« Chat échaudé craint l’eau froide ». Les 166 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont préféré prendre les devants. Ils ont reconduit, vendredi, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala , au poste de directrice générale de l’Organisation pour un second mandat de 4 ans bien avant le terme de son premier (30 août 2025).
Depuis plusieurs mois, dans les coulisses de l’institution en charge de la réglementation du commerce mondial, les délégués militaient pour une accélération du processus face à l’éventualité de la réélection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.

Le précédent de 2020
Mi-2020, à la surprise générale, le Brésilien Roberto Azevêdo avait annoncé qu’il quitterait dès la fin août son poste de directeur général de l’OMC avant la fin de son second mandat, nécessitant de trouver rapidement un successeur. Si, à l’époque, les préférences se portaient sur la candidate nigériane, Donald Trump, alors président avait soutenu un autre candidat, en l’occurrence la ministre sud-coréenne du Commerce Yoo Myung-hee .
Les décisions à l’OMC s’effectuant de manière consensuelle, il avait fallu alors attendre l’élection du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche pour débloquer le dossier au début de 2021. Joe Biden s’était rallié à la majorité et Ngozi Okonjo-Iweala avait obtenu le poste. Le retour de Donald Trump a donc précipité les choses.
L’objectif était d’« accélérer le processus parce qu’ils ne voulaient pas que l’équipe de Donald Trump mette son veto comme il y a quatre ans », a indiqué à l’AFP, l’ancien porte-parole de l’OMC, Keith Rockwell, aujourd’hui chercheur à la Fondation Hinrich. Le soutien apporté à son second mandat « n’est pas tant » dû au fait « que tout le monde aime Ngozi », commente une source proche des discussions, mais que les pays craignaient que l’administration Trump « ralentisse ensuite les choses ».

Vers une guerre commerciale
Le second mandat de la Nigériane ne sera pas des plus calme puisqu’il coïncidera avec la présidence de Donald Trump. Or, ce dernier s’apprête à se dédouaner un peu plus des règles du commerce mondial en instaurant de nouveaux droits de douane sur les importations américaines en provenance de Chine, du Canada, du Mexique et d’Europe.
La reconduction accélérée de Okonjo-Iweala à l’OMC va « créer des tensions dans les relations avec les Etats-Unis, c’est certain », explique Keith Rockwell. Face à la guerre commerciale mondiale qui s’annonce, Ngozi Okonjo-Iweala tentera de jouer les pompiers.
Lors de son discours suivant sa réélection, la directrice a rappelé les nombreux défis auxquels le monde fait face. Que ce soit la faible croissance, les pressions inflationnistes, les tensions géopolitiques, les conflits, les pandémies, le dérèglement climatique et les changements technologiques rapides centrés sur l’intelligence artificielle. « Plusieurs de ces défis mondiaux ne peuvent tout simplement pas être relevés par un seul pays », a-t-elle averti. Reste à convaincre Donald Trump.

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