Tout en restant discrète, Zama entend révolutionner la protection de la vie privée en ligne. Spécialisée dans le « chiffrement complètement homomorphe » (« FHE » en anglais), elle se destine à devenir une brique indispensable du web, comparable au « HTTPS », venu remplacer le « HTTP » mais sans que le grand public ne le voie forcément. Pourtant, ce menu changement a considérablement sécurisé nos sites Internet.
Avec le « FHE », Zama veut protéger les données personnelles de façon profonde, en chiffrant toutes les données. « Si j’utilise ChatGPT, j’envoie mes données à OpenAI de façon chiffrée, mais, lui, il les déchiffre pour les analyser, comme toutes les entreprises. Avec le FHE, les données sont tout le temps chiffrées et OpenAI ne voit jamais ce que je lui envoie », illustre le fondateur Rand Hindi , connu pour avoir revendu sa précédente start-up ( Snips ) à Sonos pour 37 millions de dollars en 2019. L’exemple d’OpenAI n’est pas anodin, lui qui a déjà été victime d’un vaste piratage fin 2023 .
Le cofondateur d’Ethereum dans les investisseurs
Après avoir levé 1 million d’euros en pré-amorçage en 2020 et 6,5 millions en amorçage en 2021, Zama annonce une « série A » de 73 millions de dollars. Dans le contexte actuel de marché , c’est une prouesse – et la valorisation n’est pas en reste, même si Zama la garde secrète.
Le profil des investisseurs est orienté blockchain car c’est ce marché que cible d’abord la start-up : Multicoin Capital, Protocol Labs, Metaplanet, Blockchange Ventures, VSquared, Stake Capital et les pionniers Juan Benet (fondateur de Filecoin), Anatoly Yakovenko (cofondateur de Solana) et Gavin Wood, cofondateur d’Ethereum. Zama (75 experts dont un tiers de doctorants) va investir en recherche et développement pour doper la vitesse de sa technologie, principal frein actuellement.
Séduire les institutions financières
Jusqu’à présent, ce type de chiffrement était « inutilisable » car trop lent. Mais les récentes découvertes de Pascal Paillet, associé de Rand Hindi, ont débloqué son potentiel.
Malgré tout encore trop complexe pour seoir à tous les secteurs, Zama se limite à la blockchain, dont la transparence est autant sa force que sa faiblesse. C’est la raison pour laquelle les grandes institutions financières préfèrent créer leur propre blockchain privée – par opposition aux publiques, comme Ethereum. Mais selon Zama, quand ces chaînes privées doivent s’interconnecter, via des ponts, cela induit un risque cyber trop grand.
Dans sa centaine de clients déjà signés en six mois, pour « plusieurs dizaines de millions d’euros », la start-up compte « de grandes institutions financières qui sont en train de tokeniser des actifs ». La jeune pousse facture ses clients classiques en monnaie fiduciaire mais ses clients « Web3 » en tokens, prenant le pari risqué qu’ils s’apprécieront.
Passer un cap avec l’IA
Zama a notamment pour client un certain Shiba Inu , une blockchain connue pour sa crypto parodique valorisée 21 milliards de dollars, mais qui est en train de développer un écosystème complet, incluant jeux et paiement. Avec la multiplication des fuites de données, affectant aussi bien les PME que les GAFA – et même le leader du séquençage d’ADN 23andMe, qui a perdu les datas de 7 millions de clients en 2023… -, l’ambition de Zama est d’être intégré par défaut aux services naissants, ou de se brancher aux existants.
Sa prochaine cible est l’intelligence artificielle générative, où le besoin en sécurisation devient impérieux. Mais pour cela, la jeune pousse va certainement devoir acquérir de coûteuses puces spécialisées (GPU) afin de passer un cap.
IA, santé, vote, consommation, services publics, publicité, finance, éducation… A terme, Zama espère sécuriser suffisamment ces services critiques pour démultiplier les cas d’usage.
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