Recentrage sur ses fondamentaux pour Alibaba. Le géant chinois du commerce électronique accélère son désengagement du marché chinois de la distribution physique en cédant le contrôle du groupe Sun Art Retail, ex-filiale d’Auchan, vendant 74 % environ de son capital à la société d’investissement chinoise DCP Capital.
Sun Art Retail, qui comptait notamment, au 30 septembre, 466 hypermarchés et une trentaine de grands magasins – au total, 13,5 millions de mètres carrés de surfaces commerciales -, s’achemine in fine vers un retrait de la Bourse de Hong Kong. Car DCP Capital a également conclu un accord de reprise d’une participation avoisinant 5 % et propose de racheter les titres des autres actionnaires.
Perte de valeur
Pour sa part, Alibaba pourrait engranger jusqu’à 12,3 milliards de dollars de Hong Kong dans le cadre de la transaction (le repreneur doit par ailleurs verser des dividendes aux actionnaires), soit 1,5 milliard d’euros, mais constater aussi, au passage, une perte de valeur significative… Fin 2020, Alibaba avait en effet déboursé 3 milliards d’euros pour mettre la main sur Sun Art Retail à la faveur du départ de Chine d’Auchan, lequel avait alors emboîté le pas de Carrefour.
Pour mémoire, le distributeur alimentaire nordiste avait créé Sun Art Retail vingt ans auparavant en partenariat avec son partenaire taïwanais Ruentex. En novembre 2017, celui-ci avait cédé à Alibaba la quasi-totalité de ses parts, le groupe de Jack Ma devenant alors actionnaire de Sun Art Retail à parité avec Auchan (à hauteur de 36,16 % et 36,18 % respectivement).
Sept ans plus tard, Alibaba tire donc un trait sur l’idée d’une convergence entre ventes en magasin et en ligne, laquelle avait initialement nourri le rapprochement avec Auchan. Et si sa moins-value a été limitée grâce à la flambée boursière qu’a connue Sun Art Retail au cours des douze derniers mois – son cours a bondi de plus de 80 %, rappelle l’agence Bloomberg -, le groupe doit faire à une rude concurrence dans son métier principal : le numéro un du commerce électronique en Chine est sévèrement attaqué par des opérateurs tels que PDD Holdings et ByteDance.
En outre, la distribution physique, qui fait moins rêver le consommateur chinois aujourd’hui, a été affectée par la crise sanitaire, puis la mollesse de la croissance chinoise et souffre de la concurrence du commerce électronique…
Stratégie revue
Plus largement, Alibaba a revu sa stratégie sous la houlette d’Eddie Wu, lequel a pris les commandes du groupe courant 2023 à la suite de la mise à l’écart progressive de Daniel Zhang , une figure historique et successeur du médiatique fondateur Jack Ma. Depuis, le groupe chinois se concentre sur le cloud et les places de marché électroniques, tout en faisant le tri dans ses activités.
Courant décembre, Alibaba a ainsi annoncé un projet de cession de sa chaîne de grands magasins chinois Intime pour 7,4 milliards de renminbis (environ 1 milliard d’euros). L’opération, qui reste soumise à conditions réglementaires, doit se solder par une moins-value de 9,3 milliards de renminbis.
Par ailleurs, son désengagement de Sun Art Retail intervient quelques jours après la conclusion d’un accord en Corée du Sud où Alibaba a décidé de faire cause commune avec le distributeur local E-Mart dans l’e-commerce. Leurs entités Aliexpress International et Gmarket doivent créer une filiale détenue à parité, tout en continuant d’exploiter leurs plates-formes de manière indépendante.
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