Monthly Archives: December 2024

Fraude : comment les réseaux sociaux sont devenus la bête noire des assureurs

Des kits d'arnaque à l'assurance à partir d'une dizaine d'euros : cela ne se passe pas sur le dark web, mais sur Snapchat, Telegram ou WhatsApp. Ces dernières années, les réseaux sociaux sont devenus le terrain de chasse favori des escrocs. On s'y procure des tutoriels pour monter de toutes pièces une fraude à la réparation de pare-brise, ou de fausses factures de soins dentaires et auditifs en vue d'obtenir des remboursements indus. En 2023, les montants fraudés identifiés par l'Agence de lutte contre la fraude à l'assurance (ALFA) ont augmenté de 18,4 %, pour atteindre 695 millions d'euros. S'il est difficile de déterminer quelle part est liée à ces activités en ligne, l'ALFA constatait dans son rapport annuel une « nette tendance » à l'utilisation des réseaux sociaux pour l'échange de documents frauduleux sur le segment Incendies, accidents et risques divers (IARD). Le phénomène implique des particuliers comme des professionnels. « Ça a explosé avec le Covid. Lorsque tout le monde s'est retrouvé chez soi, les fraudeurs se sont adaptés. On ne peut pas cerner précisément l'ampleur, car les escrocs changent de plateformes : ils peuvent appâter sur Facebook marketplace, puis passer sur Snapchat, c'est ainsi plus compliqué à tracer », explique Maxence Bizien, directeur général de l'ALFA. Réseaux organisés L'association, qui compte plus de 340 adhérents, a mis à leur disposition des modèles de courriers types pour les aider à réclamer la fermeture des comptes d'escrocs sévissant sur ces sites. Mais la coopération avec les géants du web est loin d'être évidente. « Ces plateformes sont souvent à l'étranger. Quand on voit que Telegram ne répond pas aux demandes d'information des autorités françaises, vous vous doutez qu'ils ne coopèrent pas plus avec le secteur privé », poursuit Maxence Bizien. Ces espaces virtuels ne favorisent pas uniquement la mise en circulation de documents frauduleux : ils facilitent aussi la coordination des faussaires, qui tendent à se professionnaliser et à agir sous forme de réseaux finement organisés. Ils peuvent, du reste, encourager le passage à l'acte chez des personnes qui n'auraient pas eu spontanément l'idée de frauder. Maxence Bizien évoque notamment le cas de jeunes internautes approchés par des professionnels de l'arnaque pleins de promesses d'argent facile, qui réclament dans la majorité des cas leur part du gâteau. « Toute la journée les utilisateurs peuvent y être confrontés. Il faut faire de la prévention sur TikTok, Snapchat, Telegram, là où ça se passe, là où sont les fraudeurs », plaide-t-il. LIRE AUSSI : Fraude : le gouvernement prêt à renforcer la coopération entre l'Assurance Maladie et les mutuelles Opinion | Les défis des assureurs pour 2025 « L'usage des réseaux sociaux est présent dans moins de 10 % des fraudes avérées que nous détectons, mais il est en forte croissance. Il y a encore quelques années, ces pratiques n'existaient pas », note Marc de Beaucorps, PDG de Finovox, éditeur de solutions de lutte contre la fraude documentaire. Alors que le numérique s'impose comme un vecteur de fraude, il la rend aussi plus difficile à déceler. Les escrocs intègrent progressivement l'intelligence artificielle (IA) générative à leur arsenal, qui leur permet notamment de générer des documents très crédibles. « Les méthodes sont tellement variées, les fraudeurs évoluent constamment, donc on est forcément en retard par définition. C'est la lance et le bouclier », formule Marc de Beaucorps. Combattre à armes égales Les assureurs sont dès lors incités à se doter de techniques de détection toujours plus sophistiquées s'ils veulent combattre à armes égales. « Nous intégrons l'IA à travers des algorithmes qui permettent de détecter des schémas anormaux. Ce sont des outils extrêmement puissants », soulignait Nicolas Gomart, directeur général de la Matmut, lors d'une conférence récemment organisée par la fédération France Assureurs. Aucun dispositif n'est toutefois infaillible lorsqu'il s'agit de détecter une fraude documentaire, rappelle Maxence Bizien. « Sur un document 100 % digital, c'est assez facile de savoir s'il y a eu modification. Mais si vous le modifiez puis vous le scannez, cela devient indétectable ». Face à ce constat, la profession prône la numérisation d'un certain nombre de documents, comme les ordonnances ou les arrêts de travail, afin de les rendre entièrement traçables et infalsifiables. Les faux vendus par des escrocs sur Snapchat, Telegram et consorts seraient ainsi rendus obsolètes. « Cela va monter massivement en charge chez les médecins », prédit Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance maladie, qui supporte une partie du coût de la fraude en santé. « On investit à la source, pour fermer des points de fuite. »

By |2024-12-28T22:41:35+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Comment Elon Musk constitue son commando anti-bureaucratie

