Elles avaient fait du bruit au cours de la dernière décennie. Pourtant, elles résonnent aujourd’hui comme un lointain souvenir. Les enceintes intelligentes, ces petits gadgets connectés présents chez un quart des foyers américains, ont-elles encore un avenir dans nos maisons ?
Alexa, l’assistante vocale d’Amazon présente sur les enceintes Echo, fête ses dix ans ce mois-ci. Cet objet, vendu à plusieurs centaines de millions d’exemplaires à travers le monde, n’a pas rencontré le succès escompté par le géant de Seattle, qui n’a jamais dégagé de bénéfices sur cette gamme. Et ses concurrents, Google Home ou encore HomePod d’Apple, ne sont pas non plus parvenus à véritablement percer sur ce marché, Amazon restant encore, de loin, l’acteur dominant.
Si les chiffres de ventes sont tout de même impressionnants, ces enceintes très grand public – dont le prix se situe pour la plupart autour de 100 euros – n’ont pas atteint les objectifs initiaux : devenir un indispensable du quotidien du foyer et révolutionner l’usage de la voix. Les ventes continuent de décliner depuis la fin de la période Covid et l’irruption de l’inflation, avec une estimation autour de 87 millions d’unités vendues cette année, contre 107 millions l’année dernière, d’après les données d’IDC.

Des enceintes pas si intelligentes ?
« Elles sont plutôt utilisées comme une enceinte connectée que comme une enceinte intelligente, observe Frédéric Cavazza, consultant spécialisé dans les usages du numérique. Ces objets permettent finalement d’écouter de la musique, de connaître la météo, le tout avec une bonne qualité de son. Mais elles ne sont pas devenues un terminal de référence dans les usages. Il n’y en a qu’une seule par foyer, alors que le mobile, lui, est dans la poche de tous les membres de la famille, toute la journée. »
Ces enceintes sont arrivées aux prémices des assistants vocaux, il y a quinze ans. Les voix qui sortaient alors de ces petits objets n’étaient pas aussi fluides qu’aujourd’hui, et surtout, n’avaient pas la capacité de répondre aussi efficacement aux questions des utilisateurs. « Il fallait apprendre des commandes vocales, mémoriser des requêtes toutes faites. C’était beaucoup à l’époque », ajoute l’expert. Et face à des réponses moins performantes qu’espéré, les consommateurs ont fini par préférer les usages les plus basiques de l’enceinte.
« On est loin de la révolution au sein du foyer, explique Thomas Husson, analyste chez Forrester. La domotique reste une application de niche : peu de gens ont une maison connectée. On est plutôt autour de profils geeks, habitués des objets tech. Il y a aussi eu un effet ‘cadeau sous le sapin’ au début qui n’est plus à l’ordre du jour ». Des familles clientes, en somme, mais pas si avides d’utiliser ces produits. Apple travaille actuellement sur une tablette capable de contrôler les fonctions de la maison qui pourrait voir le jour en 2025, d’après Bloomberg.

Progrès de la voix
La donne pourrait néanmoins changer avec les progrès liés à l’intelligence artificielle générative. En tout état de cause, les vendeurs ont bien l’intention de profiter de leurs progrès sur le sujet pour explorer cette hypothèse.
Google va déployer Gemini, son modèle d’IA, dans ses enceintes intelligentes moyennant un abonnement de 8 dollars par mois. Amazon devrait lui aussi lancer un abonnement spécifique pour Echo. Un moyen de rentabiliser davantage les très coûteuses recherches de chacun sur l’IA générative et les produits connectés à la maison.

Peu de chances, toutefois, que cela suffise à relancer le marché. « Il suffira d’une mise à jour logicielle pour utiliser l’IA sur les enceintes connectées. Alors que pour les smartphones et les PC, c’est un nouvel argument de vente, puisqu’il faudra les renouveler pour accéder aux applications d’IA, note Frédéric Cavazza. Même s’il faut rendre à César ce qui est à César. Siri, lancé en 2011, et Alexa, en 2014, ont amené les prémices de l’IA dans les foyers ».

Joséphine Boone

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