Le gouvernement chinois a de grandes ambitions pour le RMB (renminbi, ce qui veut dire en chinois la « monnaie du peuple ») et veut en faire une grande monnaie internationale.
Pour cela, d’abord, il a développé pour le RMB la technologie de monnaie digitale de banque centrale, qui est une monnaie gérée sur la Blockchain, qui est au passif de la banque centrale, avec l’intention de faciliter les paiements internationaux en RMB. Il a créé le Système international de paiements chinois (China International Payment System, CIPS) comme une alternative à SWIFT pour les paiements transfrontières en RMB.
Enfin, la Chine a signé des accords avec plusieurs pays (Brésil, Arabie saoudite, Emirats arabes unis) pour commercer avec ces pays en RMB et non plus en dollars. L’objectif clair du gouvernement chinois est d’échapper aux tribunaux et à l’administration américaine, qui pratique l’extraterritorialité du droit américain.
Un dollar qui progresse
Mais nous pensons que le RMB chinois n’a pas le potentiel, les caractéristiques qui lui permettraient de devenir une grande monnaie internationale. D’abord, il faut remarquer que le poids international du dollar continue à progresser alors que le poids international du RMB reste stable et extrêmement petit, tant pour les transactions commerciales que les transactions financières.
Aussi bien dans les réserves de change que sur les marchés financiers internationaux et que dans la facturation du commerce de biens et services, le RMB est très loin de menacer le dollar. Nous pensons que, même dans le futur, le poids du RMB restera faible. Commençons par analyser les caractéristiques que doit présenter une monnaie de réserve internationale.
Elle doit d’abord être associée à un marché obligataire, particulièrement à un marché des obligations souveraines, de grande taille et très liquide. La dette publique obligataire des Etats-Unis est de près de 120 % du produit intérieur brut des Etats-Unis, et cette dette est échangée sur un marché (le marché des Treasuries) de très grande taille et très liquide.
Un RMB non convertible
La dette publique obligataire chinoise (les collectivités locales chinoises ont un endettement important sous forme de crédits bancaires) atteint 50 % du PIB de la Chine et elle est échangée sur un marché régulé et dominé par les banques. Une monnaie de réserve doit de plus être convertible dans n’importe quelle monnaie, ce qui n’est pas le cas du RMB, qui n’est pas convertible.
Enfin, il est mieux que le pays qui émet une monnaie de réserve ait une dette extérieure nette et des déficits extérieurs, puisque ainsi il satisfait le besoin de détention de titres émis dans sa monnaie dans le reste du monde. C’est le cas des Etats-Unis mais pas de la Chine (qui a des avoirs extérieurs nets de 30 % du PIB et une balance courante excédentaire, depuis quelques années, de 2 points de PIB environ).
On voit donc que le RMB chinois ne présente aucune des caractéristiques qui pourraient faire du RMB une monnaie de réserve internationale. Le fait que le RMB n’ait pas les caractéristiques d’une monnaie de réserve internationale va aussi le pénaliser pour obtenir le statut de monnaie de transaction commerciale.
Une monnaie dominante
Prenons un pays exportateur de matières premières (pétrole, matières premières agricoles, métaux). S’il reçoit pour ses exportations vers la Chine un paiement en RMB, puisque le RMB n’est pas convertible, il sera contraint soit d’acheter des produits chinois pour le montant de ses exportations de matières premières, soit de déposer le montant de ses exportations sous la forme de réserves de change en RMB. Cela réduira considérablement la liberté de ce pays exportateur de matières premières d’utiliser comme il le souhaite le revenu tiré de ses exportations.
Il est donc improbable que la Chine réussisse à donner une part de marché considérable au RMB soit sur les marchés financiers, dans les réserves de change des banques centrales, soit dans les échanges commerciaux internationaux.
L’analyse de l’histoire montre qu’un monde multipolaire en termes de devises n’est pas apparu. Il y a toujours eu une monnaie dominante et le remplacement d’une monnaie dominante par une autre monnaie, par exemple de la livre sterling par le dollar après la Première Guerre mondiale, se fait rapidement et brutalement quand la nouvelle monnaie dominante a davantage les caractéristiques nécessaires que l’ancienne. Ce n’est clairement pas le cas du RMB comparé au dollar.
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