C’est un pavé dans la mare jeté de l’espace. Alors que les opérateurs télécoms s’affairent à rétablir leurs infrastructures à Mayotte, après le passage du cyclone Chido il y a deux semaines, le nouveau Premier ministre a annoncé le recours aux satellites de Starlink.
En déplacement à Mamoudzou le 30 décembre pour y présenter son plan « Mayotte debout », François Bayrou a formulé plusieurs propositions contenant des mesures d’urgence et des engagements à plus long terme. Sur le second volet, le locataire de Matignon a promis le déploiement d’une « solution 5G » d’ici à la fin du mois de juin 2025 et « 50 millions d’euros sur deux ans » pour installer la fibre optique.

« Nous sommes heurtés »
Mais à court terme, « pour assurer les communications en urgence », François Bayrou a annoncé le déploiement de 200 antennes Starlink. Vendues 350 euros, elles permettent de se connecter rapidement à la constellation de satellites d’Elon Musk.
L’annonce a choqué les opérateurs, comme Orange, qui annonçait le même jour avoir reconnecté 78 % de ses abonnés mobile à Mayotte. « Nous sommes heurtés par une communication du gouvernement qui axe ses annonces sur du wi-fi provisoire by Starlink, pourtant bien moins couvrant et performant qu’un réseau mobile », a réagi aussitôt Laurentino Lavezzi, le directeur des affaires publiques d’Orange, sur X.

Souveraineté numérique
L’opérateur historique s’inquiète en sus que le peu de générateurs électriques disponibles sur place soient désormais disputés avec Starlink pour ses 200 antennes. S’il reconnaît que l’enjeu est de parer à l’urgence, Orange s’interroge sur la « rationalité économique » du recours aux antennes américaines, ainsi que sur la « souveraineté numérique ».
SFR, de son côté, qui est revenu à 85 % de couverture, estime que le satellite « reste une solution temporaire pour les zones inaccessibles » et rappelle l’importance de rétablir le réseau électrique. Le deuxième opérateur de l’archipel utilise d’ailleurs déjà du Starlink comme relais.

« Nous avons été surpris par cette décision car l’électricité disponible doit être priorisée pour les antennes mobiles », indique Nicolas Thomas, directeur général de Free (présent avec Only à Mayotte), revenu à 85 % de couverture « de la population rétablie ».

A peine reconduit dans ses fonctions, le ministre chargé de l’Industrie et de l’Energie, Marc Ferracci, a tenté de calmer le jeu sur le réseau social X. « Les opérateurs télécoms sont à pied d’oeuvre » et « beaucoup a déjà été fait, grâce à l’engagement sans faille des salariés présents sur place ou dépêchés depuis d’autres départements », a-t-il indiqué, ajoutant en outre que « l’octroi de nouvelles fréquences » à Mayotte était à l’étude.

Le mobile au coeur de la reconstruction
Tout n’est en effet pas noir pour les opérateurs dans les annonces de François Bayrou. Ainsi Orange indique fonder « quelques espoirs » sur le projet de loi Mayotte qui doit simplifier les procédures d’autorisation (au titre du code de l’urbanisme) sur les antennes mobiles, et alléger la charge fiscale (« IFER ») qui pèse sur ces infrastructures. Car en attendant le fibrage, le réseau mobile supportera l’essentiel des connexions.

Pour rappel, après le passage du cyclone, environ 90 % des réseaux télécoms (fixe et mobile) n’étaient plus opérationnels à Mayotte, en raison de la chute des poteaux et antennes et des coupures d’électricité.

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