Le gouvernement tente de déminer la cession du Doliprane. Face au tir de barrage que suscite dans le monde politique la cession au fonds américain CD&R d’Opella, la filiale de santé grand public de Sanofi, Bercy s’active à obtenir des assurances de préservation des usines et des emplois français. La piste envisagée est d’assortir la cession d’un accord tripartite entre l’Etat, Sanofi et l’acquéreur américain.
« Les engagements que nous demandons, non seulement seront extrêmement précis, mais ils seront assortis de garanties, ils seront assortis de sanctions », a déclaré ce lundi le ministre de l’Economie, Antoine Armand, en visite à Lisieux (Calvados), dans la plus grosse des deux usines fabriquant le Doliprane. Accompagné du ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, Antoine Armand y a rencontré les salariés et syndicats d’Opella. Ils ont été accueillis par le président de Sanofi, Frédéric Oudéa, lui aussi parti en campagne pour désamorcer la polémique du passage du célèbre comprimé sous pavillon américain.
L’Elysée appuie l’opération de déminage. « On s’est beaucoup battus pour que le [principe actif du, NDLR] Doliprane soit de nouveau produit en France […], c’est un acquis […] et on va continuer. Il faut distinguer l’activité en France et la propriété capitalistique. Le gouvernement a les instruments pour que la France soit protégée », a déclaré Emmanuel Macron, lundi, lors de sa visite du Mondial de l’auto.
Marche arrière ou pas
Sanofi a annoncé vendredi choisir l’américain CD&R plutôt que le consortium mené par le fonds français PAI pour céder les 50 % de contrôle d’Opella. Mais l’entrée en négociations exclusives n’est pas encore signée. Juridiquement, le géant pharmaceutique français pourrait encore faire marche arrière, ce que le gouvernement ne lui demandera pas : soucieux de ne pas faire fuir les investisseurs américains à l’heure où il cherche à réindustrialiser la France, il souligne sa neutralité dans le dossier.
S’il ne recule pas, l’acquéreur étant non européen, la procédure de contrôle des investissements étrangers en France (IEF) s’appliquera. Cette dernière n’a pas commencé, mais « nous échangeons depuis des semaines avec les parties », assure Bercy. La procédure IEF lui permet de demander des garanties. Mais il veut la doubler d’un accord spécifique, propre au dossier Opella, signé par l’Etat, Sanofi et CD&R.
« L’objectif est d’y intégrer des engagements de quatre ordres. Le maintien en France de la gouvernance (siège et centres de décisions), de l’empreinte industrielle (usines et investissement en recherche), et la poursuite de l’approvisionnement du marché français pour quatre molécules produites ou distribuées par Opella en France et qui appartiennent à la liste des médicaments essentiels publiée par le ministère de la Santé en juin 2023 », explique-t-on dans l’entourage du ministre de l’Economie.
Quatrième et dernier engagement souhaité : le maintien de l’engagement d’Opella de s’approvisionner en principe actif français pour fabriquer son paracétamol Doliprane quand l’usine en construction par le chimiste Seqens au Péage-de-Roussillon (Isère) aura démarré, en 2026.
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