Relancées par les précédents gouvernements de manière très médiatique, les lignes françaises de trains de nuit connaissent actuellement de très sérieux ratés, pour des raisons de travaux en cours sur les voies. Au point que la SNCF doive supprimer les services en question sur plusieurs lignes, pour des semaines, voire des mois.

La grande saison des perturbations avait commencé à la mi-août, lorsque les trains internationaux opérés sur les liaisons Paris-Berlin et Paris-Vienne par l’autrichien ÖBB pour le compte de plusieurs transporteurs dont la SNCF étaient contraints de s’interrompre jusqu’au 26 octobre prochain. En cause, d’importants travaux nocturnes à mener sur les voies en France, en Champagne, comme en Allemagne sur l’axe Halle-Eisenach.

Hausse espérée de la clientèle
C’est à présent au réseau domestique de la SNCF de connaître le même sort, sur trois de ses huit lignes régulières vers les Alpes, les Pyrénées et Toulouse, également en raison d’importants travaux menés par SNCF Réseau. Au siège de SNCF Voyageurs, on prévoit toujours une fréquentation en hausse en 2024 sur le réseau hexagonal, après les 770.000 clients transportés l’an dernier et les 700.000 acheminés en 2022. Le challenge semble très ambitieux, au vu des perturbations en cours pour les Intercités de nuit, qui servent 135 destinations françaises, avec de vieux trains retapés par la SNCF.
Ainsi le Paris-Briançon roule actuellement au compte-goutte jusqu’au 6 décembre, en raison de changement de la voie à Livron-sur-Drôme, au sud de Valence. Seuls une dizaine d’allers-retours sont prévus les week-ends, et le service en semaine est remplacé par un autocar, dans des conditions de confort très dégradées.
Les fidèles de la ligne alpine devront s’attendre l’an prochain à un service par rail à nouveau amputé, avec dix semaines d’interruption de janvier à juillet, puis rebelote de septembre 2025 jusqu’à la fin de l’année.

Les moyens du bord après Toulouse
La situation annoncée par la SNCF n’est guère meilleure sur l’axe Paris-Toulouse et Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales), d’habitude servi par deux trains de nuit couplés qui se séparent à Toulouse. En raison des travaux d’aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse pour la future ligne TGV , les temps de parcours des trains seront allongés. De décembre prochain et tout au long du premier semestre, « les trains arriveront trop tard à Toulouse pour que celui à destination de Latour-de-Carol puisse s’insérer dans le flux des TER sur une ligne à voie unique », explique la SNCF. Conséquence, les gares situées entre Toulouse et Latour-de-Carol seront accessibles en correspondance TER, ainsi que pendant d’autres longues périodes après l’été 2025.
Direction le nord de Bordeaux cette fois, où des travaux de régénération sur la ligne conventionnelle empêchent le train de nuit Paris-Bayonne-Tarbes de circuler les week-ends depuis janvier dernier. Des chantiers qui ici, sont programmés pour plusieurs années. Quant à la desserte de Cerbère (Pyrénées-Orientales), à la frontière espagnole, elle a été déviée pour plusieurs années par le littoral languedocien (Montpellier, Béziers, Cerbère), pour éviter les travaux aux alentours de Toulouse, modifiant totalement les dessertes intermédiaires. Service roulant uniquement les vendredis et dimanche.
Autant de modifications de parcours qui affecteront les sommes que verse chaque année l’Etat en tant qu’autorité organisatrice à la SNCF, pour assurer ces « trains d’équilibre du territoire ». Selon la convention sur le sujet qui court de 2022 à 2031, l’Etat verse trois acomptes par an au transporteur national pendant l’année en cours, puis le solde l’année suivante. Mais lorsque la SNCF présente sa facture finale à son actionnaire, la « non-réalisation de l’offre commandée » est scrupuleusement retranchée, une somme sans doute significative en 2024 et 2025.

European Sleeper se ravise
Un climat assez peu propice au développement des convois nocturnes, surtout si l’on ajoute la grande disette budgétaire actuelle de l’Etat. Selon un rapport gouvernemental de mai 2021 , le besoin identifié était alors d’une vingtaine de lignes de trains de nuit (Savoie, etc.), en construisant pour cela 600 nouvelles voitures-couchettes neuves.
Autre conséquence indirecte de ces longues phases de chantiers : le train de nuit de la compagnie European Sleeper d’Amsterdam à Barcelone, traversant la France de part en part « commencera probablement en 2026, et non en 2025 comme prévu initialement. La société a du mal à négocier avec le gestionnaire ferroviaire français SNCF Réseau et attend également des matériels roulants », relève l’association Destination trains de nuit.

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