Le « Département de l'efficacité gouvernementale » (Doge) est encore un mystère. Cet ovni en marge du futur gouvernement américain n'a pas encore de forme juridique, pas de budget, et pas de mandat jusqu'à l'intronisation du nouveau président, le 20 janvier. Mais l'initiateur et le patron du Doge, Elon Musk, a déjà commencé les grandes manoeuvres pour réduire les dépenses et la bureaucratie fédérale à partir de l'année prochaine, comme l'illustre son activisme sur le vote budgétaire de fin d'année. L'homme le plus riche du monde codirigera la nouvelle entité avec l'entrepreneur des biotechs Vivek Ramaswamy. Son objectif : couper 2.000 milliards de dollars de dépenses fédérales. Il n'a pas précisé s'il visait un montant annuel en 2035 (les programmes budgétaires sont souvent annoncés sur dix ans aux Etats-Unis), à l'été 2026 (date de dissolution programmée du Doge), ou un cumul d'économies sur quatre ans de mandat Trump. Dans une tribune au « Wall Street Journal » , les deux hommes ont expliqué qu'ils voulaient avant tout réduire la taille de l'administration fédérale, car ils jugent « antidémocratique » que des fonctionnaires non-élus fixent les règles. LIRE AUSSI : Réduire le déficit américain, la mission impossible d'Elon Musk De Tesla à la Maison-Blanche : la méthode infernale de Musk pour chasser les coûts En tout cas, le Doge a commencé à monter son équipe de fantassins « révolutionnaires », à fort QI et « prêts à travailler plus de 80 heures par semaine », selon le voeu d'Elon Musk. L'entrepreneur en série a demandé à Steve Davis, un lieutenant de son groupe tunnelier The Boring Company, de mener les recrutements, avec Michael Kratsios, l'ex-directeur technologique de la première administration Trump. Ils auraient déjà recruté dix personnes et ils cherchent des ingénieurs logiciels avec une expérience dans l'intelligence artificielle, selon Bloomberg . Elon Musk ouvre son carnet d'adresses Ingénieur en aéronautique, Steve Davis a débuté dans une autre entreprise d'Elon Musk, SpaceX, en 2003. Il a officié à Washington, avec la réputation de travailler seize heures par jour. En 2016, il a été nommé patron de la start-up Boring Co. En parallèle, en 2022, le milliardaire l'a appelé à la rescousse pour faire le ménage chez Twitter, devenu X. Steve Davis y a pris ses quartiers. La prise de contrôle s'est soldée par le licenciement de 80 % des effectifs. L'employé dévoué a ensuite participé à la campagne électorale de Donald Trump au sein du comité d'action politique (super PAC) d'Elon Musk. Par ailleurs, Elon Musk a ouvert son carnet d'adresses dans le monde de la tech pour monter le Doge. Le fameux capital-risqueur Marc Andreessen a accepté d'aider à identifier les candidats et à faire passer les entretiens d'embauche. Le cofondateur de Palantir Joe Lonsdale, le gérant de hedge fund Bill Ackman, l'ex-patron d'Uber Travis Kalanick, l'ex-dirigeant de Tesla Antonio Gracias ont été consultés, a révélé le « Washington Post » . Pour l'instant, l'embryon de Doge est hébergé dans les locaux de SpaceX à Washington. Elon Musk et Vivek Ramaswamy réfléchissent à un statut juridique et aux sources de financement appropriées, sachant que l'argent n'est vraiment pas un problème pour celui qui a dépensé 240 millions de dollars dans le super PAC. Si le Doge est une association caritative, il faudra recueillir des donations diversifiées et rendre des comptes. Avec un comité consultatif fédéral, le financement par l'impôt oblige à respecter des règles de transparence. Licenciements massifs d'employés fédéraux En tout cas, l'opération « réduire la taille du gouvernement fédéral » a déjà commencé. Elon Musk ne s'est pas contenté de saborder le budget initial présenté par le speaker républicain Mike Johnson. Il a fait chanter les élus réfractaires en les menaçant de leur faire perdre leur prochaine élection et plaidé pour un « shutdown » plutôt que de voter les dépenses voulues par les démocrates. Son comparse et lui ont monté une boucle de discussion sur leur smartphone avec Mike Johnson. LIRE AUSSI : Etats-Unis : la Chambre républicaine rejette le projet de budget béni par Trump IA, espace, voiture autonome : comment Trump veut libérer l'innovation en dérégulant l'économie Avant cet épisode, le duo Musk-Ramaswamy a fait une entrée triomphale au Capitole le 5 décembre, pour rencontrer les élus républicains du nouveau « caucus Doge ». Un démocrate, Jared Moskowitz, a adhéré au caucus. D'autres progressistes ont exprimé leur intérêt, voire fait des propositions : déménager toutes les agences fédérales hors de Washington DC pour susciter des démissions ; préremplir les déclarations d'impôts ; supprimer les subventions aux énergies fossiles ; moderniser les systèmes d'information de l'administration… De leur côté, les patrons du Doge veulent capitaliser sur une décision importante de la Cour suprême, cet été, pour licencier de nombreux employés fédéraux. En effet, « Loper Bright vs Raimondo » ouvre la voie à la contestation des réglementations édictées par les agences fédérales. Le président Trump suspendra l'exécution de ces réglementations par décret, sans passer par la case Congrès, prévoient-ils dans le « Wall Street Journal », concluant qu'« une réduction drastique des réglementations fédérales fournit une justification industrielle saine à des réductions massives de personnel dans la bureaucratie fédérale ».

