Est-ce en raison du changement de gouvernement ou parce que les chiffres ne sont pas reluisants ce trimestre ? La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ne s’est en tout cas pas accordée, cette fois-ci, la primeur de l’annonce de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre en France.
Selon les chiffres publiés par le Citepa ce vendredi, ces émissions affichent une (légère) augmentation trimestrielle, pour la première fois depuis 2021 (une année atypique, qui avait souffert d’un effet de base défavorable lié au Covid) : elles ont progressé de +0,5 % entre juillet et septembre 2024, par rapport à la même période de 2023.
Inversion de tendance
Sur les neuf premiers mois de l’année, qui augurent de la tendance annuelle, elles s’affichent certes toujours en baisse, à -2,4 %. Cette inversion de tendance trimestrielle n’en est pas moins hautement symbolique, au moment même où la lutte contre le réchauffement climatique semble être au dernier rang des priorités du nouveau Premier ministre, François Bayrou .
Pour que la France tienne les objectifs affichés dans sa nouvelle stratégie annuelle bas carbone (la SNBC 3 publiée début novembre), ses émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 4,7 % par an entre 2022 et 2030, rappelle le Citepa.
Si en 2023, la tendance semblait plutôt encourageante (-5,8 %, après -2,7 % en 2022), le ralentissement observé cette année est moins réjouissant. D’autant que les chiffres publiés ne tiennent compte ni des émissions liées aux produits importés, ni de la chute des puits de carbone (la forêt et les sols) censée compenser une partie de ces émissions.
De la même façon que les politiques publiques n’étaient que très partiellement responsables des bons résultats précédents, ce n’est pas non plus leur relâchement cette année qui explique la hausse du troisième trimestre. Une large part des évolutions des émissions reste conjoncturelle, liée à la météo ou à l’activité économique.
Vague de fraîcheur
C’est ainsi notamment dans le secteur du bâtiment que le retournement se fait sentir, avec une hausse de 11,8 % des émissions au troisième trimestre. Celle-ci est essentiellement due au chauffage dans les logements et les bureaux en septembre, fait valoir le Citepa. Un mois frappé par une vague de fraîcheur automnale inhabituelle.
Le transport routier a lui aussi vu ses émissions augmenter (+1,1 %), mais elles « se stabilisent à un niveau faible en comparaison des troisièmes trimestres de 2019 à 2022 », relève également l’organisme indépendant.
Parallèlement, les émissions liées à la production d’électricité ont continué à baisser (-12,9 %), car le retour de la disponibilité des centrales nucléaires a permis un moindre recours aux énergies fossiles (6 % du mix au troisième trimestre contre 14 % l’an dernier). Et celles de l’industrie manufacturière ont aussi poursuivi leur baisse, mais celle-ci s’est ralentie (-1,3 %).
Ce mauvais chiffre trimestriel provoquera-t-il un sursaut au sein de l’Etat, pour donner une nouvelle impulsion à la lutte contre le réchauffement climatique ? « Grâce aux efforts accomplis ces deux dernières années, nous n’avons pas pris de retard. Mais il ne faut pas baisser la garde, a commenté Agnès Pannier-Runacher après la publication des chiffres, vendredi matin sur RTL. Le dérèglement climatique est là, il menace nos emplois et nos maisons et il faut agir ! Tous ceux qui disent qu’il faut ralentir mettent en danger les Françaises et les Français. »
Même si le nouveau ministre de l’Economie, Eric Lombard, a insisté sur « l’urgence écologique » lors de sa passation de pouvoirs, lundi soir, il n’est pas certain que le contexte politique et l’urgence budgétaire soient propices à un virage ambitieux dans ce domaine.
Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr
Leave A Comment