La Chine a-t-elle durablement distancé l’Europe et les Etats-Unis dans le domaine des drones de transport civils ? C’est la question qui se pose au vu de l’avance prise sur ce marché prometteur par le chinois Ehang. Alors que les fabricants américains et européens n’ont pas encore réussi à faire certifier des taxis volants avec un pilote à bord, l’entreprise chinoise commercialise déjà un petit aéronef électrique à décollage et atterrissage vertical totalement autonome, capable de transporter deux passagers à 90 km/h sur une distance de 30 km sans intervention humaine.

De passage à Paris où il espère pouvoir faire des vols de démonstration lors du prochain salon aéronautique du Bourget en juin 2025, le directeur des opérations d’Ehang, Zhao Wang, dresse un tableau impressionnant du chemin parcouru depuis la création de l’entreprise en 2014. Fondée par Zhao Wang et un condisciple de l’équivalent chinois de l’école polytechnique, la jeune pousse de Guangzhou fut la première à faire voler un drone autonome avec des passagers en 2018.

Six ans plus tard, l’EH216-S est le premier et le seul aéronef électrique autonome à avoir obtenu une certification de l’aviation civile chinoise et à pouvoir voler quotidiennement en Chine et ailleurs. Ehang est coté au Nasdaq et l’entreprise a déjà généré un premier petit bénéfice au deuxième trimestre (1,2 million de yuans) pour un chiffre d’affaires de 102 millions de yuans (13,23 millions d’euros).

200 appareils livrés cette année
« Nous étions deux passionnés d’aéronautique, raconte Zhao Wang. Nous avons commencé par des spectacles de mini-drones et, de là, nous nous sommes dirigés vers un modèle capable de transporter des passagers sans pilote à bord. Ehang a ainsi ouvert la voie à ce nouveau marché de la mobilité aérienne à basse altitude », souligne-t-il.
L’obtention de la certification chinoise a lancé la phase industrielle. « Depuis la certification en décembre dernier, nous avons déjà vendu 300 appareils et nous prévoyons d’en livrer environ 200 cette année, 400 l’an prochain et, à terme, jusqu’à 600 par an, indique le cofondateur d’Ehang. Nous vendons en Chine, mais aussi dans d’autres pays. Par exemple, nous avons reçu une commande de 100 appareils d’Abu Dhabi, où nous avons déjà livré 5 exemplaires. »
Nous avons déjà réalisé plus de 50.000 vols sans le moindre accident.
L’EH216-S a de quoi séduire. Vendu 410.000 dollars à l’export, il ne nécessite aucune formation au pilotage. « Cela fonctionne comme un GPS, explique son créateur. Il suffit de rentrer un point de départ et d’arrivée et l’appareil calcule l’itinéraire possible. » Plusieurs exemplaires voleraient déjà quotidiennement en Chine, notamment à Canton et dans la banlieue de Pékin, ainsi qu’à Abu Dhabi et à Dubaï. Apparemment sans problème jusqu’à présent.

Entretien automatisé
« Nous avons déjà réalisé plus de 50.000 vols sans le moindre accident », souligne Zhao Wang, qui a lui même prévu un « vertiport » à son nouveau domicile, afin de pouvoir se rendre par les airs au siège d’Ehang. Un centre de contrôle supervise la sécurité des vols. Même l’entretien est automatisé. Les appareils rejoignent automatiquement un centre de maintenance, pour y être contrôlé.
« Comparé aux appareils de nos concurrents, qui sont plus gros et nécessitent un pilote, le nôtre est le mieux adapté pour des survols de sites touristiques ou des déplacements intra-urbains », estime le directeur d’Ehang. Il peut aussi permettre des liaisons aéroports-centre-ville. En France, Ehang aurait d’ailleurs un projet de ce type avec ADP et un aéroport régional.

L’EH216 peut aussi transporter des colis (jusqu’à 250 kg), être utilisé pour les services d’urgence et même pour la lutte contre les incendies. Pour peu qu’on reste dans une autonomie aujourd’hui limité à 30 minutes de vol, à moins de 120 mètres d’altitude.

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