu’à 7,5 milliards de dollars, d’après les procureurs. Le FBI a cherché à entrer en contact avec ces teneurs de marché pour leur demander de faire appel à leur service, et faire gonfler artificiellement la valeur du jeton NextFundAI.
Les sociétés ZM Quant, CLS Global et MyTrade, ont mordu à l’hameçon et permis de remonter une filière de robot traders responsables de plusieurs millions de dollars de fausses transactions sur le marché crypto. Les autorités ont déclaré que le jeton avait été échangé, mais qu’elles l’avaient soigneusement surveillé pour minimiser le risque que des investisseurs particuliers puissent l’acheter avant de désactiver les échanges.
« Pump and dump »
Alors que les autorités se sont adaptées aux nouvelles technologies, les accusés, eux, avaient recours à une technique vieille comme la Bourse : « le wash trading ». « Le « wash trading » est depuis longtemps interdit sur les marchés financiers », a déclaré Joshua Levy, procureur fédéral par intérim du Massachusetts, dans un communiqué. Il s’agit de cas où une technologie innovante – la cryptomonnaie – a rencontré un stratagème vieux de plusieurs siècles : le « pump and dump ».
Le wash trading démarre avec de nombreux ordres d’achat et de vente de la même action ou cryptomonnaie pour augmenter artificiellement le volume des transactions. Vient alors le « pump » : en voyant le volume élevé, d’autres investisseurs commencent à acheter l’actif, ce qui fait monter le prix. Puis le « dump » : une fois que le prix a suffisamment augmenté, les manipulateurs vendent toutes leurs positions, ce qui fait chuter le prix et laisse les autres investisseurs avec des pertes.
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