Parmi les surprises du gouvernement Bayrou figure la nomination d’ Eric Lombard , le discret patron de la Caisse des Dépôts qui, un temps pressenti à Matignon, aura finalement la charge d’un ministère de l’Economie et des Finances dans sa version élargie, à l’instar de celui piloté par Bruno Le Maire.

Fidèle à sa tempérance habituelle, ce banquier de 66 ans, connu pour garder son calme en toutes circonstances, s’en est tenu à un constat clinique lors de la passation de pouvoirs avec l’éphémère ministre de l’Economie, Antoine Armand, lundi soir à Bercy. « La situation politique est difficile, la situation internationale est dangereuse et la conjoncture économique est fragile. Je vais peut-être vous surprendre, mais c’est précisément pour ces raisons que je suis prêt à m’engager, à relever le défi », a-t-il indiqué.

Deux mandats à la tête de la CDC
Reconduit par Emmanuel Macron pour un second mandat à la tête de la Caisse des Dépôts en janvier 2023 – une première dans l’histoire de cette vénérable institution chargée depuis 1816 de mobiliser l’épargne que les Français placent sur leur Livret A – Eric Lombard risquait d’être empêché d’aller au terme de son mandat, à cause de la limite d’âge fixée à 68 ans.
Récemment, certains s’étaient fait l’écho de son ambition politique. S’il était appelé pour devenir ministre, il ne dirait pas «non » confiait-il aux « Echos » dès avril 2022, précisant chercher davantage « l’action que la visibilité ». La dissolution, la censure et le désordre politique ne l’ont visiblement pas découragé.
Eprouvé aux missions délicates, Eric Lombard qui se dit lui-même « passionné de comptabilité analytique et de la lecture de bilan d’entreprises » – que son grand-père lui a appris à décoder – a passé près de trente ans chez Paribas devenu BNP Paribas. En tant que banquier d’affaires notamment puis en tant que PDG de BNP Paribas Cardif. En 2013, il a pris la direction de l’assureur italien Generali en France, avant de rejoindre la Caisse des Dépôts en 2017.
Des fonctions qui, hasard de l’histoire, l’ont amené le 11 septembre 2001, en bas des tours du Wall Trade Center à New York pour y signer le rachat de la banque d’affaires américaine Keefe Bruyette par BNP Paribas. Un changement d’agenda de dernière minute, lui a miraculeusement permis d’échapper au pire. « Le président de la banque Keefe Bruyette m’a appelé pour me dire qu’il devait emmener son fils à l’école, et décaler le rendez-vous à 9 heures », a raconté l’intéressé dans un podcast sur Radio Classique.

Force tranquille, Eric Lombard est « un grand professionnel de la finance, un très bon manager qui s’intéresse depuis longtemps à la chose publique. En 1989, il a pris une année sabbatique chez BNP Paribas pour rejoindre le porte-parolat de Michel Rocard », se rappelle Bernard Spitz, l’ancien président de la Fédération française de l’assurance. Il estime que dans la tempête budgétaire actuelle il est « l’un des rares » à pouvoir rassurer les marchés.

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