En 2024, les « visio » Teams ou Zoom auront-elles lieu sur un smartphone dopé à l’IA, ou dans le prochain casque VR-AR d’Apple, le fameux Vision Pro à 3.500 euros ? Alors que 130.000 personnes convergent vers Las Vegas pour le CES 2024, le rendez-vous mondial de la tech et des innovations grand public, « Les Echos » ont identifié les six tendances du secteur à suivre cette année. Revue de détail.

·L’IA générative débarque dans l’électronique grand public
Un an après la révolution ChatGPT, l’IA générative débarque dans les appareils électroniques du quotidien, à commencer par le plus utilisé d’entre eux : les smartphones. Dans dix jours, Samsung Electronics dévoilera ainsi ses nouveaux « flagships » avec, à l’intérieur, un outil de traduction reposant sur l’IA afin de traduire quasiment en temps réel les communications.
De même, Google a dévoilé à l’automne deux smartphones avec un assistant personnel intelligent permettant, entre autres, de filtrer des coups de fil, retrouver et résumer des e-mails, etc. « L’IA permet à la fois de la personnalisation et une spécialisation. Le smartphone sera bientôt ainsi capable de devancer nos besoins », explique Vincent Vella, directeur technologies émergentes chez Fabernovel. « Ce sera même un critère de différenciation. »
Parallèlement, l’IA arrive aussi dans les enceintes connectées. Amazon a annoncé qu’Alexa pourrait, par exemple, se souvenir d’une conversation et assister les utilisateurs pour écrire un mail, proposer des recettes de cuisine en fonction de ce qu’il reste dans le réfrigérateur, etc. De même, la télévision sera aussi plus personnalisée. « On pourra parler à sa smart TV pour lui indiquer ses préférences, indépendamment de toute chaîne ou programmes », reprend Vincent Vella.
« Aujourd’hui, les interactions se font de façon tactile, demain cela pourrait basculer vers le vocal. Une innovation marquante qui sera présentée au CES : la bague de VTouch dans laquelle on peut chuchoter, pour avoir des conversations quotidiennes avec une IA, même dans un environnement bruyant », ajoute Florent Roulier, responsable innovation numérique chez Niji.
Coté PC, l’annonce toute récente d’une touche « IA » sur les claviers des ordinateurs Microsoft est, pour Vincent Vella, « un important signal ». Ces boutons existeront, dans un avenir proche, sur les claviers ou télécommandes de nombre d’objets.
Reste enfin l’électroménager connecté : aspirateurs, fours, réfrigérateurs embarquant l’IA. « Mais là, les fonctions seront limitées, l’IA générative ayant une compréhension pratique limitée du monde environnant », ajoute-t-il. En revanche, des « compagnons » comme les jeux ludo-éducatifs pour les enfants, ou des objets pouvant discuter avec des personnes âgées, sont promis à un bel essor. D’ores et déjà LG a lancé un robot bipède, permettant de surveiller la maison mais aussi de converser.

· Les casques immersifs n’ont pas dit leur dernier mot
Du plongeon total dans un monde numérique à la simple superposition de pixels sur une visière transparente, les casques de réalité virtuelle (VR) ou augmentée (AR) entendent bien survivre à la déception du métavers. Poussée à grands moyens par Meta, cette idée d’un environnement parallèle en ligne n’a pas pris. Mais les fabricants comptent repartir à la conquête des foules avec des appareils promettant des expériences plus modestes (jeu vidéo, visioconférence, etc.).
2024 verra ainsi l’entrée très attendue d’Apple sur ce marché, après des années de suspens. Son casque Vision Pro est attendu pour février prochain. Bien que certainement trop cher (3.499 dollars) pour devenir un best-seller, le produit sera jugé sur sa capacité à susciter un enthousiasme, au-delà du cercle des spécialistes et des professionnels.
Heureusement pour Apple, le marché se porte mieux. Après une année 2023 à oublier et des volumes de ventes en déclin de 8,3 % selon le cabinet IDC, 2024 s’annonce sous de meilleurs auspices. Les analystes tablent sur un rebond des ventes (+46 %). De quoi tutoyer les 12 millions d’appareils vendus dans les douze mois à venir, dont moins de 200.000 Vision Pro. Meta espère bien lui aussi surfer sur cette dynamique : déjà disponible, le Meta Quest 3 de l’entreprise de Mark Zuckerberg a réussi à relancer sur la fin de l’année les ventes du groupe dans le domaine et devrait continuer à connaître le succès dans les mois à venir.

