Le lancement chaotique le 25 janvier dernier de la nouvelle appli SNCF Connect, accusée d’un grand nombre de failles en cours de correction , donne des ailes à ses concurrents. A commencer par la plateforme indépendante britannique Trainline, présente sur le marché français depuis le rachat de Captain Train en 2016, qui n’espérait pas bénéficier d’un tel marchepied commercial pour vendre ses billets, sur son second marché loin derrière le Royaume-Uni.

En termes de réservations, « si l’on compare les cinq semaines suivant le lancement de SNCF Connect aux cinq semaines précédant le lancement, on note une augmentation de 72 % des billets SNCF et Ouigo vendus sur Trainline », se réjouit la plateforme. De même, « les cinq semaines les plus fortes en termes de nouveaux clients du site sont toutes postérieures au lancement de SNCF Connect ».

Guichet unique
« Relancer une appli n’est jamais facile », explique aux « Echos » Jody Ford, le PDG de Trainline depuis l’automne dernier. S’il ne veut pas accabler son grand concurrent, il se satisfait surtout d’avoir, de facto, marqué des points au passage : « Il y a eu à cette occasion tout un débat dans les médias et les réseaux sociaux. Du coup, les clients ont réalisé pour la première fois qu’ils avaient un choix pour leurs achats de billets », explique-t-il.

Non sans sous-entendu à l’égard de l’ancien monopole public. « Nous avons fait une appli où il est incroyablement facile d’acheter un billet, notamment des trajets internationaux ou avec des transporteurs différents », dit-il sans dévoiler sa nouvelle part de marché.

Nous avons fait une appli où il est incroyablement facile d’acheter un billet, notamment des trajets internationaux ou avec des transporteurs différents. 
Jody Ford PDG de Trainline

L’entreprise, créée dès 1997 par Virgin Rail (aujourd’hui disparu du paysage anglais), reprise ensuite par des fonds de private equity puis cotée à Londres sur le FTSE 250 depuis 2019, a comme la SNCF pour ambition de faire progresser la part des voyages en train , mais sans faire de distingo entre opérateurs.

Elle se présente comme un guichet unique, vitrine neutre de 270 opérateurs ferroviaires et de bus dans 45 pays (dont 160 transporteurs ferroviaires), et refuse de se diversifier comme d’autres vers les chambres d’hôtels, les packages « tout compris » ou les billets d’avion. « Des acteurs comme Booking ou Expedia font ça très bien, pas la peine de s’y mettre à notre tour », selon Jody Ford.

Baisse des prix sur Paris-Lyon
Le modèle économique de Trainline est de vendre les billets exactement au même prix que sur le site de la SNCF, et de prélever au passage une commission fixe, que la start-up ne détaille pas, mais que la presse britannique chiffre à 5 % du prix du billet. Elle entretient un staff de 500 ingénieurs et analystes de données, notamment pour développer les applis de certains opérateurs ferroviaires.

La firme entretient surtout un discours pro-concurrence sur les réseaux européens, synonyme d’un élargissement de son marché naturel, comme en Italie ou en Espagne.

D’où son appétence actuelle pour le marché français, à la concurrence embryonnaire, mais très prometteur depuis que Trenitalia a lancé fin décembre deux fréquences quotidiennes sur Paris-Lyon-Milan . Depuis lors, la vente de billets sur Paris-Milan a triplé (+216 % de réservations sur Trainline) et a progressé de 14 % sur le segment Paris-Lyon, tandis que « le prix moyen d’un Paris-Lyon a déjà baissé de 12 % depuis l’arrivée de Trenitalia », relève l’agrégateur de voyages.

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