By |2024-12-28T22:40:49+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

IA : Broadcom est-il le nouveau Nvidia ?

Dans la galaxie des semi-conducteurs, Broadcom fait partie des meubles. L'entreprise née en 1961 appartient à la vieille garde des géants américains de la tech, partenaire de tous les grands du numérique, et fournisseur de puces en tout genre - smartphone, automobile, réseau - depuis plus d'un demi-siècle. Mais ces derniers temps, la société menée par Hock Tan semble vivre une nouvelle jeunesse. L'ère de l'intelligence artificielle (IA) générative lui sied à merveille : elle vient de dépasser les 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, et serait en train de vivre son « moment Nvidia ». Les investisseurs ont ainsi propulsé par leur enthousiasme le titre de Broadcom vers des sommets vendredi 13 décembre (+24 % en une séance) suite aux prévisions mirifiques du patron pour le premier trimestre de son exercice fiscal 2025. Hock Tan, aux manettes depuis 2005, a annoncé s'attendre à des ventes en hausse de 65 % sur les produits d'intelligence artificielle, puces et logiciels confondus. Bien plus que la croissance moyenne du secteur des semi-conducteurs, quant à elle autour de 10 %. Selon le dirigeant sino-américain, le marché des équipements pour les data centers, l'une des spécialités de l'entreprise, devrait atteindre 90 milliards de dollars d'ici à 2027. Croissance insolente Depuis le début de l'année, l'entreprise enchante les marchés, avec une hausse de plus de 100 % de sa valeur en Bourse. Une performance qui ne peut échapper à la comparaison avec celle de Nvidia, le leader mondial des puces graphiques (GPU, devenues indispensables pour entraîner et utiliser les modèles d'IA), qui a atteint une valorisation de plus de 3.000 milliards de dollars au début de l'été. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Jusqu'où la fièvre de l'intelligence artificielle peut-elle propulser Nvidia ? DECRYPTAGE - OpenAI, Microsoft, Nvidia : le vertige des dépenses dans l'IA Broadcom, comme Nvidia, s'est clairement positionné dans la course à l'IA. La société avait parié sur 10 milliards de chiffre d'affaires lié à l'engouement pour cette technologie en 2024. Elle a finalement enregistré 12,2 milliards de revenus sur ce front. Des résultats qui expliquent l'appétit des marchés dans un moment où encore peu d'acteurs peuvent se targuer de récolter les fruits comptables de leurs investissements dans l'IA. Si l'événement fait en effet penser à l'irrésistible ascension de Nvidia, qui a multiplié par trois sa capitalisation entre mai 2023 et juin 2024, les modèles des deux entreprises sont tout à fait différents. Broadcom est le fruit du rachat en 2015 de l'entreprise éponyme, spécialisée dans les équipements de data centers, par Avago, producteur de puces pour les télécommunications (qui permettent par exemple de capter la 4G ou la 5G). Cette transaction à quelque 37 milliards de dollars, l'une des plus importantes unions de l'histoire de la tech, a donné naissance à ce géant des semi-conducteurs. Le groupe s'est peu à peu orienté vers le domaine du logiciel grâce à de multiples rachats. L'un des derniers en date, celui de VMware bouclé l'année dernière, avait fait couler beaucoup d'encre, les prix ayant explosé pour les clients de l'opérateur de logiciels. Soif infinie Si Broadcom est aujourd'hui un mastodonte sur le front des puces, il aurait pu être encore plus imposant si l'administration Trump n'avait pas bloqué en 2018 son union avec un autre géant du secteur, Qualcomm. A l'époque, les autorités avaient avancé un argument de sécurité nationale pour bloquer l'opération, malgré le fait que les deux acteurs soient désormais considérés comme américains après le transfert du siège de Broadcom de Singapour aux Etats-Unis. « Hock Tan a eu une stratégie très agressive d'acquisitions pour construire son empire, pour lequel il s'est endetté à coups de milliards. Le modèle est très différent de celui de Nvidia, une entreprise plus récente, qui s'est faite toute seule, sans acquisition majeure », explique Jacques-Aurélien Marcireau, coresponsable de la gestion actions chez Edmond de Rothschild AM. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - « S'il vous plaît, prenez notre argent » : face à Nvidia, les géants de la tech à la conquête des puces d'IA Les géants des puces rôdent autour d'Intel Broadcom ne semble pas aspirer à concurrencer Nvidia au sujet des GPU, le monopole étant déjà trop installé et la technologie trop perfectionnée. En revanche, l'empire de Hock Tan a une carte à jouer dans le développement des puces pour d'autres usages complémentaires aux côtés des géants de la tech. Cela fait plusieurs années que la société travaille avec Google et Apple pour concevoir leurs propres puces, et elle serait en train de travailler avec OpenAI.  Ce sont notamment ces grands partenariats qui galvanisent les investisseurs. Néanmoins, « Broadcom n'est pas irremplaçable, contrairement à Nvidia. Il veut s'imposer comme une alternative dans un secteur où il n'est pas facile d'exister », ajoute le spécialiste des semi-conducteurs. Toutefois, avec ces résultats, Broadcom prend l'avantage sur les autres grands du secteur. AMD a cédé près de 15 % à Wall Street cette année, tandis que le vétéran Intel traverse la plus grande crise de son histoire, dont il pourrait ne jamais se relever. Avec tant de milliards en poche, Hock Tan pourrait même tenter d'avaler ses rivaux à la peine.

