Installé à Fleurbaix dans la vallée de la Lys, un petit îlot de verdure entre Lille, Béthune et Armentières, Jean-Marc Burette n’est pas tout à fait un éleveur laitier comme les autres. Depuis près de huit ans il s’est imposé un nouveau défi : faire la chasse au carbone sur son exploitation. Pas si incongru pour un fermier ! L’élevage est en effet responsable de plus de 10 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France. Dont 50 % viennent de la digestion des vaches qui émettent par leurs pets et surtout leurs rots, d’énormes quantités de méthane, un gaz au pouvoir réchauffant 27 fois plus important que le carbone.
Pendant longtemps personne n’y a trouvé à redire. Mais depuis quelques années nos paisibles ruminants sont dans le collimateur des associations écologistes qui les accusent de tous les maux. Et appellent à réduire drastiquement la taille du troupeau français. « J’ai toujours eu une forte sensibilité environnementale et quand la responsabilité de l’agriculture dans le réchauffement climatique a commencé à être soulignée, je me suis senti très concerné, confie ce fermier qui exploite 70 vaches sur 70 hectares. D’autant que je n’ai jamais eu l’impression de mal faire mon métier. » Autrement dit, d’être un pollueur.
Premier vêlage plus précoce
Lorsqu’en 2015, le Comité national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), inquiet de la montée du « bashing » antivaches, propose à notre éleveur de contribuer, avec d’autres exploitations pilotes, au lancement de la démarche « Ferme bas carbone », il n’hésite donc pas. Le contrat est simple. S’engager à réduire de 20% ses émissions d’ici à 2025. Charge à lui de choisir, sur la base d’un premier diagnostic de l’exploitation, les leviers sur lesquels il est plus opportun d’agir. L’outil d’évaluation CAP2ER mis au point par la filière en recense une trentaine touchant aussi bien à la consommation d’énergie ou d’engrais, qu’à la gestion du troupeau, des déjections bovines ou des surfaces cultivées.
Jean-Marc Burette ne ménage pas sa peine. Il investit dans un pont à bascule pour mieux peser les quantités de fumier épandues, ce qui lui permet de mieux les valoriser et de diminuer de 40 % l’utilisation d’engrais de synthèse. Il sème du méteil, un mélange d’avoine et de légumineuses riches en protéines, pour réduire sa dépendance au tourteau de colza. Et, surtout, il remet totalement en question le cycle de production de ses vaches. Non seulement en diminuant l’âge du premier vêlage de 28 à 24 mois – ce qui fait baisser d’autant la période pendant laquelle ses ruminants émettent du méthane sans être productifs – et en les gardant plus longtemps en vie.
Des génisses à l’étable dans la ferme de Jean-Marc Burette à Fleurbaix, dans le Pas-de-Calais.©Aimée Thirion pour Les Echos Week-End
« Hier, après trois vêlages, elles étaient réformées. Aujourd’hui, tant qu’elles sont rentables je les garde. » Ce qui évite d’avoir à renouveler le troupeau trop vite avec des génisses improductives. Tous ces efforts lui permettent d’afficher aujourd’hui une baisse de ses émissions de 17%. Contrat presque rempli donc. Un bon point pour l’image de l’élevage qui montre ainsi sa capacité à s’engager sur un chemin de progrès. D’autant que depuis 2015, 20.000 autres éleveurs ont rejoint la démarche « Ferme bas carbone » et sont impliqués dans le même processus de baisse des émissions.
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