· Le décollage des smartphones pliables
C’était jusqu’à présent un segment de niche. Mais cette fois, l’accélération des ventes de smartphones à écran pliable commencera réellement en 2024, à en croire le cabinet Counterpoint. Selon ses prédictions, ces appareils vont pour la première fois représenter plus de 10 % des ventes de smartphones haut de gamme cette année (13 % en 2024, contre 8 % en 2023 et 5 % en 2022). Ainsi, 30 millions de smartphones à écran pliable devraient trouver preneur en 2024, et plus de 100 millions en 2027, à comparer à un total de plus de 1 milliard de smartphones vendus chaque année.
Pionnier et numéro un de la catégorie, Samsung devrait encore conserver sa couronne. Mais de Xiaomi à Huawei, la concurrence s’aiguise sur ce segment — Apple étant le seul fabricant à ne pas avoir lancé de modèle pliable. Face à cela, le chaebol sud-coréen mise pour ses prochains modèles sur un agrandissement des écrans.

· La connectivité en tout point du globe avec les « satphones »
Envoyer un SMS ou passer un appel via un satellite dans l’espace : en 2024, cet usage sera de moins en moins réservé aux marins de haute mer ou aux militaires. Le marché du « satphone », les smartphones pouvant se connecter directement à un satellite, en plus de la 4G ou de la 5G terrestre, est en effet en plein essor, notamment depuis qu’Apple a intégré cette fonctionnalité dans ses iPhone 14 en 2022. Selon Deloitte, 200 millions de « satphones », toutes marques confondues, seront vendus en 2024, avec à l’intérieur, de nouvelles puces représentant une valeur de 2 milliards de dollars.
Sur le papier, ces appareils sont potentiellement une bouée de secours pour les 400 millions de personnes dans le monde non couvertes par les réseaux télécoms. Mais du fait de leur prix encore élevé, ils s’adressent pour le moment aux consommateurs des pays développés, pour envoyer un SMS d’urgence lors d’une randonnée de montagne, par exemple.
L’intérêt est surtout économique. Les fabricants de smartphones y voient une opportunité pour relancer un marché atone et se différencier. C’est aussi une nouvelle source de revenus potentielle pour les opérateurs télécoms. Aux Etats-Unis, T-Mobile s’est ainsi associé à SpaceX pour que ses clients puissent « texter » via satellite courant 2024. Pour cela, l’entreprise aérospatiale d’Elon Musk vient tout juste de lancer début janvier les six premiers satellites Starlink qui vont permettre de tester ce service.

· La santé connectée au plus près du quotidien
La santé connectée ne se résume plus à porter une montre pendant ses sorties running, un marché du « wearable » largement dominé par Apple (41 milliards de dollars de revenus sur ce segment en 2022), suivi par d’autres grands acteurs comme Samsung, Garmin ou Fitbit.
Matelas, balance… Toute une série d’objets du quotidien se déclinent désormais en version « santé connectée », comme ce grand miroir dévoilé au CES par la société Baracoda, qui divulgue des conseils personnalisés de gestion du stress. Les innovations les plus prometteuses sont dédiées aux seniors. Ainsi, les lunettes intelligentes de la start-up sud-coréenne Cellico permettent à ceux souffrant de dégénérescence maculaire de retrouver leur vision.
Le britannique GyroGear, lui, a développé un gant qui stabilise les tremblements de la main, pour les personnes atteintes de Parkinson. Egalement au CES, des écouteurs de dernière génération, à peine visibles, apportant une assistance auditive de haute qualité…
Plus largement, la santé de présentés s’annonce comme celle de la télémédecine. La société française Withings fait d’ores et déjà fait sensation au CES avec la présentation de BeamO, un appareil tout-en-un, capable de faire office de stéthoscope, de thermomètre, ainsi que d’oxymètre et d’électrocardiogramme afin de vérifier l’état de santé du coeur.

· Des « mini-batteries » de quelques millimètres
Que ce soit dans les voitures ou dans les appareils du quotidien, l’autonomie et le coût environnemental des batteries restent des préoccupations majeures. Mais cela pourrait bientôt changer grâce aux progrès récents de l’industrie.
« Alors que le LFP [lithium-fer-phosphate] et le NMC [nickel manganèse cobalt] deviennent la norme pour les véhicules électriques, plusieurs technologies sont à l’étude autour de la chimie des batteries, telles que les batteries sans cobalt (sodium-ion) ou les batteries à l’état solide, avec une accélération probable en 2024 », prédit Pascal Brier, directeur de l’innovation de Capgemini. Ces dernières présentent l’avantage d’être dotées d’une plus grande capacité de stockage pour un coût moins élevé, et réduisent la dépendance de l’industrie aux terres rares, ainsi qu’au lithium, au nickel et au cobalt.
Au CES, la société française ITEN présentera ainsi ses microbatteries SMD à l’état solide : d’à peine 3 millimètres, elles peuvent être rechargées en une dizaine de minutes afin d’alimenter un objet connecté. De même, l’américain Ambient Photonics ambitionne de révolutionner l’électronique en présentant une nouvelle technologie de cellules solaires intérieures sans batterie.

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