By |2024-12-28T22:39:50+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Pourquoi la République démocratique du Congo poursuit Apple

a République démocratique du Congo (RDC) intensifie son offensive contre l'exploitation des « minerais de sang ». Le 16 décembre, Kinshasa a franchi un cap historique en déposant une plainte en France et en Belgique contre Apple. Le géant de la tech, ainsi que d'autres multinationales, est accusé de profiter des minerais extraits dans l'Est congolais, une région où des groupes armés, dont la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda selon l'ONU, profitent de cette exploitation pour financer leurs activités. Au cœur de ce bras de fer judiciaire et géopolitique, il est question de ressources stratégiques, vitales pour la fabrication de smartphones, les ordinateurs et appareils électroniques. La RDC dénonce une chaîne d'approvisionnement opaque et complice, où l'or, le tantale et l'étain extraient leur valeur au prix du sang, du travail forcé et des violations massives des droits humains. Le gouvernement congolais affirme que ces minerais sont « blanchis » en passant par le Rwanda avant d'intégrer les chaînes d'approvisionnement mondiales. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. À lire aussi Crise entre la RDC et le Rwanda : comment éviter une guerre régionale ? Des ressources stratégiques au cœur des conflits armés Si Kinshasa avait jusqu'à présent hésité à engager des poursuites judiciaires, la plainte déposée marque une escalade dans son conflit avec le Rwanda et dans sa volonté de responsabiliser les multinationales. Le collectif d'avocats engagé par la RDC, dirigé par Robert Amsterdam et épaulé par des figures comme William Bourdon et Christophe Marchand dénonce un manque de transparence de la part d'Apple qui, malgré des engagements sur des pratiques responsables, n'aurait pas suffisamment sécurisé ses approvisionnements. Au-delà de l'aspect judiciaire, cette affaire souligne la complexité de la gestion des ressources naturelles en RDC. Le pays, riche en minerais, voit ces richesses alimenter des conflits qui durent depuis les années 1990, déplaçant des millions de personnes. Par cette plainte, Kinshasa espère non seulement alerter l'opinion publique, mais aussi forcer les entreprises internationales à revoir leurs pratiques. À lire aussi M23 : l'accord de cessez-le-feu signé entre la RDC et le Rwanda tiendra-t-il ? Traçabilité controversée Le tantale, extrait principalement du coltan (colombo-tantalite), est utilisé pour ses propriétés de conduction électrique dans les condensateurs des appareils électroniques. L'étain, quant à lui, est un composant clé des soudures, et l'or sert autant dans l'électronique que dans la bijouterie. Ces minerais transitent souvent par des chaînes d'approvisionnement complexes, où leur traçabilité est difficile à garantir. En tout cas, la plainte met en lumière les failles des systèmes de certification tels que l'Initiative de la chaîne d'approvisionnement de l'étain (Itsci), largement utilisée par des entreprises comme Apple. Ce système, censé garantir une traçabilité des minerais, a perdu en crédibilité : il a été retiré de la liste des systèmes approuvés par la Responsible Minerals Initiative en 2023. Ces dysfonctionnements permettent, selon la plainte, aux minerais issus de conflits en RDC d'être blanchis via le Rwanda avant d'être intégrés dans des produits électroniques. À lire aussi Guerre à l'est, crise avec le Rwanda, plainte contre Apple : en visite à Paris, Félix Tshisekedi sur tous les fronts La réaction du géant au logo de pomme ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué la firme a réaffirmé son engagement pour un approvisionnement responsable et rejette les accusations portées par la RDC. Apple a toutefois déclaré avoir demandé à ses fournisseurs, dès l'intensification des conflits cette année, de suspendre tout approvisionnement en minerais provenant de la région. L'entreprise révèle également s'appuyer sur des audits indépendants pour garantir la transparence et respecter des normes environnementales et éthiques strictes. « Nous reconnaissons que la situation dans la région est très difficile et nous avons accru notre soutien aux organisations qui font un travail vital en aidant les communautés. » Apple, soucieuse de préserver son image, met en avant l'utilisation croissante de matériaux recyclés dans ses produits. Elle souligne que près de 99 % du tungstène utilisé provient désormais de sources recyclées. À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Les avocats de la RDC saluent la prise de position, mais appellent à des preuves tangibles sur le terrain. Par ailleurs, des experts craignent qu'un éventuel embargo sur les minerais congolais n'aggrave la précarité économique des populations locales, dépendantes de cette exploitation artisanale. Alors que l'enquête se poursuit en Europe, cette affaire relance le débat sur la responsabilité sociale des grandes entreprises et la nécessité de solutions globales pour réguler l'extraction de minerais dans les zones de conflit. Une décision judiciaire pourrait influencer non seulement Apple, mais aussi d'autres acteurs du secteur technologique.

