La concurrence donne parfois naissance à des projets insoupçonnés. Après avoir lancé et revendu des start-up similaires dans la photographie, Antoine Le Conte (Cheerz) et Jérémy Charoy (Lalalab) se sont retrouvés autour d’un nouvel intérêt commun : le Climate Club, pour investir dans les greentechs. Et de préférence, à vocation industrielle ou « hardware ».
« Un logiciel ne va pas régler les problèmes, c’est un secteur qui nécessite de mettre les mains dans le cambouis, de faire de la R&D », estime Jérémy Charoy. De fait, la greentech est un écosystème plus technique et compliqué à analyser. Mais aussi plus risqué. « C’est la raison pour laquelle nous multiplions les investissements », poursuit l’investisseur, qui intervient néanmoins en pré-amorçage et amorçage, des étapes où l’aspect industriel est encore bien souvent un projet.

135 entrepreneurs
Le Climate Club est une société de capital-risque (SCR) non régulée par l’autorité des marchés financiers (AMF), avec un véhicule maximal de 8 millions d’euros. Au total, 135 entrepreneurs de la French Tech ont mis au pot, avec un ticket d’entrée de 50.000 euros. Parmi eux : Anne Sophie Pastel Dubanton (Au féminin), Guillaume Paoli (Aramis Auto), Bertrand Altmayer (Cityscoot), Julia Bijaoui (Frichti), Nicolas Cohen ( Ankorstore ), Francis Nappez ( BlablaCar ), Elsa Hermal (Epicery), Quentin Le Brouster ( Back Market )…
Le véhicule compte néanmoins seulement 15 % d’entrepreneuses. « Nous avons baissé le ticket d’entrée pour les femmes, mais nous avons beaucoup ramé », concède Antoine Le Conte. La plupart des entrepreneurs, tout comme les fondateurs du Climate Club, ne sont pas pour autant tous des spécialistes de la greentech et de l’industrie. Alors pour se former, ils comptent sur les expertises des quelques « outsiders » pour vérifier les dossiers. Mais aussi sur l’Impact Lab, un cabinet de conseil dans la transition écologique et sociale des entreprises.
Le Club n’indexe pas, en revanche, une partie du « carried » (plus-values de cession) sur les performances liées à l’impact des sociétés, comme le font les sociétés de gestion du secteur. « Nous n’avons pas la structure suffisante pour faire des business plans impact, ni de dépêcher un cabinet d’audit à ce sujet », estime Jérémy Charoy.

Multiplication des petites structures
La French Tech a vu éclore ces dernières années nombre de communautés d’investisseurs, dans tous les secteurs : Mozza angel, composée de spécialistes produits , les communautés de Roxanne Varza ( Station F ) ou de Paul Lê (La Belle Vie). Des structures facilitées par divers nouveaux outils, comme Roundtable, une plateforme qui permet de lancer une communauté d’investissements en quelques clics.
Avec environ 2,5 millions d’euros déployés depuis un an, le Club a déjà investi dans 25 start-up, parmi lesquelles : Beyond Aero (avion électrique, France) , Sirona Technologies (capture carbone, Belgique), Siren Hop (batteries, Etats-Unis), Tilt Energy (flexibilité électrique, France), Biomanity (biomimétisme, France)…

Environ 40 % des prises de participation ont eu lieu dans des projets hors de France. « On adore signer le premier chèque des start-up, pour les aider après à trouver leur investisseur principal », indique Antoine Le Conte. Dans le détail, chaque projet audité est ensuite soumis au vote des 135 entrepreneurs. Pour être accepté, il doit recueillir 75 % de « oui ». Sur 30 dossiers proposés, cinq ont été refusés.

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