C’est un cri d’alarme que lance Agnès Pannier-Runacher. La ministre de la Transition énergétique française s’inquiète de la tournure que prennent les discussions avec Bruxelles sur la directive « énergie renouvelable » qui sera examinée par les trois colégislateurs européens (Parlement, Conseil, Commission) le 7 février prochain.

Elle impose notamment des objectifs très élevés d’énergie renouvelable (éolienne, solaire, hydroélectrique, marine) pour l’industrie, à 42 % en 2030 et 60 % en 2035. Autant de solutions de substitution aux combustibles fossiles qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’UE vise la neutralité carbone d’ici 2050.
Mais la directive a un inconvénient majeur pour l’Hexagone : elle exclut de ses objectifs l’hydrogène bas carbone, qui est produit notamment à partir d’électricité d’origine nucléaire. La France – et d’autres pays – alertent depuis des mois sur le sujet, expliquant que, dans ces conditions, ils auront beaucoup de mal à atteindre les objectifs européens.
« Les négociations à Bruxelles ne prennent pas une tournure satisfaisante, a déploré la ministre jeudi soir, lors d’un échange avec quelques journalistes. S’interdire d’utiliser le nucléaire, qui est une énergie émettant moins de carbone que le photovoltaïque où l’éolien est une position climaticide et absurde. »
La ministre souhaite ainsi « très clairement avertir contre le risque d’un scénario où des Etats comme la France, avec un mix électrique très peu émetteur, seraient empêchés de décarboner ».

L’Allemagne en soutien
Un courrier a été envoyé le 1er février à la Commission européenne, par la France, la Roumanie, la Bulgarie, la Pologne, la Slovénie, la Croatie, la Slovaquie, la Hongrie et la République tchèque, avançant force arguments en faveur de l’intégration de cet hydrogène dans les textes européens actuellement négociés, parmi lesquels figure aussi un « paquet gaz ».
Cette lettre arrive au lendemain de l’annonce du plan industriel vert de l’UE pour une industrie décarbonée et quelques jours après un accord scellé entre la France et l’Allemagne lors du conseil des ministres franco-allemand à Paris début février.
Le couple franco-allemand s’est promis de s’assurer que les deux types d’hydrogène renouvelable – qu’utilise l’Allemagne – et bas carbone, pourront « être pris en compte dans les objectifs de décarbonation » de l’Union européenne.
Laisser de côté l’hydrogène bas carbone « limiterait la vitesse de déploiement de l’hydrogène », ce qui « entraînerait inévitablement une hausse des coûts de production » et réduirait la « compétitivité mondiale de l’industrie européenne », pointent les signataires.
Selon eux, l’hydrogène bas carbone permettrait de « décarboner les secteurs difficiles à décarboner », comme l’acier ou l’aluminium. Une « stratégie s’appuyant essentiellement sur l’hydrogène renouvelable pourrait conduire à de nouvelles dépendances » en Europe, soulignent-ils encore

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