En quoi LinkedIn est un bon poste d’observation du marché de l’emploi ?

LinkedIn, c’est bien plus que cette simple application bleue sur votre téléphone portable ou ce site sur votre ordinateur. Car derrière cela, il y a une capacité à collecter des datas sur le marché de l’emploi de façon absolument massive et à ressortir de l’information grâce à ce que l’on appelle l’« economic graph ». Aujourd’hui, plus de 930 millions de personnes disposent d’un profil sur LinkedIn, 60 millions d’entreprises nous utilisent et il y a 15 millions d’emplois proposés. Chaque minute, ce sont neuf nouvelles connexions entre membres qui sont établies, huit nouveaux emplois qui sont attribués et chaque seconde cinq nouveaux membres créent un profil. Depuis notre poste d’observation, on voit les connexions qui s’établissent entre les personnes et les entreprises et les tendances qui se forment.

Comment voyez-vous évoluer le marché du travail ?

La première tendance qui a retenu mon attention et celle qui tourne autour du « great reshuffle », l’idée, pendant la pandémie, que dans le monde post-Covid toutes les cartes allaient être redistribuées sur le front du monde de l’emploi. Et effectivement, au début, le nombre de personnes qui aspiraient à changer d’emplois a augmenté de 100 % certains mois et dans certains secteurs. Mais maintenant, trois ans plus tard, nous sommes revenus à des niveaux similaires ou inférieurs à ceux d’avant la crise sanitaire. Le marché du travail connaît des cycles.
Le plus fascinant à mes yeux est que les 12 % de propositions d’emplois [à distance] attirent 49 % des candidatures.

Il y a quand même une explosion de l’envie de télétravailler ?

Sur les 15 millions de propositions d’emplois, 2 % des offres étaient pour des emplois à distance avant le Covid-19. On est monté jusqu’à 21 % en avril 2022. Nous sommes maintenant retombés à 12 %. Mais le plus fascinant à mes yeux est que ce sont ces 12 % de propositions d’emplois qui attirent 49 % des candidatures. Il y a une énorme demande de télétravail de la part des salariés mais les entreprises commencent à mettre le pied sur le frein sur ce sujet.

Cela veut dire que les entreprises ne sont pas à l’écoute des salariés ?

Si, et de plus en plus. Ce n’est pas un hasard si, dans les propositions d’emplois, elles mettent de plus en plus en avant ce qui concerne leur culture d’entreprises ou leurs valeurs. Les consultations des offres d’emploi qui comportent des mots-clés ou des références à ces sujets ont connu une augmentation de près de 300 % de la part des postulants. Il faut apprendre à parler et à séduire les salariés de façon proactive. En particulier ceux de la génération Z qui sont très attentifs à ces questions. Ils veulent en savoir plus sur ceux pour qui ils envisagent de travailler. Quelles sont les positions de l’entreprise en question sur les sujets de diversité ou de climat…

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