Trois aveugles ont recouvré une vue normale (20/20) grâce à de nouvelles cornées bioartificielles fabriquées à partir de cellules de porc. C’est ce qu’annonce une équipe de l’université de Linköping en Suède dans Nature Biotechnology. Ce n’est encore que le résultat d’une étude pilote, première étape de tests chez l’humain, mais il est hautement prometteur. Sur les vingt patients recrutés pour cet essai, tous atteints d’un kératocône avancé, 14 étaient devenus aveugles, et tous ont eu leur vision restaurée.
12,7 millions de personnes seraient aveugles à cause d’atteintes à la cornée
Le kératocône est une maladie évolutive sans cause identifiée qui déforme peu à peu la cornée. Dès lors, cette fine enveloppe transparente du globe oculaire n’assure plus correctement la convergence de la lumière vers la rétine, et la vue se dégrade. Dans certains cas, la déformation peut être compensée à l’aide de lentilles spéciales ; mais au stade avancé, seule la greffe de cornée permet de contrer le handicap. Mais qui dit greffe dit greffon humain et, fatalement, liste d’attente à rallonge pour les malades. Selon une vaste enquête menée par des experts français en 2016 dans JAMA Ophtalmology, 12,7 millions de personnes seraient aveugles à cause d’atteintes à la cornée. Et seul un patient sur 70 ayant besoin d’une nouvelle cornée bénéficie finalement d’une greffe.
Ici, ophtalmologues et bio-ingénieurs suédois et iraniens ont conçu un implant qui a tout d’une vraie cornée, ou presque. Des molécules de collagène ont été extraites et purifiées à partir de cellules de peau de cochon pour les stabiliser en un matériau suffisamment robuste pour être implanté, un peu comme on fabrique la gélatine. L’avantage ici est aussi que la matière première est un sous-produit de l’industrie alimentaire facilement accessible. “Nous avons fait des efforts considérables pour nous assurer que notre invention serait largement disponible et abordable pour tous et pas seulement pour les riches. C’est pourquoi cette technologie pourrait être utilisée partout dans le monde”, a déclaré dans un communiqué Mehrdad Rafat, premier auteur de l’étude et PDG de la société LinkoCare Life Sciences AB qui fabrique les implants utilisés dans l’essai. Selon l’équipe, le greffon pourrait même être conservé jusqu’à deux ans avant d’être implanté, à mettre en regard avec les deux semaines de survie d’un greffon cornéen humain.
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