Un plant de tomate privé d’eau crie. Un plant de tabac que l’on coupe pleure. Vous ne les avez sans doute jamais entendus, et pourtant des chercheurs israéliens affirment que les plantes émettent des ultrasons qui révèlent l’état de la plante. Et s’ils ne sont pas audibles par l’oreille humaine, ils peuvent être enregistrés en serre et interprétés, souligne leur étude parue jeudi dans la revue « Cell » .
Lorsqu’une plante manque d’eau , elle change d’aspect : tous les jardiniers en herbe en ont fait l’expérience. Les scientifiques ont aussi démontré qu’elles pouvaient émettre des composés organiques volatiles , qui influencent les plantes voisines. Il a même été démontré que les plantes réagissaient aux sons.
Un langage des plantes compréhensible
En mettant les plantes sur écoute, grâce à deux micros, les chercheurs israéliens ont désormais identifié des ultrasons. Des végétaux – en l’occurrence des plants de tomate et de tabac – mis en difficultés par la sécheresse ou coupés font plus de bruit – bien qu’inaudible à l’oreille humaine – que les plantes saines. Ils ont d’ailleurs identifié que la tomate – quel que soit son état – n’émet pas les mêmes sons que le tabac, et qu’une tomate assoiffée n’émet pas les mêmes sons qu’une tomate coupée.
En utilisant l’intelligence artificielle – plus précisément le « machine-learning » (apprentissage automatique) -, les chercheurs ont cherché à distinguer les sons émis par les plantes, en fonction de leur espèce et de la nature de leur stress. En serre, ils sont parvenus à distinguer les bruits de la serre et les sons émis par les tomates sèches avec plus de 99 % de précision. Quant à distinguer les tomates en manque d’eau des autres, le niveau de précision était de 84 %.
De nombreuses plantes concernées
Les scientifiques ont également défini un modèle acoustique temporel. Un plant de tomate émet peu de son lorsqu’elle est irriguée puis, si l’irrigation cesse, les sons émis augmentent pendant 4 à 5 jours, avant que le nombre de sons ne décroisse au fur et à mesure que la plante se dessèche. Le nombre de sons varie également en fonction de l’heure : les plants de tomate sont plus bruyants entre 8 heures et midi et entre 16 heures et 19 heures.
Enfin, les chercheurs ont cherché à identifier si ce mode de communication des plantes se retrouvait chez d’autres espèces. Cela est le cas pour le blé tendre, le maïs, la vigne, des cactus ou encore une fleur comme le lamier amplexicaule. Ils ont également constaté que les tomates émettaient des sons différents si elles sont infectées par le TMV (virus de la mosaïque). Mais tous ces langages restent encore à décrypter.
En attendant, cela pourrait être appliqué, après développement, dans les exploitations agricoles, avec « des implications directes pour la surveillance des plantes », soulignent les auteurs. « Nos résultats ouvrent une voie de recherche dans le domaine de l’agriculture de précision », concluent-ils.
Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr
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