Etape symbolique dans l’Europe du rail. A partir de ce lundi matin, les Parisiens pourront pour la première fois rallier la capitale allemande, via une liaison ferroviaire directe à grande vitesse.
Un premier train va quitter la gare de l’Est, à Paris, à 9 h 55, pour arriver, si tout se passe bien, à Berlin à 18 h 03, après un peu plus de huit heures de trajet. En sens inverse, un train grande vitesse partira de Berlin à 11 h 54 pour arriver à Paris à 19 h 54.
La nouvelle liaison directe bénéficiera d’un train par jour dans chaque sens et desservira également les gares de Strasbourg, Francfort et Karlsruhe. Elle sera assurée par des ICE, les trains à grande vitesse allemands, et non par les TGV français. Chaque ICE proposera 444 sièges et réservera des sièges à bord à son partenaire français.
La coopération entre la SNCF et son alter ego allemand, Deutsche Bahn, prend donc une forme différente de ce qui existe aujourd’hui. Sur des destinations comme Francfort, les deux compagnies nationales alternent chaque jour leurs TGV et ICE au départ de Paris-Est.

Une première historique
« Pour la première fois de l’histoire ferroviaire entre les deux pays », les deux capitales Paris et Berlin « seront directement reliées de centre-ville à centre-ville, à grande vitesse », a expliqué la SNCF dans un communiqué.

« SNCF Voyageurs et Deutsche Bahn envoient un signal fort pour l’intégration de l’Europe par le rail », avait déclaré à l’automne Michael Peterson, le patron de l’activité voyageur grandes lignes de la SNCF allemande.

Le gain de temps s’avère toutefois modeste. Malgré une correspondance de 14 minutes, il est déjà possible de rallier Paris à Berlin en train grande vitesse en 8H10, même si cet horaire s’avère théorique.
La SNCF allemande, la Deutsche Bahn, et SNCF Voyageurs avaient annoncé cette nouvelle liaison directe en mai 2022, et visaient initialement un démarrage fin 2023. En septembre 2024, la date d’inauguration avait été finalement été fixée au 16 décembre.

Pourquoi le train ?
Pourquoi prendre le train plutôt que l’avion ? La SNCF et la Deutsche Bahn mettent en avant l’argument écologique et soulignent qu’un Paris-Berlin en train émet 2kg de dioxyde de carbone par passager, contre 200 kg pour un voyage en avion.

« Nous continuons à miser sur la collaboration afin de permettre des liaisons ferroviaires internationales plus nombreuses et de meilleure qualité. C’est la seule façon pour l’Europe d’atteindre ses objectifs climatiques », jugeait Michael Peterson, à l’automne.
Côté prix, SNCF Voyageurs et la Deutsche Bahn, la SNCF allemande, annoncent un prix d’entrée à 59,99 euros en seconde classe et 69,99 euros en première classe. Dans les faits, les prix varieront en fonction du taux de remplissage des trains. Pour un week-end à Berlin du 8 au 11 mai 2025, il fallait compter ce matin sur un billet à 100 euros l’aller et à 80 euros le retour.

Un voyage en avion reste à la fois nettement plus rapide et moins cher, avec un premier prix à 89 euros l’aller-retour. Mais il faut ensuite rallier le centre-ville, avec une liaison parfois laborieuse en France, de l’aéroport de Roissy.
En décembre 2023, Paris et Berlin avaient célébré la relance du train de nuit entre les deux capitales mais la liaison opérée par l’autrichien ÖBB avait ensuite suscité pas mal de critiques en matière de qualité. Elle avait été ensuite suspendue plusieurs mois pour travaux, entre les mois d’août et octobre, avant de reprendre dernièrement.
Si le train de nuit bénéficie d’un certain engouement de la part des clients, il reste peu rentable pour les compagnies ferroviaires. L’Etat français subventionne largement les lignes relancées : environ 10 millions d’euros par an pour la liaison vers Berlin, pour le tronçon jusqu’à la frontière allemande.

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