Pourquoi sa mise en place a-t-elle été accélérée ?

Pour deux raisons, l’une politique, l’autre stratégique. Le ton a monté ces derniers temps entre les Etats-Unis et la Chine. Les deux premières puissances mondiales se livrent une guerre économique et technologique. Les Etats-Unis ont laissé la Chine prospéré sans craindre d’être détrônés en tant que leader mondial. Le gouvernement chinois ne souhaite pas être dépendant de l’économie américaine. Aujourd’hui, le dollar américain est la référence pour les échanges économiques internationaux. De par son caractère virtuel, le e-yuan pourra être plus facilement implémenté dans des pays sanctionnés par les Etats-Unis et qui menacent d’utiliser la devise chinoise pour réaliser leurs échanges économiques. C’est le cas en Europe et en Afrique notamment, où certains pays sont membres de la nouvelle route de la soie (stratégie de développement pour promouvoir la coopération entre les pays et renforcer la position de la Chine sur le plan mondial, ndlr).
L’autre raison est propre à la Chine. Dans le pays, tous les mouvements des citoyens sont surveillés par le gouvernement central. Le contrôle sur Internet est le plus avancé au monde. Cette monnaie virtuelle permettre d’avoir en plus un contrôle sur les transactions. Cela permettra de lutter contre le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, la corruption et le financement du terrorisme.

Qui teste cette monnaie virtuelle et comment cela fonctionne ?
L’implémentation est testée depuis avril dans des villes choisies par le gouvernement. Les fonctionnaires sont les premiers à la tester. Vingt grandes sociétés proposent quant à elles ce nouveau moyen de paiement. Tout se passe sur mobile grâce à la technologie NFC (sans contact, ndlr). Les banques proposent cette fonctionnalité via leur application. Cela fonctionne de la même manière que WeChat Pay et Alipay.

Avec cette nouvelle monnaie virtuelle, le gouvernement fait donc de la concurrence à WeChat Pay et Alipay ?
Tout à fait. Ces deux entreprises sont indépendantes et cotées en Bourse. Mais la vocation du gouvernement chinois est de faire croître l’économie nationale. Contrairement à WeChat Pay et Alipay, les commerçants seront obligés de proposer ce moyen de paiement. Il aura donc un avantage considérable.

Pensez-vous qu’une telle monnaie virtuelle pourrait voir le jour en Europe ?
C’est déjà le cas. La banque centrale européenne a lancé des études pour faire des recommandations au pays membres. Les pays nordiques sont très en avance sur ces sujets notamment. Les espèces ont presque disparues au profit de la carte bancaire. La Suède teste l’e-krona par exemple. Une monnaie virtuelle pourrait arriver en France également, surtout dans le contexte de crise sanitaire actuelle. Si l’on doit vivre avec le virus, c’est sans doute une bonne chose de ne plus manipuler de l’argent physique.

Les commerçants français devront-ils proposer cette monnaie virtuelle pour leur clientèle chinoise ?
Si les commerçants sont déjà équipés de la technologie qui permet de payer grâce à Alipay et WeChat Pay, ils n’auront rien à faire car le système est le même. Je pense notamment à des établissements comme les Galeries Lafayette. Il faut voir comment la monnaie est acceptée en Chine pour ensuite envisager de la proposer en France. Mais dans tous les cas, c’est un projet à suivre avec beaucoup d’attention.

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