C’est une série de tweets qui n’est pas passée inaperçue. Le milliardaire américain Elon Musk est entré dans la campagne électorale allemande avec des déclarations chocs. « Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne », a-t-il écrit sur sa plateforme X, l’ex-Twitter sur laquelle l’entrepreneur peut se targuer d’avoir 208 millions d’abonnés, lui assurant une gigantesque caisse de résonance.
« Vous avez parfaitement raison », s’est empressée de réagir la coprésidente du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), Alice Weidel. Alors que des élections sont prévues pour le 23 février, l’AfD est créditée d’environ 19 % d’intentions de vote.
Reste que ce soutien à un parti d’extrême droite, dont les propositions ont été qualifiées «de bon sens» par Elon Musk, n’est pas sans poser de problèmes : il constitue une interférence étrangère, de la part d’un milliardaire non élu, dans une campagne déjà sous tension et un pays fracturé. A l’ancien commissaire européen Thierry Breton qui s’en inquiétait sur X ce week-end, Musk a répondu que si le Français ne parlait pas russe ou allemand aujourd’hui, c’était grâce à une «interférence étrangère américaine»…
Appel à la démission de Scholz
Quelques heures après l’attentat de Magdebourg, qui a coûté la vie à 5 personnes, Elon Musk est allé plus loin, attaquant directement le chancelier Olaf Scholz, qu’il a appelé à « démissionner immédiatement », en le traitant d’« incompétent » et d’« idiot ». En interpellant de cette façon le chef du gouvernement allemand à la veille d’élections, il est difficile de ne pas y voir une tentative de déstabilisation, venant, qui plus est, d’un homme qui a régulièrement des contacts téléphoniques avec le président russe Vladimir Poutine, selon le « Wall Street Journal ».
Ce n’est pas la première fois que l’homme d’affaires sud-africain, qui a vécu sous le régime de l’apartheid jusqu’à l’âge de 17 ans, s’immisce dans la vie politique d’Etats étrangers, en faisant avancer son agenda pro-extrême-droite.
Elon Musk, la personne la plus riche du monde et financier de la campagne de Donald Trump, l’a fait dans la politique britannique en attaquant le parti travailliste au pouvoir, et des rumeurs circulent sur une aide financière au parti d’extrême droite Reform UK , de Nigel Farage.
En Allemagne, le propriétaire de Tesla et de SpaceX est également un habitué des tweets provocateurs. Il a récemment insulté Angela Merkel, tout comme Olaf Scholz. « Olaf est un imbécile », avait-il écrit en allemand en novembre, en commentaire d’un post annonçant la chute de la coalition.
« Sur X, règne la liberté de pouvoir dire ce que l’on veut », s’était contenté de répondre le gouvernement allemand. Quelques jours plus tard, le chancelier avait concédé que la remarque n’était « pas très aimable » mais que comme les entreprises du secteur d’Internet n’étaient « pas des organes d’Etat », il « n’avait pas accordé d’attention » particulière à cette attaque.
Des intérêts en Allemagne
En septembre 2023, Elon Musk avait également jugé que le gouvernement allemand avait une politique « folle » en matière de réfugiés. « Si un gouvernement démocratique agit contre la volonté du peuple, il devrait être révoqué », avait-il tweeté.
Le milliardaire, q ui entend radicalement réformer le fonctionnement de l’Etat fédéral américain, ne se fixe visiblement aucune limite dans ses propos, alors qu’il est désormais un élément clé de l’équipe Trump bientôt au pouvoir. Et qu’il a des intérêts importants en Allemagne. En 2019, Elon Musk avait choisi le pays pour y construire sa seule usine en Europe. Située à Grünheide, près de Berlin , celle-ci emploie 12.000 salariés et dispose d’une capacité de production de 500.000 véhicules par an.
Le constructeur, qui occupe une superficie de 300 hectares, souhaite défricher une centaine d’hectares supplémentaires, afin de construire des entrepôts, une gare de marchandises et une crèche et porter la capacité de production du site à 1 million de voitures par an.
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