Un « travail concret », mais « sans y passer sa vie »
Olivier est, lui, en Gaec lait et porc dans les Côtes-d’Armor, et avec ses deux associés partant à la retraite le 1er mai, ils n’ont pas trouvé de repreneurs pour leur partie laitière, dimensionnée pour 1,5 personne avec robot de traite. « On a eu l’impression que les jeunes voulaient soit entrer dans une exploitation plus grande où ils peuvent être remplacés, soit dans une plus petite exploitation où ils s’approprient la production de A à Z, jusqu’à la vente », observe Olivier. Ils ont donc changé de stratégie pour « faire coller nos exploitations avec les attentes des jeunes, qui se lancent dans une diversité de productions », et proposé le bâtiment vide.
Un an et demi après le début de leurs recherches, c’est un couple qui va s’installer en production de cidre, avec magasin à la ferme. « Le souci aujourd’hui, c’est d’arriver à valoriser ce métier, à le rendre attractif », résume celui qui partira à la retraite dans cinq ou sept ans, selon la réforme à venir.
C’est un métier où il faut de l’humilité : on part avec des idées, mais il faut s’attendre à de nombreux aléas qu’on ne maîtrise pas, comme la sécheresse ou les pluies diluviennes.
Camille Jeune agricultrice
A une trentaine de kilomètres de là, Camille, 31 ans, s’installe en production laitière, après avoir travaillé dans le domaine du numérique, à Paris. « Je suis une pure urbaine, je ne savais pas qu’il fallait un veau à une vache pour qu’elle fasse du lait ! Ou qu’il existait plusieurs systèmes – moi, je pars sur le système herbager, où la part de l’herbe est dominante dans la ration par rapport au maïs », sourit-elle.
La jeune femme, aujourd’hui enceinte de son deuxième enfant, était à la recherche d’un « travail concret et en plein air ». Mais « sans passer ma vie au travail », précise celle qui a repéré des leviers pour réduire le temps de labeur – faire simplement tarir le troupeau au même moment, pour avoir deux mois sans traite, l’hiver.
Aligner les planètes administratives et financières
Au cours de ses stages, elle a découvert différents métiers, de la culture à l’élevage, « et je n’aurais pas imaginé, quand j’ai pensé ce projet de reconversion, m’installer avec des vaches, des animaux que j’ai appris à apprécier ». Pas en bio, en raison de la crise actuelle sur ce secteur. Elle bénéficie d’aides de l’Etat et de l’Union européenne pour sa dotation jeunes agriculteurs (DJA), en plus d’aides de sa commune, et bénéficie des conseils de la chambre d’agriculture, d’associations et de ses pairs.
« C’est un métier où il faut de l’humilité : on part avec des idées, mais il faut s’attendre à de nombreux aléas qu’on ne maîtrise pas, comme la sécheresse ou les pluies diluviennes », rappelle-t-elle. Elle raconte aussi le « parcours du combattant » de l’installation, « quand il faut que la planète administrative et la planète financière soient alignées », et le « bon paquet de paperasse à produire ».
Le terrain, elle l’a trouvé auprès de deux exploitants, Ronan et Dimitri, qui ont acheté les terres d’une ferme voisine pour la céder à un agriculteur qu’ils voulaient choisir, en effectuant le nettoyage et les réparations du bâtiment en amont.
Afin de prendre du recul pour repenser le métier agricole, l’entrepreneur a repris… son emploi dans le BTP. « Les agriculteurs ont plein de solutions à offrir aux entreprises pour décarboner : planter des haies, installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures… Mais on n’a pas d’argent. Les entreprises ont de l’argent et apportent des idées, mais n’ont pas forcément le savoir-faire. » Et de conclure : « On a intérêt à cultiver nos complémentarités pour redonner un coup de jeune à tout le monde. »
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