By |2024-12-28T22:37:14+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

GPT-5 ou les galères d’OpenAI

A quelques jours de la Saint-Sylvestre, un des produits parmi les plus attendus de 2024 manque à l'appel. GPT-5, le dernier grand modèle (LLM) d'OpenAI, ne devrait finalement arriver que l'année prochaine. Cela fait pourtant des mois que les ingénieurs d'OpenAI travaillent d'arrache-pied pour sortir cette nouvelle version d'IA générative suffisamment innovante pour emballer une nouvelle fois la planète tech, après le succès des versions précédentes et deux ans après la sortie fracassante de ChatGPT . Il semblerait que le projet - codé sous le nom d'Orion - soit plus complexe et beaucoup plus cher que prévu, comme l'explique le « Wall Street Journal », alors qu'OpenAI tente à tout prix de conserver son rôle de leader dans la course à l'IA générative, après avoir séduit les investisseurs cette année en atteignant 157 milliards de dollars de valorisation en octobre. Matière première épuisée Les cerveaux de la pépite de Palo Alto rencontrent en réalité un problème de taille : le manque de données. Pour améliorer les performances de ses grands modèles (LLM), OpenAI a, jusqu'à maintenant, pris le parti d'élargir le nombre de paramètres d'entraînement : 117 millions pour GPT-1, 1,5 milliard pour GPT-2, 175 milliards pour GPT-3 et 1.700 milliards pour GPT-4. Les derniers grands modèles ont été entraînés sur l'immense source de données qu'est Internet afin de sortir des réponses les plus exactes possibles, malgré un taux d'erreur encore élevé. Parmi ces données, les sources primaires - ouvrages, travaux de recherche, presse, encyclopédies - ont déjà été avalées par les versions précédentes, et sont désormais taries. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - La folle épopée d'OpenAI DECRYPTAGE - IA : Pourquoi Microsoft veut s'émanciper de la pépite OpenAI Pousser plus loin la technologie nécessite désormais d'inclure les vidéos, les images, les sons dans les données d'entraînement, mais aussi créer de nouvelles sources primaires de qualité. Un travail de longue haleine : il a fallu des dizaines d'années pour parvenir à la richesse d'informations d'Internet. OpenAI planche actuellement sur la fabrication de données synthétiques, un lot de data créée par l'IA elle-même pour entraîner l'IA. Des sources cependant susceptibles de favoriser les erreurs, d'après de multiples travaux de recherche, puisqu'elles fonctionnent par probabilité, et qui demandent la mobilisation de fonds humains et techniques (puissance de calcul) de plus en plus importants.  La start-up Writer , qui rêve de concurrencer OpenAI, s'est spécialisée sur cette verticale pour développer ses propres modèles. En 2024, le recours aux données synthétiques a dépassé l'usage des données de recherches scientifiques et des livres pour entraîner l'intelligence artificielle, d'après une étude menée par le consortium Data Provenance Initiative. Des « idées géniales » mais pas de GPT-5 Pour espérer déboucher sur le prochain modèle frontière, il faut aussi avoir les poches profondes. Et l'argent, OpenAI n'en manque pas : soutenue par le géant Microsoft, multipliant les levées de fonds, la pépite semble avoir les cartes en main. Mais selon le « Wall Street Journal », les dernières phases d'entraînement de GPT-5 ont coûté incroyablement cher (puissance de calcul, puces GPU de Nvidia ) pour un résultat encore décevant.  Il avait fallu une centaine de millions de dollars pour entraîner GPT-4. Le développement de GPT-5 pourrait atteindre jusqu'au milliard de dollars. De quoi s'interroger sur les capacités d'OpenAI de rentabiliser, un jour, de tels investissements, alors que la start-up devrait déjà encaisser des pertes abyssales cette année . LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Les chiffres affolants d'OpenAI, la star de l'IA générative IA : deux ans après ChatGPT, les limites du « toujours plus » Cette année, OpenAI a sorti o1, une version de son dernier modèle capable de « raisonner » , mais aussi Sora, son modèle de génération de vidéo. Malgré la sortie de GPT-o3 il y a quelques jours, une version encore plus poussée du modèle de raisonnement, la frontière technologique n'a pas encore été dépassée. « Tous ces modèles sont devenus très complexes et nous ne pouvons pas livrer autant de choses en parallèle que nous le souhaiterions. Nous sommes également confrontés à de nombreuses limitations et à des décisions difficiles concernant l'allocation de nos ressources informatiques à de nombreuses idées géniales », avait écrit Sam Altman, le patron d'OpenAI, lors d'une session de questions-réponses sur Reddit en octobre.

By |2024-12-28T22:34:37+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Snoop Dogg est-il le plus grand influenceur vivant ?

