Puissance automobile en pleine ascension, la Chine le doit aussi à ses chercheurs. Pas qu’à ses usines, à ses subventions étatiques et à ses coûts de production imbattables. L’Empire du milieu est le pays qui publie le plus d’articles de recherche « à impact » au monde relatifs à la voiture électrique, relève un think tank américain, l’Information Technology & Innovation Foundation (Itif) dans une étude publiée fin juillet.

Depuis 2013, les centres de recherche chinois ont multiplié par près de dix le nombre de travaux de recherche figurant dans le Top 10 des publications les plus citées dans ce domaine. Celles-ci sont passées de 20 à près de 200 en 2023, contre 150 pour l’Europe, dénombre l’Itif.
La domination de la Chine dans la fabrication de batteries – elle y détient 75 % de parts de marché – se retrouve dans la recherche. En 2023, les institutions chinoises ont publié 20 % de toutes les publications sur les piles pour voitures. Dépassant tous les autres pays en quantité, l’Empire du milieu les supplante encore davantage en qualité. Les centres de recherche chinois ont publié 65 % de la recherche à fort impact en 2023, contre 12 % pour les Etats-Unis ou encore 2,8 % pour l’Allemagne.

Batteries à bas coûts
L’explosion de la recherche chinoise dans les batteries a eu des conséquences très concrètes. L’Itif explique que cela a entraîné des progrès considérables dans la technologie à bas coût dite LFP (Lithium-fer-phosphate), que lorgnent désormais tous les constructeurs européens pour abaisser le prix de vente de leurs voitures.
Le numéro un mondial des batteries, le chinois CATL , a porté l’année dernière ses dépenses de R&D à plus de 2 milliards d’euros, employant plus de 18.000 personnes dans ce département.

Le numéro deux mondial de la même nationalité, BYD – qui construit aussi des voitures, a lui dépensé 5 milliards de dollars en recherche et développement. Cet investissement a récemment débouché sur la mise au point de ses batteries « blades » (lames, en anglais), où les cellules sont positionnées verticalement de façon très compactées.

Pluie de brevets
Les travaux de recherche et ses milliards alloués à la R&D mènent logiquement à des dépôts de brevets de plus en plus nombreux. Dans le domaine des véhicules à moteur, ils ont augmenté de 700 % en dix ans, atteignant en 2023 le niveau de l’Europe (sans l’Allemagne).

Dans les moteurs électriques, la progression est tout aussi marquante, avec 660 brevets déposés en 2023, contre 31 seulement en 2013. Grâce à ce bond de 2.000 %, la Chine a dépassé tous les autres pays, et de loin. Deuxième pays au monde dans ce domaine, l’Allemagne n’a déposé qu’un peu plus de 400 brevets.
Dans les batteries, les experts européens veulent croire que les chinois n’ont pas pris une avance impossible à combler. « Personne n’a dix ans d’avance dans le monde des batteries », insiste, comme pour conjurer la peur du péril chinois, un chercheur français. Les Européens et Américains pariant sur les batteries solides , bien plus denses en énergies que les technologies actuelles, pour l’emporter à terme sur les chinois. Mais celles-ci ne pèseront, selon les projections d’Avicennes Energy, qu’environ 10 % du marché à horizon 2035.

Copies et espionnage
Encore faudra-t-il que les Occidentaux conservent cette avance, si elle se concrétise. L’Itif prévient que le bond chinois dans l’électrique s’est aussi construit, au départ, sur la copie de technologies occidentales. Via les coentreprises que les Volkswagen, GM ou PSA ont dû créer pour s’installer en Chine.

Via, surtout, l’espionnage industriel. Et l’ITIF de rappeler l’avertissement, en 2020, du directeur du FBI, Christopher Wray : « La Chine s’est fait une priorité de voler des technologies relatives à la voiture électrique. »

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