« Un bon équilibre vie professionnelle-vie personnelle, des perspectives de carrière intéressantes, un cadre de vie agréable, un niveau de vie et des salaires plus élevés. Voilà ce que j’imagine trouver en Suisse quand je m’y installe en 2019.
A ce moment-là, j’effectue mon stage de fin d’études dans une usine de Nespresso, une entreprise suisse qui dénombre plus de 14.000 salariés à travers le monde et qui appartient au groupe suisse Nestlé. C’est à Orbe, une petite ville dans le canton francophone de Vaud, à 20 kilomètres de la frontière avec la France, que je suis envoyé. Le site historique du groupe où sont fabriquées les fameuses capsules en aluminium.
Une fois mon stage terminé, je suis officiellement titulaire d’un double diplôme à l’Ecole nationale supérieure de mécanique et des microtechniques de Besançon et à la Burgundy School of Business, une école de commerce basée à Dijon. Je suis recruté dans la foulée chez Nespresso en tant qu’ingénieur qualité. Cette fois-ci, j’exerce dans une usine à Romont, dans le canton de Fribourg, pas loin de la France.

Un rythme plus matinal
Bien que la France ne soit qu’à deux pas et que j’exerce dans un territoire francophone, je ressens dès mes premiers jours en Suisse une différence dans la culture de travail. Ici, la notion de mérite est plus marquée et les salariés ont plus de marge de manoeuvre, de liberté pour exercer leurs fonctions.
Ce qui me frappe aussi, c’est que tous les salariés badgent en arrivant et en partant du travail, même les cadres. Au départ, je trouve ça un peu curieux. En France, les cadres ne sont pas assujettis à ces contraintes. Mais au fur et à mesure, je comprends que cela a un intérêt : cela permet de ne pas s’attarder au travail comme on pourrait le faire dans l’Hexagone.
Autre différence : le rythme est plus matinal. Les magasins ouvrent à 7 h 30 en moyenne, contre 9 heures en France. Au travail, je commence à 7 h 30, pour finir vers 17 heures ou 18 heures. Je me plais avec ce rythme, qui me permet d’avoir facilement des activités le soir, chose qui serait moins envisageable avec un poste équivalent en France. Le midi, je déjeune au restaurant d’entreprise à prix très raisonnable.

Moins de hiérarchie
Ici, le management est assez horizontal et moins hiérarchique que ce que j’ai connu durant mes expériences françaises. Que l’on soit opérateur ou à la tête d’une usine, tout le monde est accessible et peut exprimer son opinion. D’ailleurs, on porte tous la même tenue avec un pantalon et un polo. Même le directeur d’usine !
On essaye d’impliquer dans la prise de décision les personnes qui seront concernées par celle-ci. Le management est basé sur l’échange, l’écoute et la consultation plutôt que sur la prise de décision individuelle.
Tout peut être dit, on ne cherche pas à éviter le conflit. En revanche, on essaie d’amener les choses de la manière la plus neutre et factuelle possible. Les échanges se font dans le calme, on essaie au maximum de ne pas tomber dans l’émotion.

Epargner davantage
Quand on pense à la Suisse, on pense aussi à la ponctualité, à la rigueur et à la précision. Après cinq ans dans le pays, je ne peux que confirmer ! Et cela vaut aussi bien dans les sphères professionnelles que personnelles.
En France, la Suisse est réputée pour ses salaires élevés. En m’installant ici, je m’attendais à augmenter mon niveau de vie. Ce fut le cas. Dans les cantons où un salaire minimum a été mis en place, celui-ci est minimum de 19,75 francs suisses bruts par heure (d’après le portail des autorités suisse, NDLR), soit environ 21,05 euros, versus 11,88 euros bruts en France. Effectivement, certaines dépenses du quotidien sont plus importantes (les loyers, abonnement téléphonique, …) mais dans l’ensemble, j’ai gagné en pouvoir d’achat et cela me permet d’épargner des sommes plus importantes qu’en France.

 
Depuis mon arrivée chez Nespresso, j’ai exercé cinq postes différents à Orbe et à Romont en un peu plus de cinq ans. Une évolution qui s’inscrit sur une période dans laquelle j’ai développé mes compétences et suis monté en grade. Dans mon entourage en France, j’ai vu peu de gens qui avaient ce genre de parcours. Je considère que c’est une opportunité qui, bien que ce ne soit pas la norme, a été rendue possible grâce à cet environnement de vie et cette entreprise.
Ici, le taux de chômage est bas (4,7 % de la population active au 3e trimestre 2024, contre 7,2 % en France métropolitaine, NDLR). Si jamais je me retrouve à devoir quitter Nestlé, je ne suis pas préoccupé car compte tenu de la conjoncture actuelle du marché suisse, je devrais pouvoir retrouver un emploi sans trop de difficulté.
Originaire de Toulouse, le seuls points noirs que je vois ici sont peut-être le climat plus frais que mon Sud-ouest natal, et le fait que les commerces ferment tôt, notamment le samedi. Mais c’est aussi ce qui permet aux employés de ces secteurs d’avoir un bon équilibre vie pro-vie perso…

Je me projette en Suisse où je trouve un environnement sain et paisible, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel. On se sent en sécurité et confiant pour l’avenir. Les Suisses se distinguent par leur calme et leur respect. Ici, je bénéficie d’une qualité de vie globale qui me semble inaccessible en France. »

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