Cette semaine, dans « Sous INfluence », on s'attaque à l'un des rebranding les plus étonnants opéré par une personnalité publique ces dernières années : celui du légendaire Snoop Dogg, également figure de proue des JO de Paris cet été, au cas – peu probable – où cela vous aurait échappé. L'occasion de rencontrer Christophe Caurret, directeur général en charge du son chez Prodigious, qui nous livre quelques clés de compréhension pour expliquer cette mue sans précédent

By |2024-12-28T22:33:38+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Climat : remontée surprise des émissions de CO2 en France

Est-ce en raison du changement de gouvernement ou parce que les chiffres ne sont pas reluisants ce trimestre ? La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ne s'est en tout cas pas accordée, cette fois-ci, la primeur de l'annonce de l'évolution des émissions de gaz à effet de serre en France. Selon les chiffres publiés par le Citepa ce vendredi, ces émissions affichent une (légère) augmentation trimestrielle, pour la première fois depuis 2021 (une année atypique, qui avait souffert d'un effet de base défavorable lié au Covid) : elles ont progressé de +0,5 % entre juillet et septembre 2024, par rapport à la même période de 2023. Inversion de tendance Sur les neuf premiers mois de l'année, qui augurent de la tendance annuelle, elles s'affichent certes toujours en baisse, à -2,4 %. Cette inversion de tendance trimestrielle n'en est pas moins hautement symbolique, au moment même où la lutte contre le réchauffement climatique semble être au dernier rang des priorités du nouveau Premier ministre, François Bayrou . Pour que la France tienne les objectifs affichés dans sa nouvelle stratégie annuelle bas carbone (la SNBC 3 publiée début novembre), ses émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 4,7 % par an entre 2022 et 2030, rappelle le Citepa. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Climat : les secteurs économiques en première ligne de la décarbonation EN CHIFFRES - Climat : les émissions de CO2 reculent toujours en France, mais moins vite Si en 2023, la tendance semblait plutôt encourageante (-5,8 %, après -2,7 % en 2022), le ralentissement observé cette année est moins réjouissant. D'autant que les chiffres publiés ne tiennent compte ni des émissions liées aux produits importés, ni de la chute des puits de carbone (la forêt et les sols) censée compenser une partie de ces émissions. De la même façon que les politiques publiques n'étaient que très partiellement responsables des bons résultats précédents, ce n'est pas non plus leur relâchement cette année qui explique la hausse du troisième trimestre. Une large part des évolutions des émissions reste conjoncturelle, liée à la météo ou à l'activité économique. Vague de fraîcheur C'est ainsi notamment dans le secteur du bâtiment que le retournement se fait sentir, avec une hausse de 11,8 % des émissions au troisième trimestre. Celle-ci est essentiellement due au chauffage dans les logements et les bureaux en septembre, fait valoir le Citepa. Un mois frappé par une vague de fraîcheur automnale inhabituelle. LIRE AUSSI : 2024, une des dix années les plus pluvieuses en France depuis 1959 Le transport routier a lui aussi vu ses émissions augmenter (+1,1 %), mais elles « se stabilisent à un niveau faible en comparaison des troisièmes trimestres de 2019 à 2022 », relève également l'organisme indépendant. Parallèlement, les émissions liées à la production d'électricité ont continué à baisser (-12,9 %), car le retour de la disponibilité des centrales nucléaires a permis un moindre recours aux énergies fossiles (6 % du mix au troisième trimestre contre 14 % l'an dernier). Et celles de l'industrie manufacturière ont aussi poursuivi leur baisse, mais celle-ci s'est ralentie (-1,3 %). Ce mauvais chiffre trimestriel provoquera-t-il un sursaut au sein de l'Etat, pour donner une nouvelle impulsion à la lutte contre le réchauffement climatique ? « Grâce aux efforts accomplis ces deux dernières années, nous n'avons pas pris de retard. Mais il ne faut pas baisser la garde, a commenté Agnès Pannier-Runacher après la publication des chiffres, vendredi matin sur RTL. Le dérèglement climatique est là, il menace nos emplois et nos maisons et il faut agir ! Tous ceux qui disent qu'il faut ralentir mettent en danger les Françaises et les Français. » Même si le nouveau ministre de l'Economie, Eric Lombard, a insisté sur « l'urgence écologique » lors de sa passation de pouvoirs, lundi soir, il n'est pas certain que le contexte politique et l'urgence budgétaire soient propices à un virage ambitieux dans ce domaine.

By |2024-12-28T20:47:49+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Cryptos : l’Europe se dote d’un cadre rigoureux au risque de laisser les Etats-Unis prendre le large

