Web3, es-tu là ? Les start-up des cryptos et de la blockchain, trois ans après avoir été appelées à redessiner l’avenir du web (le « 2.0 », reposant sur les réseaux sociaux), éprouvent le plus grand mal à se développer et à se financer. En tout cas, en France. Depuis le crash de la plateforme d’échange américaine FTX le 11 novembre 2022, le secteur ne cesse de perdre du terrain, selon une nouvelle étude réalisée par Invyo pour « Les Echos » portant sur le premier semestre 2024.

A peine 19 start-up cryptos françaises ont levé des fonds entre janvier et juillet, contre 29 à la même période l’année d’avant – qui se situait déjà à un niveau anémique -, soit une baisse de près de 35 %, selon ce spécialiste du traitement et de l’analyse de données dans le private equity et le capital-risque.
Certes, au premier semestre, le montant total levé dépasse celui de 2023, avec 178 millions d’euros, contre 134 millions. Mais il est boosté par deux opérations : Zama (67 millions d’euros) et Flowdesk (50 millions) – auxquelles on peut ajouter Kiln (17 millions). Tous secteurs confondus, la French Tech a stagné à 4,26 milliards levés au premier semestre, selon EY.

Un secteur trop lié au prix du bitcoin
Avec si peu de tours de table signés dans le Web3, cela suffit à doper le ticket moyen à 2,6 millions d’euros en 2024, contre un peu moins de 2 millions en 2023. Les investisseurs les plus actifs dans le secteur en cette première partie d’année sont Inovexus, Kima Ventures et Sébastien Borget avec trois deals, suivis de Bpifrance, Frst, GSR, IOSG Ventures et StarWare Industries (deux deals).
En 2023, Bpifrance à elle seule avait soutenu sept start-up cryptos, contre six pour Kima et même deux pour BNP Private Equity. A noter qu’on ne compte que quatre fonds français dans le Top 10. Désormais, les « VC » n’ont plus d’yeux que pour l’intelligence artificielle. Le secteur crypto est d’ailleurs aussi concurrencé par l’IA sur un autre front : celui des serveurs, dont certains abandonnent le minage de bitcoin au profit de l’entraînement des grands modèles de langage .

« Nous n’avons pas à rougir de nos levées mais la France est clairement en période de vache maigre », pointe Ivan de Lastours, responsable blockchain et crypto à Bpifrance. Cela fait sept ans qu’il suit le Web3 pour la banque publique d’investissement, et parle toujours de « secteur en construction ».

Toujours très – trop ? – lié au prix du bitcoin et autres devises numériques, le Web3 recèlerait nombre de cas d’usages qui nourrissent l’optimisme de ses acteurs : traçabilité (il y a des attentes en matière d’ESG), finance (BlackRock a ouvert le bal en tokenisant un fonds ), et intelligence artificielle (la blockchain serait un bon remède aux fake news sur Internet).

L’espoir du DPP en 2027
Mieux : le Digital Product Passport (DPP), qui doit imposer un passeport numérique de chaque produit commercialisé dans l’Union européenne à partir de 2027, pourrait représenter une manne pour les acteurs européens de la blockchain. Aussi, les perspectives de détente des taux directeurs avec le reflux de l’inflation pourraient également redonner de l’allant aux fonds de capital-risque.
En attendant, c’est le chemin inverse qu’empruntent certains « VC ». XAnge a ainsi discrètement mis fin à son fonds Web3 Digital Ownership cet été, d’après Sifted. Selon nos informations, il a récolté moins de la moitié des 80 millions d’euros visés et n’a finalisé aucun ticket dans le Web3 en deux ans. L’existant devrait être dilué dans un fonds plus large (XAnge 5) à partir de 2025.

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