Touché, mais pas encore coulé. Mis à mal durant la crise sanitaire, le voyage d’affaires repart doucement à la conquête des usagers, tout en connaissant des ajustements. Le télétravail et le développement de la visioconférence ont mis en avant des déplacements parfois non essentiels, couplés à l’urgence écologique qui appelle à plus de sobriété en la matière.

En septembre 2022, Christophe Roth, directeur de mission Business Travel chez Epsa, indiquait aux « Echos » s’attendre « à une perte durable de 20 % de la demande » sur le secteur. Alors les agences de voyages s’organisent, avec des start-up qui développent, encore timidement, des offres « bas carbone ». C’est le cas de Fairjungle​, créée en 2017 et qui vient de lever 4 millions d’euros (dont 400.000 euros de dette) auprès de Galion.exe, le fonds de The Galion Project, et de business angels.

Réduire le nombre de voyages
Le modèle d’affaires, basé sur la licence et sans commission à la transaction – autrement dit, au voyage réservé – est plutôt vertueux dans le sens où la start-up ne gagne pas plus d’argent en fonction du volume de déplacements. Car la meilleure manière de réduire l’empreinte carbone du voyage d’affaires… est d’en réduire le nombre.
« Nous ciblons en priorité des entreprises qui mettent l’écoresponsabilité au centre de leur gestion de voyages. Les collaborateurs privilégient le train à l’avion, et les voyages peuvent être soumis à davantage de contrôles de la part des managers : la durée, la typologie, le motif… » détaille Saad Berrada, le cofondateur, dont la start-up développe aussi une offre d’hôtels « écoresponsables ».

Equiper les agences ou les entreprises
Du côté des entreprises, elles se voient de plus en plus contraintes de réaliser un bilan carbone. C’est déjà le cas pour celles de plus de 500 salariés, et à partir de 2024, pour celles de plus de 250 personnes. Verdir les voyages d’affaires fait partie des briques qui permettent de réduire ses émissions indirectes (scope 3).

Chez Openclassrooms par exemple, pépite du French Tech 120, « les vols courts sont interdits s’il existe des trajets alternatifs de moins de 5 heures », indique Audrey Yvert, directrice de l’impact de la start-up. « Nous avons eu une liste de salariés qui n’avaient pas respecté la consigne, ils ont eu une conversation avec leur manager pour s’assurer qu’ils ne recommenceraient pas », poursuit-elle.

The Treep , elle, veut aller plus loin et mise à terme sur la désincitation au voyage. Cette jeune pousse, née en 2016, veut développer un algorithme pour aider le salarié à savoir si cette « réunion, finalement, doit vraiment se faire en présentiel », détaille Laurent La Rocca, le fondateur. Pour l’instant, la start-up, qui a levé 1,6 million d’euros fin 2022, se contente de proposer des comparaisons en temps et émissions de CO2 des modes de transport et d’hébergements.
Contrairement à Fairjungle, The Treep choisit d’équiper les agences de voyages plutôt que les entreprises directement. Un modèle moins coûteux, qui ne nécessite pas de personnes dédiées au service après-vente, délégué aux agences de voyages – qui sont 25 à être clientes, selon les chiffres communiqués par la start-up.
Reste que ses revenus, certes basés sur l’abonnement, incluent aussi une commission à chaque transaction. « Nous essayons de sortir de ce modèle, car il est écocide », reconnaît le patron. Et de préciser : « Nous visons de vivre uniquement de l’abonnement d’ici à cinq ans. »

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