Comment éviter qu'un fiasco tel que celui de la plateforme FTX ne se reproduise ? Au crépuscule de l'an 2022, le géant américain des cryptos s'effondrait en laissant des milliers d'investisseurs particuliers sur le carreau. On découvrait alors que l'ex-deuxième plateforme d'échange d'actifs numériques, pourtant réputée sûre, faisait l'objet d'une gestion chaotique. C'est dans ce contexte troublé pour l'écosystème que l'Union européenne (UE) a finalisé l'élaboration de normes communes à l'ensemble des pays membres. Adopté mi-2023, le règlement européen sur les marchés de cryptoactifs - ou Markets in Crypto Assets regulation (MiCA) - s'appliquera progressivement à l'ensemble de l'industrie à partir du 30 décembre. Il prévoit de solides exigences en matière de lutte contre la fraude, de fonds propres ou de protection des investisseurs… Un cadre rigoureux qui tranche avec la volonté nouvelle, outre-Atlantique, d'assouplir les contraintes du secteur. Le président élu américain Donald Trump, qui s'est mué en chantre des cryptos durant sa campagne, a en effet multiplié les promesses à leur égard. Il veut en finir avec la répression menée ces dernières années par la Securites and Exchange Commission (SEC) - le gendarme boursier américain - sous l'impulsion de son patron démissionnaire, Gary Gensler. Ce dernier sera bientôt remplacé par le pro-crypto Paul Atkins, ex-commissaire de la SEC et pourfendeur du « capitalisme woke ». Début décembre, la perspective d'un encadrement favorable au développement du marché a propulsé le bitcoin, roi des devises numériques, au-delà des 100.000 dollars. L'industrie inquiète Le fossé réglementaire qui risque de se creuser entre les Etats-Unis et l'UE soulève un certain nombre de questions et d'inquiétudes, au sein de l'industrie comme chez les superviseurs européens. Interrogé début décembre sur le plateau de BFM Business, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, jugeait « très souhaitable » que les Etats-Unis adoptent une régulation similaire à celle du Vieux Continent, « dans l'intérêt des investisseurs cryptos ». Les efforts des régulateurs pour protéger les consommateurs à travers MiCA pourraient, de fait, être affaiblis par un cadre américain trop permissif. Les entreprises cryptos seront naturellement tentées de s'y implanter pour continuer d'opérer sous des normes plus accommodantes. En vertu du principe de sollicitation inversée, ces plateformes non conformes à MiCA pourront même continuer, dans certains cas, de contracter avec des résidents de l'UE. Cette exemption leur permet, en effet, de fournir leurs services à un client européen si ce dernier est à l'initiative exclusive de l'entrée en relation. LIRE AUSSI : DOSSIER - Quand le bitcoin touche la barre mythique des 100.000 dollars DECRYPTAGE - FTX : Sam Bankman-Fried, le « Madoff des cryptos » entre au panthéon des plus grands escrocs Autrement dit, les sociétés domiciliées hors UE seront tenues de répondre aux exigences de MiCA seulement si elles ont sollicité ces investisseurs, via des publicités, par exemple. Dans ses dernières lignes directrices publiées le 17 décembre, le gendarme européen des marchés, l'Esma, précise qu'il adoptera une approche très restrictive de ce principe pour limiter les abus. Le superviseur entend étroitement surveiller les actions marketing ciblant le public européen. Perte de souveraineté Du côté de l'industrie, on redoute qu'un tel écart réglementaire ne freine l'innovation et ne menace, in fine, la souveraineté numérique du bloc. Certes, un cadre clair et harmonisé était souhaité par le secteur. Il introduit une certaine stabilité susceptible de favoriser les investissements de long terme, qui fait aujourd'hui défaut aux Etats-Unis : la réglementation y piétine depuis plusieurs années, et nul ne sait si Trump passera de la parole aux actes. Mais pour les start-up en particulier, la marche de MiCA est haute. Beaucoup sont loin d'avoir achevé le travail de mise en conformité. Les exigences de la licence européenne s'inspirent fortement de celles qui conditionnent aujourd'hui l'obtention de l'agrément français de Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN), délivré par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Or, à ce jour, seuls quatre acteurs l'ont reçu en France. Le pays a, comme la plupart des Etats membres, opté pour une période transitoire - en l'occurrence, jusqu'en juillet 2026 - à l'issue de laquelle tous devront se conformer à MiCA. « Le coût de la mise en conformité avec MiCA s'annonce exorbitant pour les PSAN français. Les estimations évoquent un million d'euros par entreprise, un montant considérable qui risque de contraindre de nombreux acteurs à sortir du marché », s'alarmaient récemment Cyril Armange, directeur général délégué de Finance Innovation, et Benjamin Messika, directeur juridique de Vancelian, dans une tribune publiée par « Les Echos ». Cette situation pourrait entraîner une consolidation du secteur, estiment-ils, avec le risque de voir « les grands groupes internationaux racheter les fintechs françaises en difficulté ». Rachel Cotte THÉMATIQUES ASSOCIÉES Fintech Cryptos & NFT

By |2024-12-28T20:46:42+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le grand retour des lunettes connectées, ou le pari gagnant de Mark Zuckerberg

