Clash de titans de la tech sous les yeux de la Commission européenne ! Outsider du marché du cloud dominé par Amazon, Google a déposé plainte auprès de Bruxelles contre Microsoft, le numéro deux de la spécialité.

L’entreprise californienne ne taisait plus depuis longtemps ses critiques contre les pratiques commerciales de son rival de la banlieue de Seattle. Tout comme OVHcloud et d’autres sociétés européennes du logiciel, Google accuse Microsoft de profiter de sa position dominante sur d’autres marchés de l’informatique pour mieux vendre les services de sa plateforme Azure dans le cloud. Mais les concurrents européens de Microsoft avaient finalement retiré leurs propres plaintes après avoir obtenu des concessions et signé un accord avec Microsoft.

Haro sur Windows Server
Pour étoffer un peu plus le dossier Microsoft de l’antitrust Bruxellois, Google a fourbi ses armes. Il s’attaque cette fois à la façon dont Microsoft joue du succès de son système Windows Server, une brique technologique que l’on retrouve dans l’informatique de presque toutes les entreprises.
« L’une des restrictions les plus importantes a eu lieu en 2019, quand Microsoft a adopté de nouvelles conditions de licence qui ont imposé des sanctions financières extrêmement importantes aux entreprises souhaitant utiliser le logiciel Windows Server sur des clouds concurrents directs d’Azure : Google Cloud, AWS et Alibaba Cloud », indique dans un communiqué Amit Zavery, le directeur général et vice-président Google Cloud Platform. Du point de vue de Google, la manoeuvre est vue comme un frein à la concurrence, également dénoncé par les associations d’informaticiens comme le Cigref en France.

Un marché en croissance de 23 %
Elle permet aussi à Microsoft, toujours selon Google, de conserver ses clients tout en leur imposant des hausses de tarifs. En plein coeur de son conflit avec Microsoft, l’organisme représentant des fournisseurs européens de cloud, le Cispe, avait estimé que les surcoûts imposés à ses clients par Microsoft se chiffraient à un milliard d’euros pour toute l’Europe en 2022.
Le géant de la recherche en ligne souhaite que les régulateurs européens obligent Microsoft à supprimer les restrictions sur l’utilisation des services cloud de ses rivaux. « Si j’ai déjà payé pour ces licences, je devrais pouvoir les utiliser là où je le souhaite », a déclaré Amit Zavery à des journalistes à Bruxelles. « Microsoft a trouvé un accord pour répondre à des préoccupations similaires soulevées par des fournisseurs de cloud européens, alors que Google espérait que ces derniers poursuivent le contentieux. N’ayant pas réussi à convaincre les entreprises européennes, nous pensons que Google ne réussira pas non plus à convaincre la Commission européenne », indique un porte-parole de Microsoft.
La procédure de Google intervient sur un marché du cloud toujours en croissance de 23 % au dernier pointage mais en moins bonne forme qu’il y a quelques années, quand les croissances trimestrielles à plus de 40 % étaient la norme. A l’échelle mondiale, Google apparaît comme le petit poucet. Avec un peu plus de 11 % de part de marché, selon Synergy Research, il est encore loin de Microsoft (22 %) et a fortiori du champion Amazon (31 %).

De Teams à l’IA
Microsoft est aussi accusé de pratiques anticoncurrentielles sur plusieurs fronts. En avril dernier, il avait annoncé la dissociation de son application de collaboration Teams de sa suite logicielle Office . Cette décision est intervenue six mois après qu’il a décidé de vendre séparément ces deux produits phare en Europe afin d’éviter une potentielle amende antitrust de la part de la Commission européenne. Celle-ci enquêtait depuis 2020 à la suite d’une plainte de Slack, un logiciel américain concurrent de Teams.
La Commission n’a pas été convaincue et a estimé que ces changements étaient « insuffisants pour répondre à ses préoccupations et qu’il était nécessaire de modifier davantage le comportement de Microsoft pour rétablir la concurrence ». Microsoft a promis de continuer le dialogue avec Bruxelles.

Sur l’IA aussi le géant américain est scruté par plusieurs régulateurs, notamment sur ses liens avec OpenAI. Il a investi plus de 10 milliards de dollars dans la start-up derrière ChatGPT et est également le « fournisseur exclusif » d’OpenAI sur le cloud, puisque tous ses modèles algorithmiques tournent sur Azure. Sur ce sujet, Microsoft a été plutôt proactif et a dévoilé en début d’année des engagements dont celui de travailler avec tous les créateurs de modèles d’IA.

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