u coeur des steppes arides du Kazakhstan se dresse une colonne de béton plus haute que la tour Eiffel. La centrale thermique d’Ekibastouz alimente en vapeur la plus haute cheminée du monde, dont jaillit une épaisse fumée qui plane au-dessus des mines de charbon. Leur sol alimente près de 10 % du réseau électrique du pays, et huit hangars situés à une poignée de kilomètres. Dans ces hangars, un nouveau type de minage, sans pelle et sans pioche, transforme les mégawatts en or numérique. A l’intérieur, du sol au plafond, des dizaines de milliers de cartes graphiques tournent jour et nuit pour résoudre des équations mathématiques. Leur but : sécuriser la blockchain pour miner du bitcoin.

Pour valider une transaction sur la blockchain bitcoin, des milliers d’ordinateurs sont mis en compétition pour résoudre des équations cryptographiques très difficiles. C’est le système de la « preuve de travail ». Le premier mineur à les résoudre reçoit en contrepartie une fraction de bitcoin. La récompense est actuellement de 6,25 bitcoins par bloc miné, soit environ 100.000 euros au prix actuel du marché, considérant qu’un bloc de bitcoin contient à lui seul plusieurs milliers de transactions.

Mais miner du bitcoin a un prix, celui des machines d’abord, puis celui de l’énergie pour les alimenter. Pour faire tourner l’usine numérique d’Ekibastouz, l’électricité absorbée par ces machines dernier cri correspond à la consommation d’une ville de 100.000 habitants. Le bruit produit par les machines est si fort qu’elles grondent de l’extérieur, et forcent la centaine d’employés à hausser la voix pour communiquer. Jour et nuit, une équipe de sécurité privée, et armée, ronde pour assurer la protection du site. « Inauguré en 2020, le développement du site a coûté plus de 25 millions de dollars pour un bénéfice annuel de 100 millions de dollars », précise un des cadres d’Enegix, la société kazakhe derrière l’exploitation du plus grand centre de minage de bitcoin d’Asie centrale. Consacrée en grande pompe par le Premier ministre, elle est la vitrine de cet écosystème florissant au Kazakhstan et revendique une capacité de 180 mégawatts.

Propulsé 2e pays au monde
Après l’interdiction du minage de cryptomonnaie en Chine , le Kazakhstan est devenu un refuge pour les sociétés minières installées de l’autre côté de la frontière. Attirés par l’énergie bon marché et un climat assez froid pour maintenir les équipements à une température viable, les géants chinois du minage comme BTC.com ou Canaan ont fait transiter des dizaines de milliers de machines par camion pour y installer leur activité. Comme à l’époque de la ruée vers l’or, des fermes de minage, petites ou grandes, se mettent à pousser comme des champignons sur le sol glacé des terres kazakhes. En une poignée de semaines, cette migration propulse le Kazakhstan comme le deuxième pays au monde avec le plus de puissance de calcul pour miner du bitcoin, selon le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index.

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