Rien n’est évidemment définitif, puisque le projet de budget 2025 préparé par le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal devra être revu et corrigé par le nouveau chef de l’exécutif. Mais la « lettre plafond » envoyée il y a dix jours par Matignon au ministère de la Transition écologique, révélée en partie par le site spécialisé Contexte , n’augure rien de bon pour la trajectoire carbone de la France dans les années à venir.

MaPrimeRénov’ et le bonus automobile : les principaux leviers envisagés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des secteurs les plus pollueurs sont sacrifiés. Au total, selon nos propres informations, ces enveloppes seraient amputées d’environ 1,5 milliard d’euros (en crédits de paiement), par rapport au budget 2024. Elles avaient déjà subi un coup de rabot substantiel (de 1 milliard) lorsque Bercy avait annoncé 10 milliards d’euros d’économies en février.

Non-consommation de l’enveloppe
L’enveloppe attribuée à MaPrimeRénov’, prévue pour aider les particuliers à lancer la rénovation énergétique de leurs logements, serait diminuée d’environ 1 milliard d’euros – et donc maintenue à son niveau après le coup de rabot de février, à 3 milliards d’euros.
En février, le gouvernement avait justifié la chute du budget des aides par la non-consommation de l’enveloppe en 2023 et au début de 2024. La réforme de MaPrimeRénov’ engagée début 2024 pour favoriser les rénovations d’ampleur avait, il est vrai, fait plonger le nombre de dossiers, mais le rétropédalage opéré en mars avait inversé la tendance. Fin juillet, alors que 1 milliard seulement, sur les 3 prévus en 2024 , avait été consommé, les professionnels observaient un nouvel attentisme des propriétaires à engager des travaux, tant que la situation politique ne serait pas éclaircie.

L’autre grande coupe envisagée, qui risque de ralentir sérieusement la décarbonation de la mobilité, est celle de l’enveloppe consacrée au verdissement du parc automobile : elle tomberait de 1,5 à 1 milliard d’euros. Il s’agirait de réduire encore le bonus écologique (accordé aux acheteurs de voitures électriques neuves) ou de limiter le leasing social (permettant aux ménages modestes d’acquérir une voiture électrique à 100 euros par mois). Les crédits prévus sur les transports en commun seraient aussi sérieusement réduits.

Le bonus avait déjà été raboté en début d’année , et réorienté sur les personnes à faibles ressources, tandis que le succès du leasing social avait conduit le gouvernement à fermer le guichet dès février, après 50.000 commandes. L’une des mesures de campagne de Gabriel Attal , avant les législatives, consistait pourtant à doubler le nombre de dossiers correspondants en 2025.

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