Où s’arrêtera la folie de l’intelligence artificielle ? Databricks, spécialiste américain du logiciel de traitement des données, vient d’annoncer un tour de table record à près de 10 milliards de dollars. Soit la plus grosse levée de fonds jamais vue – la précédente était celle de la pépite OpenAI en octobre, à 6,6 milliards de dollars.
Cette opération valorise l’entreprise dirigée par Ali Ghodsi, un informaticien irano-suédois, à 62 milliards de dollars, près de 20 milliards de plus qu’il y a un an et demi. La transaction a été menée par Thrive Capital, qui aurait acquis une participation d’environ un milliard de dollars dans l’entreprise, d’après Bloomberg, accompagné d’Andreessen Horowitz, DST Global, GIC, Insight Partners et WCM.

« Ces fonds seront investis dans de nouveaux produits d’IA, des acquisitions, et l’expansion des opérations à l’international. En plus de financer sa croissance, ce capital servira à fournir des liquidités aux collaborateurs, actuels et anciens », a annoncé mardi l’entreprise, qui revendique une croissance de 60 % sur un an.

Un concours de Netflix
Comme tout bon élève de la Silicon Valley, Databricks a lui aussi sa légende. L’entreprise est née en 2013 à San Francisco, du fruit de la collaboration de six étudiants en doctorat à Berkeley. A l’époque, ils tentent leur chance à un concours organisé par un certain Netflix – dont la notoriété commence tout juste à résonner à dépasser les frontières américaines – pour optimiser le moteur de recommandation des contenus sur la plateforme.
Onze ans après, les fondateurs sont encore à la tête de cette organisation qui emploie désormais 7.000 personnes et compte parmi ses clients de grandes entreprises comme Toyota, Astra Zeneca, Credit Suisse ou Michelin.
Comme de nombreux acteurs du big data et du cloud, Databricks reste peu connue du grand public. Et pour cause, son métier consiste dans l’optimisation des données des entreprises, une activité par essence peu visible en dehors des directions informatiques. Mais c’était avant l’explosion de l’intérêt pour l’IA générative ces deux dernières années.
Concrètement, Databricks structure les données de ses clients, y accole une couche logicielle (une plateforme de gestion des données) ainsi que des fonctionnalités d’IA, permettant à n’importe quel employé d’utiliser les montagnes de données que possèdent les entreprises.

« Pour faire de la bonne IA générative, il faut de la bonne data », explique Guillaume Brandenburg, directeur général France de Databricks. La philosophie de l’entreprise réside aujourd’hui dans l’usage de petits modèles d’IA, qui permettent d’interroger des données structurées avec un coût nettement inférieur à celui des grands modèles de langages (LLM).

Elle a notamment racheté en 2022 la pépite d’IA générative MosaicML pour 1,3 milliard de dollars, avant de créer son propre grand modèle, DBRX, pour seulement 10 millions de dollars. Bien loin des centaines de millions de dollars investis pour développer les LLM les plus célèbres.

Croissance insolente
Le marché est particulièrement porteur. Databricks vise un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars cette année et un flux de trésorerie positif pour la première fois au 31 janvier 2025. En France, le spécialiste de la data affiche une insolente croissance de 70 %.

« Nous sommes en position pour devenir numéro un du secteur », martèle Guillaume Brandenburg, qui veut croire que dans la course à l’IA, les gagnants seront bel et bien les fournisseurs de logiciel. Pour de nombreux observateurs, cette levée de fonds XXL pourrait être l’ultime étape avant une éventuelle introduction en Bourse. L’un de ses principaux concurrents, le franco-américain Snowflake, est actuellement valorisé 56 milliards de dollars à Wall Street.

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