Les énergies renouvelables restent l’apanage des pays riches. Une absurdité qui doit beaucoup à la frilosité des bailleurs privés, et hypothèque sérieusement nos objectifs climatiques.

Publié le 6 juil. 2023 

L’Afrique est le continent le plus ensoleillé du monde, et paradoxalement celui qui compte le moins de panneaux photovoltaïques. Elle représente la moitié du potentiel solaire de la planète et seulement 1 % de l’énergie dégagée. Cet écart constitue l’une des grandes aberrations de notre politique environnementale : compte tenu de son potentiel et de sa croissance qui en fera le continent le plus peuplé dans les vingt ans qui viennent, l’Afrique devrait être au coeur de l’action. Pour elle et tout autant pour nous, qui vivons dans l’illusion que les grandes avancées occidentales seront forcément suivies ailleurs. A quoi bon faire tant d’efforts en Europe si nos voisins carburent toujours au charbon ?

Le problème est plus largement celui des pays émergents qui concentrent deux tiers de la population mondiale et seulement un cinquième des énergies renouvelables. La situation ne s’améliore pas. Pire, elle se dégrade : les investissements étrangers consentis dans ces pays au titre des renouvelables ont chuté de plus de 10 % l’an dernier.

Frilosité financière
Les barrières pour les investisseurs sont évidemment nombreuses. L’instabilité politique et réglementaire, la lenteur bureaucratique, la faiblesse du prix de l’électricité et l’absence de subventions découragent nombre d’entre eux de franchir la Méditerranée. Certains pays ont suscité d’immenses espoirs, tels le Sénégal et la Tunisie, avant de se refermer sous la pression des « EDF » locaux qui défendaient leur monopole.
D’autres exemples prouvent néanmoins que cette transition énergétique est possible. Le Brésil et l’Uruguay constituent des modèles du genre : ils ont développé des projets renouvelables représentant l’équivalent de 4 à 5 centrales nucléaires, via des appels d’offres et une mise en concurrence totalement assumée. Idem en Egypte et en Afrique du Sud, qui s’imposent comme les deux « terres promises » africaines.

Les fonds publics, qu’ils proviennent de la Banque mondiale, de la BPI ou des agences de développement, ne manquent pas pour réussir cette transition. Les capitaux privés font, en revanche, cruellement défaut. Les banques européennes, et singulièrement les françaises, se sont nettement désengagées d’Afrique – jusqu’à provoquer l’indignation récente d’Emmanuel Macron. Le risque est de rater le « pétrole » du XXIe siècle pour rester concentré sur celui du XXe. Et qu’à force de frilosité financière, on fasse encore chauffer la planète.

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