En Inde, la fintech résiste. Que ce soit dans les paiements numériques, les prêts aux particuliers, les comptes d’entreprise ou les plateformes d’investissements, le géant asiatique abrite un écosystème de start-up ultradynamiques.

Selon le cabinet BCG, le pays comptait au mois d’août 7.460 fintechs. Un chiffre qui a augmenté de 20 % par an en moyenne depuis 2019, faisant de l’Inde le troisième hub mondial. Ces start-up ont levé un total de 29 milliards de dollars depuis janvier 2017, soit 14 % du total des fonds levés par les fintechs au niveau mondial. A ce jour, l’Inde compte 23 licornes fintech dont la dernière en date est Open, sorte de Qonto indien. En 2020, le pays n’en comptait que 8.

Les perspectives du secteur donnent le tournis. Selon GP Bullhound, le secteur atteindra les 200 milliards de chiffre d’affaires d’ici 2030. Les réserves de croissance sont importantes dans le pays : 33 millions d’Indiens rejoindront la classe moyenne d’ici à 2026.

Fort taux d’adoption
Selon les statistiques officielles, l’Inde est leader mondial dans l’adoption des services fintechs, à 87 %, alors que le taux d’adoption mondial serait de 64 %. Il faut reconnaître que l’Inde est en avance en la matière, notamment dans l’adoption du paiement mobile instantané.
Le lancement, en 2016, de l’interface UPI par la Banque centrale indienne a tout changé . L’UPI permet le transfert de fonds de manière instantané entre plus de 300 banques différentes. Fonctionnant en open source, l’interface a permis l’émergence d’applications tierces (Paytm, PhonePe, MobiKwik) jouant le rôle d’intermédiaires entre les banques. Ces applications assurent 93 % de la valeur totale des transactions UPI, contre 7 % pour les banques traditionnelles.

Paiement via QR code
Le succès du paiement instantané est réel. Surtout depuis la pandémie qui a incité les Indiens à réduire leur utilisation du cash, faisant exploser de 75 % les transactions via UPI entre 2020 et 2021. Les projections estiment d’ailleurs que les paiements numériques représenteront 50 % du total des transactions d’ici à 2026.
Dans les grandes villes, désormais, tous les commerçants, même les plus modestes, disposent d’un QR code pour recevoir ces paiements instantanés. Comme les Chinois, il est rare de voir les Indiens sortir leur carte bancaire. Au seul mois de juin, l’interface UPI a comptabilisé pour 135 milliards de dollars de transactions. C’est neuf fois le montant total des transactions effectuées avec les cartes de crédit.

Marché dynamique
Les start-up spécialisées dans le paiement instantané représentent la plus grande part de la valorisation totale des fintechs indiennes (50 %). Des acteurs comme Paytm ou PhonePe, ont largement bénéficié de la pandémie. Ce dernier, qui compte Walmart parmi ses investisseurs, comptait 125 millions d’utilisateurs mensuels en 2021. Il en revendique désormais 165 millions (+32 %). L’entreprise serait actuellement valorisée plus de 11 milliards de dollars, soit la plus grosse valorisation au sein des fintechs indiennes.
Dans les autres verticales de la fintech, l’activité progresse elle aussi. Groww, l’application de trading, a enregistré un doublement de ses utilisateurs en un an, à 9 millions. Les néobanques progressent, elles aussi : NiyoX comptait 4 millions d’utilisateurs en juillet 2022, contre 2,5 millions en août 2021.
Au sommet de l’Etat, on nourrit de grandes ambitions pour le secteur. Lors d’une allocution prononcée à la mi-octobre, le Premier ministre indien Narendra Modi a affirmé que les fintechs formaient « la base d’une révolution financière ». Car si l’Etat indien développe ses propres programmes d’inclusion financière, il compte aussi sur les acteurs privés pour l’aider à convertir les millions d’Indiens toujours exclus des services bancaires.

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