Alors que, ces dernières années, les valeurs chéries étaient à chercher du côté des énergies renouvelables et des technologies de demain, les cours des producteurs de pétrole, de charbon ou d’avions de chasse bondissent, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Dans un univers médiatique saturé par la guerre en Ukraine, il semblerait que les investisseurs soient passés à côté de la publication du dernier rapport du groupe des experts des Nations unies sur le climat, le GIEC. Celui-ci dresse un tableau terrifiant des dégâts présents et futurs causés par notre appétit de combustibles fossiles et appelle à des mesures d’urgence. Mais les financiers ont désormais l’esprit ailleurs.
Alors que, ces dernières années, les valeurs chéries de la Bourse étaient à chercher du côté des énergies renouvelables et des technologies de demain, nous assistons, depuis une semaine, à un retour en grâce des mauvais garçons de la cote, ceux dont la fréquentation sentait le soufre, producteurs de pétrole, de charbon ou d’avions de chasse. Les bombes pleuvent sur Kiev et les Bourses marchent désormais au son du canon.
En une semaine, les cours de Dassault ou de Thales, parmi les premières entreprises de défense françaises, ont bondi de 20 %. Il faut dire que Thales en a rajouté en annonçant, jeudi 3 mars, les meilleurs résultats financiers de son histoire. Et les promesses d’augmentation des budgets de défense des candidats à la présidentielle française devraient renforcer cette tendance.
Les renouvelables pas condamnés
Le mouvement est encore plus spectaculaire en Allemagne après l’annonce choc du chancelier, Olaf Scholz, le 27 février, de doubler le budget militaire du pays. Il n’a pas fallu longtemps à la Commerzbank pour annoncer qu’elle allait consacrer plus de capital pour soutenir ses clients fabricants d’armes, jusqu’à présent bannis par de nombreux investisseurs. Ainsi, plutôt que de céder à la panique (pour l’instant) face aux risques de généralisation d’un conflit en Europe et aux perspectives de remontée des taux d’intérêt, les marchés se contentent de changer de cheval.Cette grande « rotation de portefeuille » dans le jargon financier avait déjà commencé depuis plusieurs mois. Dès janvier, les entreprises de technologies américaines cotées sur le Nasdaq en avaient fait les frais, et les producteurs d’éoliennes dérapent en Bourse depuis plusieurs mois du fait des pénuries de matériaux. Mais la crise ukrainienne accélère encore le phénomène. D’autant que la valorisation des entreprises de la technologie et des énergies renouvelables avait atteint des niveaux peu cohérents avec leurs performances actuelles.
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