Google sera-t-il forcé de vendre son navigateur ? Selon l’agence Bloomberg, c’est la solution que prônera le département de la Justice dans le procès qui l’oppose au géant californien. Les autorités américaines demanderont d’autres aménagements, dont l’obligation de partager davantage de données avec les annonceurs et la possibilité, pour les sites web, de contrôler l’utilisation qui est faite de leurs données par l’intelligence artificielle.
Cet été, un juge fédéral a conclu que Google avait fait obstacle à ses concurrents en payant 26 milliards de dollars à Apple, Samsung et d’autres afin d’installer par défaut son moteur de recherche sur les smartphones. Il s’agit d’une décision historique dans un procès qui a commencé sous l’administration Trump, avant de se poursuivre sous Joe Biden.
Mesures ambitieuses
D’autres solutions devraient être proposées par le DoJ, selon Bloomberg. Le juge pourrait, par exemple, forcer Google à vendre séparément son système d’opération Android d’une part, et d’autre part les fonctionnalités de recherche ainsi que l’accès à son magasin d’applications. En revanche, les autorités américaines s’abstiendraient de demander à Google de se séparer d’Android, une solution plus extrême, envisagée par certains experts.
D’autres demandes des autorités américaines portent sur « AI Overview », ce résumé généré par l’IA qui s’affiche parfois en réponse à une requête sur Google dans plus de 100 pays (mais pas dans l’Union européenne). Pour l’instant, il est difficile pour les sites web de refuser de livrer leurs données à Google pour cette fonctionnalité, de peur que leur site descende dans la liste de liens. Mais plusieurs d’entre eux se plaignent que cela réduit le nombre de clics sur leur site, et donc leurs revenus publicitaires.
Même si le juge ne reprend pas à son compte toutes ces mesures, ce procès devrait faire date dans l’histoire américaine. Il s’agit de la tentative la plus ambitieuse pour tenter de limiter le pouvoir des géants de la tech, depuis le procès contre Microsoft en 2001, qui avait échoué. Après la publication de l’article de Bloomberg, l’action Alphabet a perdu près de 1 % de sa valeur dans les échanges après la fermeture des marchés financiers.
61 % du marché
Chrome est le navigateur le plus populaire au monde. Aux Etats-Unis, il contrôle plus de 61 % du marché, selon Statcounter. Les autorités américaines veulent forcer Google à se séparer Chrome car il s’agit de la principale porte d’entrée pour l’utilisation de son moteur de recherche. Mais elles pourraient encore y renoncer si les autres solutions favorisent suffisamment la libre concurrence.
Google a déjà annoncé sa décision de faire appel. Lee-Anne Mulholland, la vice-présidente chargée des affaires publiques, a déclaré que le département de la Justice poursuivait un « agenda radical qui va bien au-delà des problèmes légaux que posent ce cas. » Elle ajoute que « le gouvernement, en pesant sur la balance de cette façon, allait nuire aux consommateurs, aux développeurs et au leadership technologique américain. »
Le juge, Amit Mehta, a prévu une audience de deux semaines en avril avant de décider de la sanction qui tombera sur Google. Il devrait rendre sa décision finale d’ici le mois d’août 2025.
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