Parfois, les Américains aimeraient que la sacro-sainte liberté d’expression soit mieux encadrée. Surtout quand des universités parmi les plus prestigieuses des Etats-Unis s’y réfèrent pour refuser d’interdire sur leur campus les appels à éliminer les juifs et à détruire Israël. Mardi, les présidentes de trois établissements d’élite se sont laborieusement justifiées lors d’une audition à la Chambre des représentants, suscitant un flot de réactions indignées.
Appeler au génocide des juifs revient-il à violer le code de conduite ou les règles de votre université ? Sally Kornbluth du MIT, Liz Magill de l’université de Pennsylvanie et Claudine Gay de Harvard ont refusé de répondre par l’affirmative à cette question simple. La députée républicaine de New York, Elise Stefanik, l’a resservie plusieurs fois, exaspérée par leurs propos fuyants.
Il y a infraction « si des individus sont visés, pas s’il s’agit d’une déclaration publique », a expliqué Sally Kornbluth, en ajoutant ne pas avoir entendu d’appels au génocide au MIT, mais tout de même « des chants qui peuvent être antisémites en fonction du contexte quand ils appellent à l’élimination de juifs ». Pour que l’administration enquête au motif d’un « harcèlement », il faut que cela soit « propagé » ( « pervasive ») et « sévère », a-t-elle ajouté.
Retranchées derrière la liberté d’expression
« Si le discours se transforme en conduite, cela peut être du harcèlement, oui », a répondu Liz Magill de U-Penn. « C’est-à-dire l’acte de commettre le génocide. C’est inacceptable », s’est scandalisée Elise Stefanik.
De même, Claudine Gay a jugé que la « rhétorique antisémite » sur le campus de Harvard devait être réprimée « lorsqu’elle se mêle à une conduite » et lorsqu’elle « cible un individu ».
Ces dirigeantes ont assuré qu’elles avaient l’antisémitisme en horreur, cependant elles se sont continûment retranchées derrière la liberté d’expression pour justifier leur inaction.
Un démocrate du New Jersey a aussi reproché à Liz Magill d’avoir autorisé sur le campus de U-Penn un festival pro-palestinien avec plusieurs intervenants antisémites, en septembre : « Permettriez-vous à votre département des études de sponsoriser une conférence avec 25 porte-parole identifiés comme racistes ? » a-t-il demandé pour tenter de l’ébranler, connaissant la sensibilité de l’élite universitaire au sujet de la discrimination des noirs. « La réponse est que nous suivons nos règles », basées sur « la Constitution », la « liberté académique » et la « liberté d’expression », s’est obstinée la présidente.
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