Il était attendu. La Nasa va dévoiler le X-59 dans son revêtement final vendredi à Palmdale, en Californie (minuit, heure française). L’avion supersonique doit résoudre une quadrature du cercle : dépasser le mur du son sans créer de « bang » sonique. Il a été conçu conjointement avec le fameux bureau d’études Skunk Works de Lockheed Martin pour un budget de 250 millions de dollars.

Des premières images inédites avaient déjà été dévoilées au mois d’août 2023, avant qu’il n’entre dans le hangar de l’aérodrome pour revêtir son dernier habit de peinture rouge, blanc et bleu. Une peinture qui n’ajoute pas seulement une valeur esthétique mais « aide à protéger l’avion de l’humidité et de la corrosion et comprend des marquages de sécurité clés pour faciliter les opérations au sol et en vol », explique l’agence spatiale américaine.
                                                                          
« Le bruit d’une port                                                              nçu pour atteindre une vitesse de 1.500 km/h à 17.000 m d’altitude, tout en ne dépassant pas les 75 décibels. A titre de comparaison, le Concorde volait à une vitesse de croisière de 2.100 km/h et décollait avec un niveau sonore de 120 décibels. Inacceptable aujourd’hui, compte tenu des normes internationales. Le bruit était tel qu’il lui était d’ailleurs interdit de survoler de nombreuses zones habitées.
« Quand un avion dépasse Mach 1 [1.224 km/h, NDLR], il vole plus vite que la vitesse de propagation des ondes sonores qu’il génère. Cela forme une onde de choc attachée au nez de l’avion qui va ensuite se propager et être audible au sol, explique Quentin Bennehard, chercheur à l’Office national d’études et de recherches aéronautiques. La propagation du bruit a lieu tout au long du vol de l’avion, pas simplement lors du franchissement du mur du son. »

C’est grâce à la forme de son nez allongé de 12 m de long que l’agence spatiale américaine compte réduire le « bang » du passage du mur du son à celui « d’une porte de voiture qui claque ». Plusieurs fois reportés, les premiers vols d’essais devraient avoir lieu cette année. Des tests sont prévus d’abord dans le désert de Mojave entre Los Angeles et Phoenix, puis au-dessus de villes américaines, où des micros au sol mesureront la signature acoustique de l’appareil.

Vers un retour des vols supersoniques commerciaux
Objectif à l’issue de cette période qui durera plus de trois ans, le temps d’analyser les données sonores et l’avis des populations concernées : faire lever l’interdiction des vols civils supersoniques au-dessus du sol américain, jugés trop bruyants. Elle avait été édictée en 1973, juste après l’abandon par Boeing d’un projet de supersonique concurrent du Concorde.
Les tests devront aussi démontrer que le moteur développé par General Electric, une variante de celui des avions de chasse américains F-18 Super Hornet , n’explosera pas les normes de consommation de carburant et de pollution. Un pari difficile, selon l’ International Council on Clean Transportation , qui estime qu’un avion supersonique consommerait 7 à 9 fois plus de carburant par passager qu’un appareil subsonique.

La Nasa n’est pas la seule à souhaiter le retour des vols commerciaux au-delà du mur du son. La start-up américaine Boom a déjà séduit plusieurs compagnies aériennes avec son projet d’avion supersonique durable qu’elle espère voir voler d’ici la fin de la décennie. De son côté, la start-up suisse Destinus s’est même lancé le projet fou de rallier Paris à New York en 1 h 30 grâce à un avion hypersonique propulsé à l’hydrogène.

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