Le gouvernement a annoncé mercredi un plan destiné justement à « reconquérir » la souveraineté de la France en fruits et légumes . « La situation des fruits et légumes tempérés n’a cessé de se dégrader depuis 2004, alors que la France avait tout pour être souveraine, relève Cécile Guillot, chef du service analyse économique. C’est lié à la baisse des surfaces, qui a entraîné un recul de la production, au profit des importations d’Espagne, d’Italie, du Maroc et de la Turquie. »

Le taux de couverture de la consommation nationale de la filière est ainsi passé de 98 % en 2004 à 82 % en 2020. Le coût du travail, celui des intrants, les contraintes sanitaires et le peu d’investissements dans les usines de transformation de ces fruits et légumes a aussi pesé sur le recul de ces cultures.

Une dépendance européenne
Dans d’autres filières, le bilan est plus contrasté. La France, très réputée en matière de fromages, avec une production excédentaire, a toutefois recours aux importations, là encore en progression depuis dix ans.

« C’est le reflet de la mondialisation de l’alimentation, avec de plus en plus de besoins en fromage mais en tant qu’ingrédient, comme la mozzarella, qui explique cette hausse », poursuit Cécile Guillot. Au global, selon l’étude, sur les 30 produits analysés, un sur cinq est aujourd’hui importé.
Parmi les secteurs fortement excédentaires, on trouve les céréales, le vin, le sucre et certains produits laitiers. Des filières, qui, si elles permettent à la balance commerciale agroalimentaire d’être positive, sont très liées aux débouchés extérieurs. Et donc aussi fragiles.

A l’exemple du vin, dont un tiers des volumes est exporté, selon France AgriMer. En 2020, la taxe Trump, qui imposait 25 % de droits de douane supplémentaires pour les importations de vins aux Etats-Unis, et la crise du Covid, qui a fait chuter la demande chinoise, ont ainsi déstabilisé tout le secteur. Sans parler du phénomène de déconsommation du vin rouge – particulièrement sensible dans le Bordelais.

Cette dépendance aux importations, comme aux exportations, est surtout forte vis-à-vis des pays européens. Marché unique oblige. « Ce qui n’est pas de même nature que celle à la Chine ou aux Etats-Unis, souligne Pierre Claquin. Toutefois, cette dépendance n’est pas sans risque, car elle peut aussi cacher des pays tiers ». A l’exemple des Pays-Bas, 3e fournisseur d’huile de palme de l’Union européenne, avec des produits réimportés d’Indonésie ou de Malaisie.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr