C’est un record dans l’enseignement supérieur en France. La Fondation HEC vient de lever 213 millions d’euros, pour financer des aides aux étudiants et alimenter ses activités de recherche et d’enseignement supérieur. Le montant est à comparer aux 113 millions de la précédente campagne, clôturée en 2013.
Le résultat a été dévoilé mardi, lors d’une soirée avec les donateurs, parmi lesquels figurent des anciens élèves et des entreprises, mais aussi des fondations et des particuliers non diplômés d’HEC Paris – « une nouveauté », se félicite l’école.
6.000 donateurs
Le coup d’envoi de la campagne avait été donné en 2019, avec un objectif de 200 millions d’euros. En cinq ans, 6.000 donateurs se sont manifestés, le nombre de grands donateurs (plus de 1 million d’euros) a doublé, les dons en provenance de l’international ont augmenté (30 % du total) et les 53 entreprises mécènes représentent 40 % des dons.
Les 213 millions récoltés ont déjà été utilisés en grande partie, pour des bourses, pour la refonte des cursus et pour alimenter le fonds d’endowment (100 millions d’euros), dont les intérêts serviront à alimenter d’autres projets. « Hors endowment, 50 % des fonds ont été alloués aux programmes de diversité, d’égalité des chances et d’expérience étudiante, et 50 % à la recherche et à la pédagogie », précise Delphine Colson, déléguée générale de la Fondation HEC. « Il faut financer des bourses pour plus de diversité, témoigne un petit donateur. Le business et l’entre-soi, c’est nul, ça ne correspond pas à la vraie vie. »
Il est scandaleux que beaucoup d’universités et d’écoles en France soient subventionnées, et que HEC n’ait pas 1 euro [d’argent public].
Jean-Paul Agon, président du conseil d’administration de la Fondation HEC
Cette levée de fonds est surtout un moyen de « renforcer le modèle de financement autonome », souligne l’école. La fondation a « accru considérablement sa participation à la gouvernance du conseil d’administration » d’HEC, indique son président, Olivier Sevillia.
En août dernier, la Cour des comptes avait déjà relevé cette « montée rapide de la fondation au capital social de l’école », au vu de l’importance des financements apportés par cette voie. « Cette trajectoire a vocation à se poursuivre et à s’accompagner d’un rôle croissant de la fondation dans la gouvernance de l’établissement, aux côtés de la chambre de commerce et d’industrie qui restera actionnaire majoritaire », indiquaient les magistrats financiers.
La fondation en route pour monter au capital
Selon les statuts de l’école, la chambre de commerce et d’industrie ne peut détenir moins de 50 % du capital, mais la fondation peut y renforcer sa présence jusqu’à 34 % (contre 17,4 % aujourd’hui, selon « Challenges »). « On va continuer [sur cette voie], confie aux « Echos » Olivier Sevillia. On peut monter jusqu’à 34 % et on va le faire progressivement. » Dans l’entourage de l’école, certains jugent probable que ce niveau soit atteint dans les cinq prochaines années.
L’accélération de la montée de la fondation au capital pourrait venir du très gros projet immobilier en cours qui contraint HEC Paris à devoir lever des fonds pour le financer. Si la fondation détient 34 % du capital et que la chambre diminue sa part à 50 % – les statuts lui imposent de rester majoritaire -, « il reste une place pour un troisième actionnaire », glisse un fin connaisseur de l’enseignement supérieur. Pour le moment, « il n’y a personne d’autre que la fondation et la chambre de commerce », balaie Eloïc Peyrache, doyen et directeur général de l’école.
« Cela fait quelques années qu’il n’y a plus de subventions publiques ou parapubliques relevant de la collecte de taxes, insiste Olivier Sevillia. L’école doit s’autofinancer. Et la philanthropie devient un pilier de plus en plus important pour assurer le développement de l’école. » C’est un soutien « vital » et « existentiel » pour que l’école devienne « une marque mondiale », abonde Eloïc Peyrache. « Ces ressources sont le turbo éducatif, le turbo en matière de recherche, le turbo en matière d’égalité des chances, s’enthousiasme Jean-Paul Agon, président du conseil d’administration d’HEC Paris et lui-même grand donateur. L’argent des donateurs est devenu indispensable, c’est le kérosène de l’école. »
« Cette école n’est pas aidée »
Le président du conseil d’administration de L’Oréal juge « scandaleux que beaucoup d’universités et d’écoles en France soient subventionnées, que HEC n’ait pas 1 euro, et que la chambre – qu’on adore – ne donne pas non plus 1 euro ».
Pour financer des projets de recherche, Eloïc Peyrache verrait d’un bon oeil un système de « matching money », où l’Etat abonderait les sommes investies par HEC Paris. « Je ne demande pas d’argent public pour gérer le campus ni pour gérer HEC, confie-t-il. Mais nous avons l’un des meilleurs centres de recherche d’Europe en sciences sociales et en management, et la recherche, c’est un bien public. »
« Cette école n’est pas aidée, alors que c’est une école extraordinaire », déplore encore Jean-Paul Agon. En oubliant de mentionner que le gouvernement vient de confirmer à l’école qu’elle recevrait bien les 70 millions d’euros sur cinq ans, issus des fonds de France 2030, pour le centre d’intelligence artificielle Hi ! Paris qu’elle partage avec l’Institut polytechnique de Paris.
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