Amazon crée la surprise à Wall Street. Le géant américain de l’e-commerce a publié, jeudi soir, des résultats largement supérieurs aux attentes au deuxième trimestre. Ses ventes ont bondi de 11 % en un an. Elles atteignent les 134,4 milliards de dollars entre avril et juin, contre 121 milliards l’année dernière. Les profits s’établissent à 6,75 milliards de dollars, contre une perte l’année dernière à la même époque.

Face à ces bonnes nouvelles, l’action Amazon a décollé, grimpant de 9,5 % dans les échanges après la fermeture des marchés financiers.
Le groupe de Seattle, qui avait profité d’un élan sans précédent pendant la pandémie, a eu du mal à s’adapter à un retour à la normale. Comme d’autres géants de la tech, son redressement est passé par un plan drastique de licenciements : 27.000 personnes en quelques semaines.

Réorganisation
Lors d’une conférence téléphonique avec des analystes, Andy Jassy, le PDG d’Amazon, a vanté la réorganisation de son entreprise. Elle a notamment transformé son réseau d’entrepôts en Amérique du Nord, en le divisant en huit régions distinctes au lieu d’une. « Nous conservons une large sélection de produits dans ces centres, ce qui permet d’accélérer la distribution aux consommateurs, tout en limitant les coûts, » a-t-il déclaré.
Cette plus grande efficacité contribue aussi à la hausse des ventes. « Nous avons des données qui montrent que, lorsque nous promettons de livrer plus vite, les clients achètent souvent beaucoup plus, » a poursuivi le patron. « Par ailleurs, lorsque les gens savent qu’ils peuvent avoir leurs produits rapidement, ils pensent davantage à nous pour leurs achats futurs. »

Ralentissement du cloud
La branche cloud d’Amazon accuse en revanche un ralentissement marqué. Les ventes d’AWS, qui dépassent désormais les 22 milliards de dollars, croissent de 12 % seulement sur un an. L’année dernière, à la même époque, cette filiale enregistrait un taux de croissance annuel de 33 %. Le géant reste néanmoins le leader du secteur.

Andy Jassy s’est montré rassurant face aux analystes. « Même si nos clients ont continué à optimiser [leurs coûts] pendant le dernier trimestre, nous avons vu de plus en plus de clients changer de priorité vers plus d’innovation et déployer de nouvelles charges de travail sur le cloud, » a expliqué le patron, laissant entendre que la croissance serait bientôt de nouveau au rendez-vous.

Investissements dans l’IA
Il a par ailleurs détaillé les efforts d’Amazon pour se tailler une part du marché de l’intelligence artificielle générative, un marché en pleine expansion. L’entreprise de Seattle a développé deux puces, baptisées Trainium et Inferentia, qui peuvent entraîner et faire fonctionner des modèles de langage.
Par ailleurs, « la plupart des entreprises nous disent qu’elles ne veulent pas investir des milliards de dollars et passer plusieurs années » à développer des modèles d’IA, ajoute le PDG. « Elles préfèrent avoir accès à ces larges modèles de langage et pouvoir les personnaliser avec leurs propres données, sans que ces données fuitent dans le modèle général. » AWS leur donne accès à des modèles élaborés par Anthropic, StabilityAI, Cohere, et Amazon lui-même.

Enfin, le groupe de Seattle a créé CodeWhisperer, un assistant qui utilise l’intelligence artificielle générative pour suggérer des lignes de code aux développeurs. GitHub, la plateforme de code en open source, a lancé un outil de ce type, Copilot, très populaire parmi les ingénieurs informatiques . Microsoft a annoncé qu’il mettrait bientôt cet outil à disposition de ses propres clients, au prix de 30 dollars par mois.

Essor de la publicité
En attendant que l’IA revigore AWS, le géant fondé par Jeff Bezos peut compter sur la publicité digitale « La publicité est une source de profits de plus en plus critique pour Amazon, » explique Andrew Lipsman, analyste chez Insider Intelligence. « Elle s’est particulièrement bien portée ce trimestre, et cela devrait encore s’améliorer pendant la deuxième moitié de l’année, grâce à Prime Day et aux fêtes de fin d’année. »

L’envolée de l’e-commerce permet en effet à l’entreprise fondée par Jeff Bezos de vendre toujours plus de publicités sur sa plateforme. La vente d’espaces publicitaires a rapporté 10,7 milliards de dollars à Amazon en trois mois, en hausse de 22 % sur un an. Ce qui confirme la bonne santé du marché de la publicité en ligne , après plusieurs trimestres de stagnation.

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