Plus d’un milliard d’euros. Chez L’Oréal, l’innovation numérique le vaut bien. Le groupe français, qui entend garder un rythme de croissance nettement supérieur au marché , investit désormais chaque année, cette somme dans la tech et l’intelligence artificielle (IA). C’est un budget légèrement supérieur à celui consacré à la recherche. « Pour rester numéro un des cosmétiques, il faut être leader de la beautytech », assure Stéphane Lannuzel, directeur du programme « Beauty Tech » lancé en 2018 chez L’Oréal. La beautytech est partout, avec les QR codes qui figurent aujourd’hui sur plus de 1,5 milliard d’unités de produits. Les outils tech sont devenus le bras armé des soins de la peau comme des cheveux.

Le géant de la beauté a dévoilé, mardi 21 mai à VivaTech , un nouveau programme (New Codes of Beauty Creator Program) conçu en partenariat avec Meta. Il sera mis à profit à travers une trentaine de « créateurs experts », principalement des influenceurs, dans le cadre d’une collaboration avec, dans un premier temps, les marques puissantes de L’Oréal Paris, Lancôme, La Roche-Posay – engagées dans la tech et très présentes sur les réseaux sociaux.

Un laboratoire pour produire des images
Le groupe a par ailleurs présenté à VivaTech, un laboratoire, CreIAtech, exploitant l’intelligence artificielle générative ayant déjà produit plus de 1.000 images. Mais il s’engage à ne jamais exploiter des visages, corps, cheveux générés par l’IA, pour promouvoir un produit. Ce laboratoire s’appuie sur un espace créé avec Nvidia, hébergé de manière sécurisé chez L’Oréal.
Plus de 8.000 salariés sont impliqués dans la tech en interne, le double de la masse salariale des chercheurs. Mais l’entreprise aux dizaines et dizaines de marques ne veut pas en faire une affaire de spécialistes. « D’ici à la fin de l’année, nous allons former 40.000 collaborateurs à la GenAI », explique Stéphane Lannuzel, qui a l’ambition de développer une formation interne « GenAI pour tous ».

En 2023, ce sont aussi 35.600 collaborateurs de L’Oréal formés au programme « Data for All » conçu pour former tous les collaborateurs à la gestion et utilisation de la donnée. Par ailleurs, L’Oréal University for Tech, Data and Analytics a dispensé 175.000 heures de formation l’an passé.
Le groupe a aussi son propre robot conversationnel interne, lancé l’an dernier : L’Oréal GPT, utilisant plusieurs grands modèles de langage (LLM), déployé pour l’ensemble des 90.000 collaborateurs pour avoir accès à diverses bases de connaissances internes : des données scientifiques, des argumentaires marketing, etc. pour trouver plus vite les bonnes informations. L’Oréal compte 20.000 utilisateurs uniques pour cet outil. Si le groupe n’a pas calculé le gain de temps, il est persuadé que L’Oréal GPT rend les collaborateurs « plus efficaces, plus rapides et plus créatifs », assure Stéphane Lannuzel.

Des outils de diagnostic avec 100 millions d’utilisateurs
Mais l’Oréal a aussi investi dans ce qui se voit pour le consommateur : le géant des cosmétiques a ainsi présenté « Beauty Genius » en début d’année , au CES, la grande messe de l’électronique grand public à Las Vegas, : un assistant de beauté virtuel pour « mettre dans la poche de chaque consommatrice une conseillère beauté », explique le spécialiste. Concrètement, il s’agit d’une application gratuite dopée à l’IA avec laquelle on peut dialoguer à partir d’une liste de questions sur le type de peau, les besoins, qui incite à prendre une photo et propose des produits personnalisés. Le lancement est prévu aux Etats-Unis en septembre, puis en France en 2025. Le groupe avait déjà lancé un diagnostic de peau à partir d’un selfie, peu après l’acquisition de ModiFace, en 2018, une société canadienne, spécialiste notamment de l’essayage virtuel de produits.

L’Oréal, comptant environ un milliard de consommateurs, a recensé plus de 100 millions d’utilisations sur l’ensemble de ses outils de diagnostic l’an dernier. « Le taux de conversation est amélioré entre 1,3 et 1,5 fois à la suite d’un diagnostic. Et, les chiffres sont encore meilleurs en point de vente puisque 70 % des consommatrices ayant fait un tel diagnostic passent à un achat de produits, précise Stéphane Lannuzel. Les consommateurs veulent des recommandations personnalisées. On est passé d’une beauté pour tous à une beauté pour chacun ».

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