Habituellement souriant, le Président d’Israël Isaac Herzog est apparu grave dimanche soir lors de son adresse à la Nation. Un exercice rarissime dans le système politique israélien où le Président, première personnalité de l’Etat, n’a aucun pouvoir politique. En principe. Mais, la situation exceptionnelle que vit le pays depuis plusieurs semaines l’a contraint à sortir de sa réserve habituelle.

Comme il l’a dit en préambule, le pays est « à la veille d’un effondrement constitutionnel et politique » en raison du projet de réforme judiciaire du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou qui « dans sa forme actuelle soulève de profondes inquiétudes quant à leur impact négatif potentiel sur les fondements démocratiques de l’Etat d’Israël. » En fait, Isaac Herzog avait déjà discrètement tenté d’intercéder entre partisans et adversaires de la réforme et proposé de faire une pause dans le processus législatif. Mais, il a reçu une fin de non-recevoir de la part du ministre de la justice Yariv Levin, qui a déclaré qu’il ne ralentirait pas « même pas pour une seconde. »

Désamorcer la tension
Le Président a donc décidé de mettre les points sur les i. « Je vous demande de stopper cette folie », a-t-il déclaré. Et plus précisément, il a enjoint le Président de la commission des lois, Simha Rothman, de ne pas présenter le texte au vote en première lecture cette semaine, comme cela est programmé. Sans doute, espère-t-il ainsi désamorcer la tension attendue lundi devant la Knesset. Des milliers de manifestants de tout le pays doivent venir à Jérusalem dans le cadre d’un appel à la grève générale.
Il a également souligné qu’il « incombe au gouvernement d’écouter » les critiques et les craintes des uns et des autres, ce qui n’a absolument pas été le cas jusqu’à présent. En fait, nombre de manifestants sont, comme le Président, conscients qu’une réforme du système judiciaire est nécessaire. Mais pas à marche forcée. Et pas aux dépens des valeurs démocratiques inscrites dans la Déclaration d’indépendance de 1948, qui fait office de constitution. C’est là que le bât blesse : Israël n’a pas de constitution.
Le Président, qui fut avocat, a donc fait des suggestions concrètes pour la réforme judiciaire, mais avant cela il a demandé de légiférer sur une loi fondamentale, qui serait votée à une large majorité et définirait, une fois pour toutes, les relations entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

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