L’invitation est suffisamment rare pour être soulignée. Lors du séminaire de rentrée du gouvernement réuni au grand complet autour d’Emmanuel Macron la semaine dernière à l’Elysée, une scientifique a pris la parole.

Pendant une demi-heure, suivie de « longs échanges », la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, figure du GIEC dont elle copréside le groupe de travail sur les aspects scientifiques de l’évolution du climat, a exposé devant un auditoire « très attentif », dit-elle, la gravité de la situation, avec des impacts du réchauffement qui s’intensifient partout, l’urgence à agir, les leviers d’action et les bénéfices à en tirer.

Munie d’une vingtaine de diapositives qu’elle a ensuite rendues publiques via Twitter, cette grande vulgarisatrice du climat que le magazine « Time » a classé parmi les 100 personnes les plus influentes au monde, a aussi fait passer un message clair : « Vous avez un rôle clé. La charge mentale de l’action pour le climat ne doit pas être du ressort des scientifiques ou des plus jeunes, elle doit être celle des décideurs […]. Plus on a de leviers d’action importants, plus elle doit être lourde. »

Une formation aux trois crises écologiques
Une intervention comme une première pierre au « grand plan de formation des fonctionnaires » aux problématiques environnementales que l’exécutif veut mettre en place. « Les équipes gouvernementales et 25.000 cadres de l’Etat seront formés », a confirmé la Première ministre, Elisabeth Borne, en sortant du séminaire.

Matignon promet une formation « basée sur un contenu scientifique solide, défini par les rapports du GIEC », et qui fait le lien entre les « trois crises écologiques » : la biodiversité, le climat et les ressources naturelles.

Une concertation avec les acteurs doit être lancée « dans les prochaines semaines » par le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini. Puis, un plan de formation pour les 25.000 cadres de la fonction publique d’Etat « d’ici à 2024 », qui sera étendu aux 12.000 cadres de la fonction publique territoriale et aux 4.000 cadres de la fonction publique hospitalière « d’ici à 2025 ».

« Hussards verts »
Former les décideurs actuels et futurs, c’est l’un des points fortement recommandés par le Haut Conseil pour le climat (HCC) depuis plusieurs années. « Les ministres, les secrétaires d’Etat, n’ont pas nécessairement reçu cette formation dans leur parcours initial, ni dans leur formation continue. En réalité, ils reflètent la société telle qu’elle est ! », souligne Valérie Masson-Delmotte.

Ces derniers mois, les appels se sont multipliés pour faire changer les choses. « La formation est le préalable à l’action », lançaient ainsi en mai dans une tribune une vingtaine de personnalités, dont Jean-Marc Jancovici, le président du ShiftProject.

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