C'est le succès que l'on n'avait pas vu venir en 2024. Meta, non content d'être le roi des réseaux sociaux, est aussi devenu un excellent vendeur de lunettes. Désormais, dans 60 % des magasins Ray-Ban, ce sont les modèles connectés réalisés en partenariat avec Meta qui sont les plus vendus, devant les montures classiques. Ces données proviennent du directeur financier d' EssilorLuxottica (maison mère de Ray-Ban), Stefano Grassi, qui les a partagées lors d'une conférence en octobre. Après l'échec des Ray-Ban Stories présentées en 2021 - 300.000 ventes en dix-huit mois, dont 90 % finissaient au fond d'un tiroir selon un document interne consulté par le « Wall Street Journal » -, Meta avait dégainé de nouvelles Ray-Ban en octobre 2023. L'entreprise ne dévoile pas les volumes de vente mais, d'après le cabinet IDC, il s'en est écoulé quelque 700.000 paires en une année. Et le géant de la tech ne compte pas s'arrêter là. Selon le « Financial Times », il pourrait ajouter des écrans à ses lunettes l'année prochaine. Ils serviraient à afficher des notifications ou des réponses de l'assistant virtuel de Meta. Remplacer le smartphone Mark Zuckerberg avait d'abord présenté les masques de réalité virtuelle comme l'avenir d'Internet, avec le métavers comme terrain d'expression. Las, de simples lunettes de soleil (ou de vue) dotées de deux caméras, micros et haut-parleurs ont suffi pour gagner une première bataille des lunettes. « Les smartphones ont dominé les deux dernières décennies et maintenant, les géants de la tech sont en quête de la nouvelle interface, qui a failli être l'enceinte vocale », pointe Diego Ferri, chez EY Fabernovel. Pour lui, ce retour des lunettes intelligentes dix ans après l'échec des Google Glass est lié à l'intégration de l'IA, elle-même liée aux nouvelles capacités des puces informatiques. LIRE AUSSI : Accord avec Meta, nouveau siège parisien… EssilorLuxottica voit grand INTERVIEW - « La crise de gouvernance est loin derrière EssilorLuxottica » A ce jour, Meta vend certes plus de casques de « VR » Oculus. Mais, selon Bernstein, les Ray-Ban connectées seront la star des fêtes de fin d'année, et les courbes vont se croiser. Car depuis cette année, les lunettes sont équipées du système d'intelligence artificielle Meta AI - sauf pour l'instant dans l'Union européenne. Couplée aux deux caméras, l'IA peut décrire son environnement et répondre à des questions en langage naturel. Un assistant sur le nez « Il se passe clairement quelque chose sur le front des lunettes connectées », relève, de son côté, l'expert en transformation numérique Frédéric Cavazza. Certains observateurs créditent à Meta l'exploit d'avoir créé la prochaine grande catégorie de produits après le smartphone. Lui met en avant la force d'y avoir mis de l'IA sans imposer aux consommateurs de changer de monture. Alors que les chatbots vocaux semblaient se destiner à des appareils dont l'audio est la première fonction - comme les enceintes connectées ou les écouteurs Bluetooth -, les lunettes connectées apparaissent comme une façon plus naturelle d'intégrer une IA. Elles voient ce qu'on voit. On peut leur parler et les entendre. Et les avoir toujours avec soi. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Vie privée, IA : ces risques qui émergent avec les lunettes Ray-Ban de Meta Une journée avec les lunettes connectées de Meta En décembre, Google a présenté sa nouvelle IA multimodale Gemini 2.0. Et pour en illustrer les capacités, elle l'a intégrée à des lunettes connectées. Avec son « projet Astra », Google imagine un assistant universel sur le nez. Dans une vidéo, on voit un cycliste circuler le long d'un parc à Londres. Sans lever les mains du guidon, mais en regardant autour de lui, il demande de quel parc il s'agit. « C'est Primrose Hill, réputé pour sa vue panoramique », indique l'assistant intelligent. Peut-on y circuler à vélo ? « A priori non… ». De quoi offrir une nouvelle vie à Google Maps ? La démonstration devient plus effrayante lorsque le testeur de la vidéo demande à ses lunettes de lui rappeler le digicode de son immeuble. Comme celles-ci filment tout, elles ont mémorisé la dernière saisie et lui rappellent qu'il s'agit du « 1170 ». Tout cela n'en est qu'au stade du prototypage et est actuellement limité à une poignée de testeurs. Néanmoins, les effets de bord surgissent déjà. Vie privée en danger ? Ainsi, lorsque Meta a connecté ses Ray-Ban à l'IA, il n'a fallu que quelques jours pour que deux étudiants de Harvard les relient à plusieurs bases de données afin d'en faire un redoutable système de reconnaissance faciale. Identité, coordonnées… En une requête, et pour peu que ces données figurent en ligne, les Ray-Ban peuvent percer l'anonymat de personnes croisées dans la rue. Pour Frédéric Cavazza, ces craintes, de même que l'acceptabilité sociale de voir des lunettes à caméra partout, ne sont pas un obstacle. « Il y a trente ans, des gens se cachaient pour téléphoner dans la rue car ils avaient honte. Plus récemment, on s'est habitué aux Airpods partout. Demain, on filmera avec ses lunettes. Quant aux données, quelle hypocrisie ! Si on étale déjà sa vie privée sur les réseaux sociaux, pointe l'expert, veut-on vraiment protéger ses données personnelles ? » Capter plus de données Les données, c'est peut-être tout l'enjeu de ces lunettes. « Est-ce que les géants de la tech croient vraiment aux lunettes, ou est-ce surtout une nouvelle façon pour eux de capter de l'information, avec ces caméras que tout invite à enclencher le plus souvent possible ? » s'inquiète Diego Ferri. Avec près de 300 millions d'utilisateurs, ChatGPT a connu une percée folle. Et pour l'expert chez EY Fabernovel, ce n'est qu'une question de temps avant que l'on voie des gens parler avec leur monture dans la rue. Samsung et Google devraient se lancer, quand Apple et Tesla nourrissent la rumeur. Huawei a déjà ses lunettes ainsi que Snap (pour les développeurs). Pour répondre aux inquiétudes et contraintes imposées par l'Union européenne et le règlement RGPD, la start-up Looktech mise, elle, sur des montures censées respecter la vie privée.

By |2024-12-28T10:44:53+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments