L’information vient éclairer d’un jour nouveau la récente visite, fin mai, du patron de Google à Bruxelles. La Commission européenne va officialiser, ce mercredi 14 juin, une nouvelle plainte à l’encontre du champion de la publicité en ligne, indique le « Wall Street Journal » confirmant une information de Bloomberg.

D’après le quotidien américain des affaires, l’abus de position dominante reproché à Google serait si important que Bruxelles envisage même d’imposer à l’entreprise de Sundar Pichai la vente d’une partie de son empire des technologies publicitaires. Cette intervention coup de poing s’inscrirait dans la droite ligne de la demande du ministère américain de la Justice, en début d’année, à démanteler Google.

Google, présent sur tous les maillons de la chaîne
Des deux côtés de l’Atlantique, les griefs contre le propriétaire de la régie Doubleclick sont peu ou prou les mêmes. Présent sur de nombreux maillons de la complexe chaîne de la publicité en ligne – aidant les sites Web à vendre leurs espaces publicitaires tout en aidant les annonceurs à occuper ces espaces – Google est accusé de capter la valeur au nez et à la barbe des éditeurs de sites internet et d’empêcher l’émergence d’une offre concurrente.
Google réfute tout abus de position dominante et explique régulièrement son succès par l’efficacité et la compétitivité de ses logiciels. Complémentaire à la vente de ses propres espaces d’annonces en ligne, l’activité de technologie publicitaire a constitué environ 14 % des recettes du groupe dans la publicité sur le premier trimestre de 2023, soit 10 % du chiffre d’affaires sur la période.

Une procédure incertaine
La nouvelle plainte de Bruxelles, sous l’égide de la vice-commissaire Margrethe Vestager, chargée des questions de concurrence, vient conclure une enquête ouverte en 2021. Mais rien ne dit qu’elle aboutira véritablement à une scission de l’entreprise de Mountain View.
Hormis l’éclatement du monopole d’AT&T aux Etats-Unis dans les années 1980, les précédents sont rares. Menacés, IBM et Microsoft y ont échappé par le passé. La procédure sera sans nul doute très longue et n’ordonnera une potentielle séparation qu’à la toute fin, si les faits reprochés sont confirmés et lorsqu’il sera question de statuer sur un remède.

Déjà 8,4 milliards d’euros d’amende
Habitué aux accusations antitrust à Bruxelles, Google a déjà été condamné trois fois par l’Europe dans d’autres dossiers. Sans compter l’amende de 220 millions d’euros infligée par l’autorité de la concurrence française en 2021, le groupe américain a dû payer 8,2 milliards d’euros d’amendes à l’Union européenne pour ses pratiques anticoncurrentielles dans les comparateurs de prix (Google Shopping), les systèmes d’exploitation mobile (Android) et la publicité sur son moteur de recherche AdSense.

Google a aussi dû changer ses pratiques. Mais cette fois-ci, le régulateur semble penser qu’un changement de comportement ne suffira pas à régler le problème.

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