Cette fois, l’adjectif « fou » s’applique vraiment. Le patron d’OpenAI et l’homme qui incarne ChatGPT, Sam Altman, veut lever des milliers de milliards de dollars pour réorganiser l’industrie mondiale des semi-conducteurs et s’est entretenu avec de potentiels investisseurs, dont le gouvernement émirati, rapportait jeudi le « Wall Street Journal » (« WSJ »).

Une telle initiative serait totalement inédite par sa taille et son impact sur la vie économique mondiale. Comme dit le « WSJ » avec un sens certain de l’euphémisme, elle ferait face à des « obstacles significatifs ». Mais le charisme de Sam Altman et sa capacité à emmener avec lui des financiers et des ingénieurs – ce qu’a prouvé la saga de son aller-retour d’OpenAI en novembre dernier – font qu’il n’est pas possible de classer définitivement une telle ambition dans la catégorie des châteaux en Espagne. Du reste, OpenAI ne dément pas l’information.

Entre 5.000 et 7.000 milliards de dollars
L’homme qui incarne le plus la révolution en cours de l’intelligence artificielle générative chercherait à lever entre 5.000 milliards et 7.000 milliards de dollars, en grande partie en dettes et sur un nombre d’années non précisé. Soit, dans le haut de la fourchette, 7 % du PIB mondial 2023, et 14 fois la taille du marché des puces d’aujourd’hui (527 milliards) ! Toutes les entreprises américaines ont levé l’an dernier pour 1.440 milliards de dollars de dettes, d’après la Securities Industry and Financial Markets Association citée par le « WSJ ». Selon PwC, les actifs sous gestion dans le monde ont pesé 114 milliers de milliards de dollars en 2022.
OpenAI a participé à « des discussions productives autour du développement de l’infrastructure mondiale et des chaînes d’approvisionnement pour les puces, l’énergie et les data centers », selon une porte-parole de l’entreprise interrogée par le quotidien, ajoutant qu’OpenAi « continuera à tenir le gouvernement américain informé ».

Le pari d’un développement exponentiel
Cette initiative, si elle voit jamais le jour, fait le pari d’un développement exponentiel de l’intelligence artificielle. Elle part du postulat qu’il faut changer d’échelle pour répondre aux défis à venir, comme cela peut être le cas dans la lutte contre le changement climatique. Elle éclipserait les initiatives de tous les Etats de la planète, en particulier occidentaux, qui cherchent à rapatrier chez eux la production des puces, essentielles à toute l’économie, face à la vulnérabilité de Taïwan, la principale zone de production des plus sophistiquées d’entre elles. Ce projet devrait sans aucun doute se coordonner avec les politiques de soutiens publics pour ce secteur. Le « WSJ » relève que Sam Altman voudrait que les usines de puces qu’il envisage soient bâties aux Etats-Unis, mais le pays se heurte déjà à des pénuries de talents.
Dans un tweet du 7 février, Sam Altman estime que le monde a besoin de plus d’infrastructure IA au sens large – « capacité des usines, énergie, data centers, etc. » – que ce qu’on imagine aujourd’hui. « OpenAI est prêt à aider ! » déclare-t-il. Sont évoqués dans le quotidien économique américain des partenariats avec les géants de l’industrie pour lever cet argent. On ne sait pas si les milliers de milliards envisagés seraient levés par une entité ou tout un attelage de participants à ce chantier. La gouvernance d’un tel projet est à écrire.

Sam Altman chercherait à résoudre certains des plus grands défis auxquels fait face le secteur de l’intelligence artificielle en pleine expansion, notamment une pénurie de puces informatiques coûteuses nécessaires pour faire fonctionner les grands modèles de langage comme ChatGPT, Gemini (Google)…

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