Le match entre OpenAI et la dernière start-up d’Elon Musk bat son plein. Après des semaines de rumeurs, xAI a bel et bien décidé de rendre gratuite l’utilisation de son chatbot Grok pour les plus de 600 millions d’utilisateurs du réseau social X. Jusqu’ici, cette intelligence artificielle sans filtre en comparaison du ChatGPT de son concurrent n’étaient disponible que pour 1 à 3 millions d’abonnés payants de la plateforme également détenue par le milliardaire, tout comme Tesla et SpaceX.
« Comme toujours, les utilisateurs Premium et Premium + bénéficient de limites d’utilisation plus élevées et seront les premiers à accéder aux nouvelles fonctionnalités à venir », précise l’entreprise sur son blog. « Essayez Grok pour répondre à n’importe quelle question, créer n’importe quelle image et analyser n’importe quelle image, même les scanners médicaux ! » a lancé Elon Musk en relayant l’annonce sur son propre compte X, suivi par plus de 200 millions de personnes.
Mensonge et théorie du complot
Cette ouverture du plus polémique des chatbots inquiète les défenseurs d’une information fiable et vérifiée. D’abord présenté sous le nom de « TruthGPT » par Elon Musk, Grok s’est déjà fait, moins d’un an après son lancement, une triste réputation.
Conçu pour dépasser les limites du politiquement correct, il est entraîné à répondre en tenant compte d’une base de données piochée sur le Web mais aussi dans les messages publiés à tout instant sur X. Or, à croire plusieurs études, la très modeste modération sur X trouble les réponses du chatbot.
« Parmi les contenus mis en avant par Grok, on trouve des messages promouvant des théories du complot avant que nous ne le demandions, comme l’affirmation que l’élection de 2020 était frauduleuse et que la CIA avait assassiné John F. Kennedy », notait par exemple une étude publiée fin août 2024 par l’ONG Global Witness.
De même, l’administration électorale américaine s’était inquiétée cet été quand le chatbot répondait qu’il était réglementairement trop tard pour qu’un autre candidat démocrate puisse remplacer Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche. La participation au pied levé de Kamala Harris a démontré l’inverse.
Contre-attaque d’OpenAI
Mais pour Elon Musk, la liberté d’expression absolue de Grok est justement ce qui va lui permettre de se différencier de ses concurrents plus policés, tels ChatGPT et Google Gemini. Cofondateur d’OpenAI, le milliardaire attaque sur tous les fronts l’entreprise. Il l’avait quittée en 2018 alors que le laboratoire né comme une structure à but non lucratif entamait une démarche plus commerciale et se rapprochait de Microsoft.
Sur le front judiciaire, OpenAI vient d’ailleurs de répondre à la longue plainte du milliardaire qui s’estime floué par ce changement de pied stratégique passé. Tout en demandant à la juge californienne Yvonne Gonzalez Rogers de rejeter la plainte d’Elon Musk, l’entreprise de Sam Altman assure, messages à l’appui, que le milliardaire avait soutenu cette orientation vers les profits. Jusqu’à ce qu’il échoue à convaincre ses associés qu’il devait, lui-même, être actionnaire majoritaire et directeur général…
Meta se rallie à la cause d’Elon Musk
Mais Elon Musk vient par ailleurs de gagner un soutien de poids. D’après le « Wall Street Journal », Meta, la maison mère de Facebook, d’Instagram et de WhatsApp, également dans la course au développement des meilleurs modèles d’intelligence artificielle, a adressé au procureur de Californie une lettre lui enjoignant de bloquer le nouveau pas d’OpenAI vers un statut d’entreprise à part entière.
Alors qu’OpenAI entend désormais devenir officiellement une entreprise à but lucratif, Meta estime qu’autoriser cette transition créerait un dangereux précédent : les start-up pourraient s’estimer en droit de bénéficier des avantages, notamment fiscaux, du statut d’entreprise à but non lucratif jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à devenir rentables. Meta espère surtout que son concurrent conserve le plus longtemps possible les contraintes liées à son statut actuel. Il fallait bien OpenAI pour qu’Elon Musk et Mark Zuckerberg oublient leurs idées de combat à mains nues l’un contre l’autre.
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