Plus de 100 millions d’utilisateurs en cinq jours. Les dirigeants de Meta (ex-Facebook) ne cachent pas leur joie face au succès de Threads, un nouveau réseau social lancé la semaine dernière. « Je ne suis pas sûr d’arriver à me faire à cette idée », s’exclame Adam Mosseri, qui dirige Instagram. « C’est fou, je ne parviens pas à en prendre conscience. » Mais le réseau social doit encore faire la preuve de sa capacité à retenir les utilisateurs.
Face à la gestion catastrophique de Twitter par Elon Musk, le groupe dirigé par Mark Zuckerberg a saisi l’occasion de créer une nouvelle plateforme centrée autour de l’écrit. Adam Mosseri affirme néanmoins que « l’objectif n’est pas de remplacer Twitter. […] La politique et l’actualité vont sûrement apparaître sur Threads, mais nous ne ferons rien pour favoriser ces sujets de discussion ».
Pas de publicités
Le lancement de cette application, qui nécessite d’avoir un compte Instagram, repose largement sur l’effet de réseau. Le nouvel utilisateur de Threads peut, en un seul clic, exporter tous ses contacts du réseau social consacré aux photos et aux vidéos. Il est pour l’instant impossible de supprimer un compte Threads sans faire disparaître le compte Instagram associé.
Les premiers utilisateurs de Threads saluent une atmosphère plus saine que sur Twitter, où la qualité des interactions s’est dégradée depuis le rachat de la plateforme par Elon Musk. Cependant, le nombre de comptes ne suffit pas à assurer le succès commercial de la plateforme. Il faudra aussi s’assurer que ces derniers restent actifs, une fois que l’effet de nouveauté sera passé.
Pour l’instant, il n’est pas possible de rechercher une conversation par mot-clé ou d’envoyer un message privé. Les suggestions de comptes à suivre sur la plateforme sont rarement pertinentes. Et « une partie de l’attrait de Threads aujourd’hui réside dans le fait qu’il n’y a pas de publicités », note Jasmine Enberg, analyste chez Insider Intelligence.
Prévisions optimistes
Un atout qui devrait disparaître dès que Meta cherchera à tirer profit de cette large base d’abonnés. Evercore ISI, un cabinet de conseil, estime que Threads pourrait rapporter 8 milliards de dollars à Meta dans deux ans.
Ce qui dépasserait les 5,1 milliards de ventes publiées par Twitter en 2021, sa dernière année complète avant son rachat par Elon Musk. Fin juillet 2022, le réseau social à l’oiseau bleu comptait près de 240 millions d’utilisateurs.
Threads n’est pas le seul réseau social à tenter de tirer parti des difficultés de Twitter. Bluesky a réussi à attirer 1 million d’utilisateurs, bien qu’il fonctionne sur invitation uniquement. Mastodon devrait, quant à lui, être relié à Threads, de telle sorte que les utilisateurs pourront envoyer des messages d’une plateforme à l’autre. La personnalité clivante d’Elon Musk peut aussi inciter certains à quitter Twitter.
Absent dans l’UE
L’application de Meta est disponible dans plus de 100 pays, dont les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et le Japon. Cette liste exclut en revanche les pays de l’Union européenne. Le nouveau réseau social veut éviter de s’attirer les foudres des régulateurs européens.
«Il y a eu des spéculations sur pourquoi nous n’avons pas encore lancé Threads dans l’UE,» écrit Rob Sherman, le vice-président chargé du respect de la vie privée chez Meta. Selon lui, «l’application respecte les règles fixés par le RGPD [règlement général sur la protection des données].»
Il fait allusion, en revanche, à des «exigences réglementaires qui n’ont pas encore été clarifiées» – une référence claire au DMA, le «digital market act» qui a pour but de limiter le pouvoir de plateformes dont Meta. Dans l’incertitude, le groupe californien s’est abstenu de lancer l’application dans l’Union européenne.
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