C’est en Israël, terre imprégnée d’Histoire et à la fois tournée vers l’innovation, que le Forum des Pionniers a posé ses valises depuis quelques jours. Une terre hybride, à l’image de la première thématique abordée par la philosophe Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie, qui effectue des travaux de recherche sur ce concept depuis plus de dix ans.

L’hybridation est un vrai sujet de société et concerne le secteur du tourisme comme beaucoup d’autres secteurs. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises sont hyperspécialisées, mais elles ont perdu leur sens. Les jeunes générations, en transférant des compétences d’un secteur à un autre, vont pouvoir participer à ce phénomène d’hybridation.
L’hybridation est différente de la fusion, explique la philosophe. Dans l’hybridation, les deux identités restent bien distinctes. Dans la fusion, ces deux entités viennent en créer une troisième. Le « risque » dans la fusion est de se dénaturer, alors qu’il faut davantage chercher à s’augmenter.
Selon Gabrielle Halpern, l’agence de voyage de demain devra être capable de s’hybrider et de proposer quelque chose de nouveau. L’hôtel, quant à lui, doit rester un point de repère sur le territoire. S’il propose un spa, s’il offre un espace de coworking, il ne s’hybride pas, il se diversifie. En revanche, s’il laisse à voir quelque chose du territoire en proposant des ateliers avec le boulanger ou le fleuriste du quartier, il s’inscrit totalement dans cette notion d’hybridation. « Soyez tous centaures », a appelé de ses vœux la philosophe, en valorisant cette figure mythologique, symbole de ce concept d’hybridation.

Un tourisme empreint de dissonance cognitive
La notion de paradoxe touche également le secteur du tourisme. Dans un contexte d’urgence climatique, on a vu émerger ce qu’on appelle le tourisme de la dernière chance (last chance tourism en anglais). Il consiste à visiter des lieux potentiellement condamnés à disparaître à moyen terme sous l’effet des changements globaux.
Le plus étonnant, comme l’explique Emmanuel Salim, enseignant-chercheur à l’Institut de Géographie et Durabilité de l’Université de Lausanne, est que ce sont les touristes les plus au fait du changement climatique, les plus proches de la nature, qui vont visiter les sites glaciaires alpins, fortement touchés par le réchauffement climatique. Un comportement paradoxal qui crée chez ces touristes une dissonance cognitive : leur comportement ne reflète pas leur opinion ou leur croyance.
Un signe de fin de civilisation ? Non, estime Emmanuel Salim qui y voit une manière de mettre en place un tourisme réflexif qui vient éveiller les consciences de la population en l’invitant à questionner ses pratiques et les lieux qu’elle fréquente. Le glacier ne devient plus seulement un marqueur du réchauffement climatique, mais également un objet de compréhension et d’influence des comportements. Des évolutions qui laissent sans conteste matière à réflexion.

Lire l’article complet sur : www.tom.travel